Le collectif Alerte a lancé le 7 février sa plateforme de propositions à l'intention des candidats. Son objectif : obtenir des engagements chiffrés de la part des présidentiables, afin de réduire les causes de la pauvreté et changer le regard de la société sur l'exclusion. Parmi la kyrielle de mesures présentées, le revenu minimum de 850 euros, sous condition de ressources.
Cette fois, les nombreuses associations et fédérations des secteurs social et médico-social ont retenu la leçon de 2012 (lire notre article). Elles parlent à présent d’une seule voix, en direction des candidats. Leur collectif, Alerte, vient de lancer sa plateforme de propositions. L’objectif : engager les candidats sur des mesures de lutte contre l’exclusion programmées et appliquées dès le début du mandat. Mais pas seulement. « Nous attendons des candidats qu’ils prennent des positions et des engagements qui favorisent un changement de regard à l’égard des personnes en situation de pauvreté, qu’elles soient ou pas, migrantes, réfugiées, demandeurs d'asile, Roms. »
Graver la lutte contre la pauvreté dans le marbre législatif
Concrètement, le collectif plaide pour que soit mis en place un nouveau plan de lutte contre la pauvreté, au niveau interministériel. Il se traduirait par une loi de programmation financière sur cinq ans. Pour l’heure, Alerte propose une méthode – prévenir la pauvreté plutôt que seulement y réagir – et cinq grands axes politiques, sur les minima sociaux, la formation, le social, le logement et la santé. « Le moment est venu de changer d’échelle dans la lutte contre la pauvreté ; il est nécessaire de s’attaquer aux causes de la pauvreté et pas seulement à ses conséquences sur la vie des personnes ».
Des rencontres avec les candidats, encore aucun engagement
Le collectif a-t-il déjà rencontré les candidats ? « Nous menons déjà un travail technique avec les équipes d’Emmanuel Macron et de François Fillon. Nous allons bientôt rencontrer celles de Benoît Hamon. Nous avons constaté que les équipes de campagne de ces candidats avaient déjà travaillé sur les questions que nous abordons, mais ils ne s’engagent pas », expliquent Christophe Robert, délégué général de la fondation Abbé Pierre, et François Soulage, président d'Alerte. Parmi les candidats, Alerte ne rencontrera pas les équipes de Marine Le Pen, leurs positions respectives étant jugées inconciliables.
Un revenu minimum de 850 euros, sous condition de ressources
Le programme de propositions du collectif intitulé « Pour une société bienveillante, fraternelle et solidaire » recense de multiples propositions en vingt-sept pages, qui s’apparentent à un programme présidentiel. Parmi elles, retenons la réforme des minima sociaux. Celle-ci diffère de la proposition de revenu universel d’existence de Benoît Hamon car centrée sur la valeur « travail ». Ce revenu minimum, de 850 euros, s’appliquerait dès 18 ans mais sous condition de ressources, pour aboutir à un revenu minimum garanti. Elle serait assortie d’un accompagnement renforcé vers l’emploi et de référents de parcours.
Pour une conférence de consensus sur l’accompagnement global
Parmi les autres demandes du collectif, citons également la mise en place de la garantie universelle des loyers, la création d’une offre de logements dignes, qui supplante la politique actuelle d’hébergement, la revalorisation de l’allocation logement (APL), le renforcement de la sécurité sociale, à l’inverse de la proposition de privatisation partielle de certains candidats tels François Fillon et Benoît Hamon (ce dernier n'exclut pas de recourir aux mutuelles pour financer la dépendance), et le maintien des PMI comme outil de réduction des inégalités sociales. Pour réaliser ces différentes propositions de réforme sociale, Alerte demande que soit organisée, dans le domaine du travail social, une conférence de consensus sur la notion d’accompagnement global. En effet, plaide le collectif, « il faut absolument obtenir un véritable consensus sur le contenu et les formes de l’accompagnement vers l’autonomie ».