Nous poursuivons notre série d'articles sur les initiatives de CE partout en France, en partenariat avec le réseau interCE Cezam. Aujourd'hui : le CE du constructeur de bateaux Jeanneau, aux Herbiers, en Vendée. Ce comité propose de très nombreuses activités et il les fait connaître via un bulletin mensuel et un épais catalogue. L'interview de son secrétaire, Didier Grelet.
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Après le CE de l'Ifremer près de Brest (lire notre article), cap sur la Vendée dans le cadre de notre série d'articles sur les activités sociales et culturelles. Didier Grelet, élu CFDT, est depuis 11 ans secrétaire du CE de Jeanneau, une entreprise de construction nautique basée aux Herbiers, en Vendée, qui compte 1 220 personnes, dont 900 travaillent en production. Il est également secrétaire du CCE de Jeanneau, Benéteau et SPBI, une entité de 3 500 personnes. A l'origine, Didier Grelet travaillait comme charpentier mais il a maintenant un poste à l'expédition, un emploi qui prend 35% de son temps, le reste de son agenda étant consacré à son mandat de secrétaire du CE. Le CE compte 16 élus (CFDT et CGT) et travaille de façon collégiale, avec notamment une commission pour les oeuvres sociales. Ce comité, qui emploie deux salariés, gère un un budget de 245 000€ pour les activités sociales et de 66 000€ pour le fonctionnement. Nous avons demandé à Didier Grelet, qui est également administrateur du réseau interCE Cezam des Pays de la Loire, comment son CE avait élaboré le choix de ses activités et comment il les faisait connaître aux salariés. Interview.
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Nous avons cherché à développer les activités pour les familles, c'est un peu le tissu de l'entreprise qui veut cela. Nous avons de très nombreuse activités comme les locations pour les vacances, le voyage gratuit pour les enfants, les cours de natation pour les enfants et les entrées piscine pour les adultes, la subvention pour les séjours des enfants dans les centres de loisirs, la subvention pour passer le permis mer, etc. Nous avons aussi lancé un concours photo qui marche bien. Le vainqueur gagne une semaine de location en mobil-home. Et le prix littéraire de Cezam, auquel nous participons, nous a permis de monter une petite bibliothèque qui attire certains salariés : même ceux qui ne s'inscrivent pas pour participer au prix viennent emprunter les livres qui ont un prix.
Nous réalisons chaque année un journal du CE qui est un document de 68 pages, que l'on peut retrouver sur le site du CE, dans lequel nous présentons toutes les activités que nous proposons, avec également des éléments sur l'organisation du comité, ses commissions, sa gestion (*). Chaque mois, avec leur bulletin de salaire, les salariés reçoivent aussi une information sur les activités du CE (Ndlr : voir un exemple ici). Nous faisons d'ailleurs chaque mois en réunion du CE un état des lieux des comptes, pour suivre les recettes et les dépenses. Cela ne nous prend que vingt minutes et comme cela, tous les élus sont au courant.
Oui, j'ai fait évoluer depuis 4 ans cette introduction pour parler plus globalement du rôle du comité d'entreprise et de l'avenir de l'entreprise. Je sais que c'est très lu. A la fin du journal, il y aussi un espace pour les syndicats (Ndlr : CFDT et CGT) et pour le CHSCT, cela nous paraît naturel de leur donner la parole.
En fait, nous faisons régulièrement évoluer notre présentation du CE, de ses activités et de ses dépenses. Lorsque nous nous sommes formés pour la nouvelle loi sur la transparence financière des comités d'entreprise, on nous a dit que notre présentation s'inscrivait déjà dans l'esprit de la loi donc nous continuons dans ce sens, en précisant certaines activités. En 2016, nous avons fait notre réunion plénière de compte rendu des comptes du CE à l'automne, car l'exercice de l'entreprise va du 1er septembre au 31 octobre.
Autrefois, dans notre CE, on mobilisait rapidement 80 personnes en montant une sortie. A Noël, beaucoup de familles se déplaçaient, aujourd'hui, s'il y a 150 salariés, c'est bien. Même avec des tarifs attractifs et subventionnés, on ne remplit pas une activité. Comme administrateur du réseau Cezam Pays de Loire, je vois bien que beaucoup de CE ont, comme nous, du mal à réunir des participants pour des activités communes.

La solution que nous avons trouvé pour notre CE, c'est de multiplier les activités pour proposer des choses très différentes au personnel, afin de toucher davantage de personnes différents. Nous avons ainsi repris la pêche en mer que nous avions abandonné, les sorties karting pour toucher les jeunes, nous faisons aussi des choses pour les étudiants. Car on le voit bien : nos activités attirent les gens d'un certain âge. La quinzaine de personnes qui sont parties en Martinique avaient en général plus de 50 ans. Il y a chez eux une habitude du collectif qu'on ne trouve pas chez les jeunes. Il nous faut trouver la bonne formule pour les toucher. Et même dans une entreprise qui compte beaucoup de salariés sur le même site, il ne nous est pas si facile d'entrer en contact avec eux. Heureusement, il y a les permanences du CE. Il y a 6-7 ans, nous avions fait une enquête sur les attentes des salariés mais cela n'avait guère été probant : soit ils étaient satisfaits par ce que propose le CE, soit ils voulaient plus de pouvoir d'achat. Bien sûr, les chèques-vacances attirent les gens, mais on ne peut pas s'en contenter.
Etre prudent et bien réfléchir avant de lancer une nouvelle activité car après, c'est très difficile de faire machine arrière, de supprimer une activité, un budget et une subvention. Ensuite, c'est bien de faire partie d'un réseau. Si nous sommes au Cezam, c'est aussi par solidarité car nous, nous avons deux salariés et nous pouvons organiser des choses tout seuls, mais ce n'est pas le cas des petits CE qui ont besoin d'aide et de mutualisation. Du reste, nous faisons aussi de petites gestes solidaires : par exemple, les intérêts des sommes bloquées pour les chèques-vacances sont versés à une oeuvre humanitaire.
Si cette instance unique avait les moyens de bien fonctionner, pourquoi pas ? Mais le risque est de voir les mandats concentrés sur quelques personnes, et ce ne serait pas forcément mieux.

Je suis secrétaire du CE et je n'ai pas envie d'être DP ou membre du CHSCT, car je n'aurais pas le temps de faire un bon travail. Maintenant, ce qui me fait surtout réagir dans cette campagne, c'est plutôt ce que j'entends sur une retraite repoussée à 65 ans. Ceux qui font cette proposition ne se rendent pas compte de ce que cela signifie pour un ouvrier qui travaille à la production : chez nous, beaucoup de salariés se retrouvent avec des incapacités même avant 55 ans. La pénibilité était sans doute pire avant, mais les cadences et la pression se sont accrues".
(*) Le document précise ainsi que, sur 242 183 euros de dépenses d'activités sociales et culturelles, les chèques du CE (chèques Cadhoc, chèques-vacances et crédits sports-culture) ont représenté 108 593€, les locations 68 000€, les voyages et week-end 14 600€, etc., et indique aussi le nombre de salariés bénéficiaires par activité (70 familles pour les subventions centre de loisirs, 786 salariés pour le sport-culture, 777 salariés pour le complèment chèque-vacances, 212 familles pour la location, etc).
Cezam en Pays de la Loire : 800 CE et 195 000 salariés |
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Le réseau Cezam en Pays de la Loire, qui emploie 65 salariés, regroupe environ 800 comités d'entreprise, soit 5 000 élus CE, ce qui représente pas moins de 195 000 salariés. Dans cette région dont les contours administratifs n'ont pas changé (Loire-Atlantique, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire et Vendée), le réseau inter-CE bénéfice d'un tissu économique dynamique, tiré par la locomotive de la métropole nantaise. "Mais ce n'est pas Nantes et le désert autour, attention ! Il y a de gros bassins d'emplois aux Herbiers, en Vendée (Ndlr: comme Jeanneau, voir ci-dessus), au Mans, à Angers. Nous avons des entreprises de plus de 1 000 salariés qui génèrent un tissu de PME et TPE important", nous explique Jean-Bernard Desmonts, le directeur général du réseau régional. Ainsi, 80% des adhérents de Cezam Pays de la Loire sont des CE appartenant à des entreprises de mois de 300 salariés. Ces CE vont-ils basculer en DUP élargie, avec regroupement du comité, des DP et du CHSCT ? "Dans les trois ans qui viennent, c'est bien possible que beaucoup basculent en DUP, il n'y a qu'à entendre les élus parler des difficultés qu'ils ont à trouver des candidats pour les listes", confie Jean-Bernard Desmonts. Le réseau répond à la diversité de taille des comités en proposant aux gros CE, qui ont les moyens de gérer seuls leurs activités, des conseils et un appui qualitatif, et davantage d'aide �� l'organisation et de mutualisation, voire de solutions clé en main pour les CE plus modestes. Côté fonctionnement et rôle économique de l'instance, signalons qu'à l'automne prochain, le réseau va reconduire l'observatoire organisé en novembre 2016 sur les transformations des organisations et leurs conséquences sur le dialogue social dans les entreprises. Côté activités sociales et culturelles, Cezam organise en mars l'opération "mois de la culture" qui vise à favoriser l'accès des salariés aux événements culturels (théâtre, marionnettes, festivals, cinémas, etc.). "En partenariat avec une soixantaine de salles de spectacles de la région, explique le directeur, nous proposons de nombreuses activités comme la visite des coulisses, la rencontre d'artistes". |
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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