Comment les élus des CSE voient-ils cette présidentielle et qu'en attendent-ils ? Quels sont les points dont ils aimeraient voir les candidats débattre ? Poursuite de notre série d'interview vidéos avec le secrétaire d'un des CSE de la SNCF. Jean-Louis Chivot est préoccupé par le dumping social et le manque d'investissement dans le secteur ferroviaire, par l'épuisement des élus CSE également, mais il attend aussi que les candidats tiennent compte de la nouvelle donne issue de la crise sanitaire en imposant le télétravail aux entreprises parfois réticentes.
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Le parcours de Jean-Louis Chivot est inhabituel. Non parce qu'il est secrétaire d'un des CSE de la SNCF tout en étant délégué syndical UNSA (1). Ni davantage parce qu'il est particulièrement "fier" du TGV, "une belle réussite française" lancée...le jour de sa naissance. Mais parce qu'il est aujourd'hui titulaire d'un master en "management des ressources humaines, négociations et relations sociales" de l'université Paris Dauphine, lui qui est entré à la SNCF en 2001 avec un CAP-BEP en pâtisserie (lire notre article). Une formation de "gestionnaire" bien utile pour son mandat : être secrétaire de CSE dans un gros comité, c'est aussi se retrouver à la tête d'une PME employant 14 personnes.

Retrouve-t-il ses préoccupations de représentant du personnel dans la campagne présidentielle ? Jean-Louis Chivot estime que le monde du travail sort bouleversé de la période Covid-19, comme s'il avait subi un électrochoc, une réalité dont les candidats ne tiennent selon lui pas suffisamment compte : "J'attends des arguments véritables, pas des petites phrases". Aussi préconise-t-il pour sa part une véritable "imposition" du télétravail aux entreprises dont les postes de travail s'y prêtent.
Les conséquences sur les collectifs du travail seront durables, estime-t-il, et il va falloir apprendre à organiser de façon durable un travail hybride (mi présentiel mi télétravail). Sur le plan de la représentation du personnel, cette période a selon lui montré l'importance du lien entre les élus et les salariés. "Il faudrait davantage de représentants de proximité et sans doute davantage de commissions santé, sécurité et conditions de travail", juge-t-il en préconisant une évolution des ordonnances et des décrets sur ce point.
Le secrétaire du CSE se dit surtout soucieux des conditions économiques et sociales de son secteur d'activité. Le ferroviaire est de plus en plus ouvert à la concurrence. Quant au "contrat social" reliant les cheminots à la SNCF, il a été plus que malmené par les réformes successives. Ce statut offrait des avantages comme une retraite précoce, une évolution professionnelle possible grâce à la formation professionnelle, en échange d'un salaire bas au départ, explique l'élu qui vante les vertus du service public à la française.
Problème : aujourd'hui, les cheminots gardent leurs salaires inférieurs au privé tout en ayant perdu leurs avantages, selon Jean-Louis Chivot, ce qui explique selon lui la vague de démissions dans l'entreprise. "J'ai envie de dire aux candidats : arrêtez le dumping social ! La baisse de prix engendre une baisse des coûts mais inévitablement à terme une baisse des salaires", lance-t-il. Â l'heure de la transition climatique, il faut investir dans le ferroviaire, insiste le secrétaire du CSE : "En Allemagne, le fer représente 20% du marché du fret contre seulement 10% en France. Si on veut se comparer à nos voisins, il faut se mettre à niveau".
A ce sujet, Jean-Louis Chivot regrette, dans cette présidentielle, de ne pas entendre beaucoup parler d'écologie à propos du rail : "L'écologie n'a pas de parti, il faut sauver notre planète. Nous avons des objectifs de baisse des gaz à effet de serre mais je n'entends pas de la part des candidats un vrai discours sur l'écomobilité (..) Il faut imposer le ferroutage aux transporteurs étrangers".
(1) Le CSE SNCF dont il est question ici représente 11 000 salariés des fonctions transverses aux différentes entités de la SNCF, une structure autrefois dénommée Epic et désormais SA SNCF, basée à Saint Denis (93).
► Retrouvez ici notre précédente interview de la secrétaire du CSE de Randstad Sud-Est, Peggy Angard.
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