A Dublin, les travailleurs sociaux à la recherche du développement durable

A Dublin, les travailleurs sociaux à la recherche du développement durable

17.07.2018

Action sociale

Les trois structures internationales du travail social viennent de consacrer une conférence, en Irlande, sur la prise en compte de l’environnement par les professionnels. Du changement climatique jusqu’aux conditions de logement, les préoccupations peuvent être larges, mais aussi diverses selon les pays.

En France, quel titre aurait pu être donné à cette conférence organisée à Dublin, en Irlande, du 4 au 7 juillet dernier, « Environmental and community sustainability » ? « Un environnement et une communauté durables » ? Pourquoi pas, mais le concept même de « communauté », ici, attiserait des polémiques, qui ne divisent guère les anglo-saxons… Avec ce même slogan, pour la journée mondiale du travail social, le 20 mars dernier, une traduction plus rassembleuse avait été diffusée par l’Anas : « La communauté humaine et le développement durable… » De quoi fédérer plus largement, sans doute ; mais sans doute la formule altérait-elle le propos initial de la Fédération internationale des travailleurs sociaux (IFSW).

« Agenda global »

Ces subtilités de traduction suggèrent toute la difficulté à réunir les travailleurs sociaux du monde entier autour d’un « développement durable », alliant  progrès économiques, sociaux et écologiques. Cette noble ambition réunit pourtant depuis huit ans au moins les trois organisateurs de cette Conférence de Dublin : l’IFSW, donc, mais aussi l’Association internationale des écoles de travail social (IASSW) et le Conseil international d’action sociale (ICSW). Dès 2010, en effet, les trois organisations avaient intégré cette approche dans leur « Agenda global pour le travail social et le développement social », lancé pour la décennie. Ainsi, après avoir d’abord promu « les égalités sociales et économiques », puis « la dignité et la valeur des populations », le moment était venu, dès 2016, pour ces travailleurs sociaux féd��rés, d’œuvrer à « une communauté et un environnement durables » (avant un quatrième « pilier » de l’Agenda global, qui sera, lui, consacré aux « relations humaines »).

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Un appel à contributions a ainsi été relayé à travers les cinq continents, et le résultat final a pu en être présenté à la Conférence de Dublin : un épais rapport « pour des communautés et un environnement durables ». Son introduction, en anglais, rappelle que « le lien entre bien-être et environnement physique était déjà évident » pour nombre de pionniers du travail social au XIXème siècle. Et pourtant, ce rapport est trop souvent ignoré désormais, dans le travail social occidental. Dès lors, « en explorant ces thèmes, la profession redécouvre aussi ses racines – et le fait que le travail social doit avoir une approche holistique », est-il donc plaidé.

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Ce rapport de 260 pages, à vrai dire, est loin de pulluler de pratiques autour de l’écologie. Les exemples rapportés d’Europe, pour leur part, ont bien plus à voir avec des « communautés durables » - avec notamment la marche contre l’austérité organisée par l’Association britannique des travailleurs sociaux (BASW), ou encore l’expérimentation du revenu de base menée en Finlande… En revanche, des mobilisations de professionnels face au  changement climatique sont bel et bien rapportées du Ghana, ou du Népal. Et globalement, ce dérèglement du climat contribue bel et bien aux migrations actuelles, « qui affectent la pratique du travail social de nombreuses manières, aussi bien personnellement que professionnellement », écrivent encore les rapporteurs.

Dix-sept objectifs de l’Onu

Au fil de la conférence de Dublin, de même, a pu être abordé ce rôle des travailleurs sociaux pour le développement durable. Par exemple Ana Isabel Lima Fernández, la présidente de l’IFSW pour l’Europe (1), a pu détailler précisément comment les professionnels pouvaient contribuer aux dix-sept objectifs adoptés par l’Onu. La « lutte contre la pauvreté » et « l’égalité de genre », évidemment, relèvent déjà de leurs missions ; mais ils peuvent également œuvrer pour l’environnement, notamment en changeant « les valeurs de l’individualisme et du consumérisme pour celles de la communauté et de la vie ».

Converger

Egalement présente à Dublin, Céline Lembert, la secrétaire nationale de l’Anas, retient elle-même de la conférence « cette idée que la problématique des personnes se travaille également par leur environnement physique - non seulement à travers la nature, mais aussi par leur logement, ou par leur voisinage ». Mais elle aussi constate que d’Abidjan à New York en passant par Copenhague, les terminologies, comme les perceptions, diffèrent. « Nous ne partons pas tous du même point de départ, mais l’idée est de converger vers les mêmes questions, en lien avec le développement durable. » Et si possible avec de bons interprètes.   

 

  1. Une nouvelle présidente pour l’ensemble de l’IFSW a été élue à Dublin : l’Argentine Silvana Martinez.

 

Olivier Bonnin
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