115 : un peu moins de demandes, beaucoup plus de femmes

115 : un peu moins de demandes, beaucoup plus de femmes

04.05.2016

Action sociale

L'hiver 2015-2016 a enregistré un peu moins de demandes d'hébergement et de prestations, selon le baromètre du 115 réalisé dans 45 départements. Pour autant, le taux de non-réponses n'a pas diminué. Et surtout, la proportion de femmes a augmenté pour s'établir à 10 % de la population. Le recours à l'hôtel est en recul, sauf à Paris entre autres.

Peut-on dire qu'en matière d'hébergement d'urgence les choses s'améliorent ? Au vu du bilan sur l'hiver 2015-2016 de l'activité du 115 dans 45 départements, la réponse n'est pas aisée à donner. De prime abord, la situation semble plutôt meilleure. Comparativement à l'hiver antérieur, le nombre de demandes d'hébergement a diminué de 4 %. Cela représente tout de même plus de 442 000 demandes formulées par plus de 66 000 personnes.

Tous les départements ne sont pas logés à la même enseigne

Pour autant, rien n'est simple. Le baromètre du 115 coordonné par la Fnars note des évolutions contrastées au cours de l'hiver. En décembre et janvier, période où le plan hivernal fonctionne à plein, les demandes se réduisent alors qu'elles reprennent leur ascension en mars quand les premières structures ferment leurs portes ou réduisent leurs capacités. La fin de la gestion au thermomètre, maintes fois annoncée, n'est pas encore à l'oeuvre. Sur un plan géographique, la tendance à la baisse ne se vérifie pas partout. Une petite moitié de départements enregistre des demandes à la hausse, la plus forte se manifestant dans les Alpes-Maritimes avec un triplement de celles-ci (sans doute en lien avec l'afflux de réfugiés).

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De plus en plus de demandes de prestations

Si les demandes d'hébergement décroissent, celles de prestations connaissent une évolution inverse : + 16 %. De quoi s'agit-il exactement ? Ces demandes concernent les aides alimentaires, les soins, l'hygiène ou le passage des maraudes. Par rapport à l'hébergement, ces sollicitations sont encore très minoritaires : moins de 55 000. Mais dans certains départements, elles font jeu égal avec le volet logement. "Cette hausse, estime le document, traduit une dégradation sociale de la situation des personnes et interroge, en période hivernale, l'adaptation des dispositifs d'hébergement et la capacité des structures temporaires à répondre aux besoins des personnes."

Loi santé du 26 janvier 2016

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Des femmes seules plus nombreuses et plus jeunes

Dans le même temps, une autre évolution ne lasse pas d'interroger. La seule population qui sollicite de plus en plus le 115 est celle des femmes seules. D'un hiver sur l'autre, celle-ci a augmenté de 13 %. Désormais, plus d'un demandeur sur dix est féminin. L'étude note d'ailleurs que les 7 500 femmes seules qui se sont manifestées auprès du 115 sont proportionnellement plus jeunes que les autres demandeurs. 28 % d'entre elles sont âgées de moins de 25 ans alors qu'en moyenne, cette tranche d'âge ne constitue que 16 % de l'échantillon.

Le taux de satisfaction ne s'améliore pas

Dans ce contexte de légère décrue du nombre de demandes, on pourrait s'attendre à une amélioration du taux de satisfaction. Il n'en est rien. Pendant cet hiver, les demandes non honorées (57 %) ont été plus nombreuses que celles satisfaites. Autre tendance peu flatteuse : les séjours d'une nuit représentent 80 % des attributions (contre 77 % l'hiver précédent). Cela oblige les sans-domicile à renouveler incessamment leur demande d'une nuit sur l'autre, ce qui peut avoir tendance à les décourager de solliciter le 115. 

L'hôtel en fort recul

D'autre part, et c'est une tendance positive, le recours à l'hôtel s'est réduit cet hiver, comme l'a souhaité le plan gouvernemental lancé début 2015. Il ne représente plus que 23 % des attributions, marquant un recul de 16 %. Cependant, ce type de solution est encore proposé par le 115 à une famille sur deux. Cette baisse globale des nuitées en hôtel n'est pas constante. Dès que des hébergements temporaires ferment, elles ont tendance à repartir à la hausse. Ce qui fait dire à la Fnars que l'hôtel constitue une "possible variable d'ajustement". 

La situation particulière de Paris

Le recul de la solution hôtelière ne s'observe pas partout. Dans une dizaine de départements, elle augmente au contraire. C'est notamment le cas à Paris (qui ne fait pas partie des 45 départements du baromètre) où ce type d'hébergement a progressé de près de 20 %. Dans le même temps, les centres d'hébergement d'urgence ont vu leurs capacités se réduire. Le contexte parisien est, il est vrai, particulier. Du fait de l'augmentation des demandes des familles et des femmes seules, les sollicitations du 115 continuent à augmenter. Commentaire du baromètre : "L'augmentation du recours à l'hôtel interroge la capacité du plan de résorption des nuitées hôtelières à développer des alternatives sur les territoires tendus."

Noël Bouttier
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