"La conférence familiale met en avant le pouvoir d'agir"

"La conférence familiale met en avant le pouvoir d'agir"

19.04.2019

Action sociale

Le département de la Gironde a organisé un colloque européen sur les conférences familiales, une forme de travail social assez nouvelle en France. Ces conférences permettent de mobiliser autour d'une difficulté particulière les réseaux familiaux ou de proximité pour trouver des solutions. Les explications de l'élue Martine Jardiné.

Le 11 avril, le département à majorité socialiste de la Gironde organisait un colloque intitulé "Les conférences familiales, trouver une solution collective à une difficulté sociale". L'occasion de présenter une démarche encore peu répandue en France en s'appuyant notamment sur des expériences européennes. Martine Jardiné, vice-présidente du conseil départemental chargée de l'habitat, du logement et du développement social, explique l'intérêt pour un département de mettre en place des conférences familiales.

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tsa : Comment en êtes-vous arrivés à vous intéresser aux conférences familiales ?

Martine Jardiné : Depuis plusieurs années, le département s'est mobilisé autour de l'objectif de repenser le travail social. La question du pouvoir d'agir des personnes accompagnées est pour nous centrale. Des conseillères techniques en travail social sont présentes pour accompagner les travailleurs sociaux. En Gironde, la politique d'action sociale est organisée autour de neuf pôles territoriaux qui gèrent 37 antennes de la maison départementale.

 

Concrètement, comment s'est décliné votre priorité ?

Notre plan d'action prévoit de diversifier les pratiques professionnelles et de promouvoir des démarches participatives dans le cadre du développement social. Nous avons ainsi mené des actions phares en matière d'accompagnement social, de soutien aux actions collectives, d'intercommunalité, de jardins familiaux, d'épiceries solidaires... C'est dans ce cadre que nous avons commencé à expérimenter les conférences familiales.

 

Pouvez-vous nous expliquer le principe de ces conférences ?

Il faut savoir que ce principe de conférence est une tradition qui nous vient du peuple maori en Nouvelle Zélande. Cette démarche est très souvent pratiquée en Australie, aux Etats-Unis et dans certains pays d'Europe. Elle est même intégrée dans la législation de certains pays. En France, deux autres départements, l'Ardèche et le Nord, ont déjà expérimenté les conférences familiales.

 

Mais alors en quoi cela consiste ?

Les conférences familiales ont pour but de traiter une situation sociale spécifique : violences conjugales, maltraitance, situation d'un parent handicapé et/ou âgé, problème scolaire (harcèlement...), etc. Elles rendent les familles actrices des propositions d'accompagnement. Il s'agit de mobiliser les capacités d'une famille et celles de son réseau social pour trouver des solutions.

 

De façon très concrète, comment cela s'organise ?

La conférence est préparée avec la famille ou l'individu à l'aide d'un coordinateur neutre et indépendant. La famille indique les membres de son entourage, les proches, les voisins qu'elle souhaite inviter à cette conférence. Le coordinateur anime la conférence pour aider les participants tels que la famille, les enseignants des enfants ou encore les amis à identifier les difficultés. Puis vient le temps de la délibération où professionnels et coordinateur quittent la réunion pour laisser la famille et les proches trouver les solutions. Dans un dernier temps, le coordinateur consigne un plan d'action.

 

Cette pratique a fait l'objet d'un programme européen Erasmus +. Pour quoi faire ?

Pendant deux ans, nous avons conduit un programme d'échanges avec le Royaume Uni, l'Allemagne et la Bulgarie. Une cinquantaine de professionnels et d'élus de la Gironde se sont rendus sur les différents sites pour voir l'usage qui était fait des conférences familiales. A Leeds (Angleterre), 600 conférences sont organisées chaque année. Entre 2013 et 2015, les services sociaux ont enregistré 20 % de placements en moins. A Sofia, les conférences familiales concernent essentiellement des personnes âgées (sur des questions d'isolement et de difficultés avec les enfants) et les familles Rom. A Berlin, la priorité a été mise sur les enjeux d'insertion. Résultat : la moitié des personnes accompagnées ne se rendent plus dans les services sociaux.

 

Et vous, en Gironde, qu'avez-vous fait ?

Nous avons expérimenté les conférences familiales sur le territoire de l'une de nos antennes. Six conférences ont donc eu lieu et ont permis d'éviter deux placements d'enfants. Je précise que cette démarche n'empêche pas, si besoin, de faire des signalements. Maintenant, nous allons aller beaucoup plus loin. Un guide de bonnes pratiques s'appuyant sur l'échange Erasmus+ sera édité. Dans tout le département, les conférences familiales seront mises en place, appuyées par un vaste plan de communication. Enfin, un réseau interdépartemental va se constituer avec tous les départements qui entendent se lancer dans cette démarche.

Propos recueillis par Noël Bouttier
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