[Vidéo] "Le gouvernement ne s'attaque pas au chômage, il s'attaque aux chômeurs"

[Vidéo] "Le gouvernement ne s'attaque pas au chômage, il s'attaque aux chômeurs"

25.06.2019

Représentants du personnel

Accompagnés d'une centaine de militants, les leaders de la CFDT, de la CFTC, de la CFE-CGC et de l'UNSA ont manifesté hier midi aux abords du ministère du Travail contre la réforme de l'assurance chômage. Les syndicats réformistes pointent, à travers de nouvelles mesures d'économies à l'encontre des travailleurs précaires, l'absence de virage social du gouvernement.

 

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Alors que la CGT appelle aujourd'hui ses militants à des mobilisations partout en France en vue de faire obstacle à la réforme de l'assurance chômage présentée la semaine dernière par le gouvernement, les organisations syndicales réformistes (CFDT, CFTC, CGE-CGC, UNSA) ont opté hier pour une courte action d'une heure devant le ministère du Travail. "Ce n'est pas une démonstration de force par l'ampleur de la mobilisation, mais une démonstration de la force de nos arguments contre cette réforme anti-chômeurs", justifie François Hommeril, président de la CFE-CGC (notre vidéo ci-dessus). L'occasion aussi pour la centaine de syndicalistes et responsables d'associations présents d'exprimer leur mécontentement et d'inviter Muriel Pénicaud, ministre du Travail, à revoir sa copie.

"Le gouvernement stigmatise les chômeurs"
Vincent Godebout, délégué général de l'association "Solidarités nouvelles face au chômage" reconnaît d'abord l'existence d'un point positif dans la réforme à venir : "Il faut se réjouir de la volonté de mieux accompagner le demandeur d'emploi, en particulier à travers le nouveau droit à deux journées d'accompagnement intensif dans les quatre semaines suivant l'inscription à Pôle emploi. Mais se pose immédiatement la question des moyens associés pour garantir l'effectivité de cette mesure. Il y a quelques semaines, on nous annonçait une réduction des moyens de Pôle emploi. Aujourd'hui ce serait l'inverse ?". Le responsable de cette association privée, qui accompagne en permanence 4 000 demandeurs d'emploi, déplore en revanche une stigmatisation du chômeur : "Outre le véritable mattraquage des droits, le gouvernement fait peser le poids du chômage sur les chômeurs en leur expliquant que les offres d'emploi ne manquent pas. C'est tout l'inverse de notre démarche d'accompagnement des travailleurs, en binôme et dans un lieu neutre, justement pour ne pas stigmatiser. L'accompagnement dans le retour à l'emploi, c'est long. Il faut être patient, mais on ne peut pas douter de la volonté des chômeurs de retrouver un emploi".
"La réforme va exclure des travailleurs du système"
L'analyse de Benjamin Vitel, secrétaire fédéral CFDT santé-sociaux, est également négative : "Le passage de quatre à six mois de travail pour bénéficier du chômage va d'abord impacter les jeunes. J'ai connu l'époque où il fallait justifier de six mois d'activité, où à 15 jours près vous n'aviez droit à rien, ce qui obligeait à prendre n'importe quel boulot pour remplir les critères, témoigne le syndicaliste CFDT. De même, la remise en cause des droits rechargeables va pénaliser les travailleurs les plus précaires, ceux qui n'ont pas un niveau d'activité suffisant. Ces deux mesures vont donc exclure des travailleurs du système, qui auront quelles ressources pour vivre ? C'est une façon de faire peser la précarité sur la solidarité familiale. Les familles déjà en difficulté le seront encore un peu plus", déplore-t-il. L'effort exigé des employeurs, à travers le bonus-malus sur les contrats courts pour sept secteurs d'activité, apparaît alors bien dérisoire pour le responsable syndical : "Dans la mesure où mon secteur, l'action sociale, n'est pas concerné par le dispositif du bonus-malus, je peux vous assurer qu'il ne va rien se passer chez nous. Alors même qu'il y a beaucoup de contrats précaires".
"Il faut arrêter de broyer nos droits, confirme Alain Beveraggi, responsable de la fédération métaux CFTC. On ne peut plus continuer à faire marche arrière. Cette action devant les portes du ministère du Travail est importante pour rappeler au gouvernement qu'il va droit dans le mur s'il entend continuer de diriger sans les corps intermédaires".
Julien François
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