Anahi Galante, 53 ans, travailleuse sociale new-yorkaise

Anahi Galante, 53 ans, travailleuse sociale new-yorkaise

19.02.2016

Action sociale

Le travail social soulève-t-il les mêmes problématiques partout dans le monde ? TSA s'est intéressé au quotidien des travailleurs sociaux hors de France. Anahi Galante quitte l'Argentine pour New York dans les années 1980. En découvrant cette femme aux mille et une vies, il y a une chose que l’on retiendra forcément : Anahi sait se battre, pour elle-même et pour les autres.

Avant d’obtenir son diplôme en travail social à l’université de New York en 2012, Anahi Galante a consacré 30 ans de sa vie à la danse, partagée entre Buenos Aires et New York.

Le social ? On ne peut pas vraiment dire qu’elle soit tombée dedans étant petite mais Anahi s’est toujours battue pour les causes qui lui tenaient à coeur. « J’ai survécu à la dictature en Argentine, et cela marque à vie, je suis une survivante », explique-t-elle, sans vouloir approfondir cette partie de son histoire. « En y repensant j’ai toujours eu les valeurs du travail social dans la peau », sourit-elle.

Son premier combat commence dans les années 1980 quand elle arrive à New York pour danser. Le machisme ambiant la déconcerte : « Dans mon milieu en Argentine cela n’existe pas, j’étais réellement choquée de voir comment les femmes, toutes les femmes étaient considérées ici, donc j’ai commencé à militer activement pour le droit des femmes. » Malgré cela Anahi se plaît dans cette ville et s’y installe définitivement en 1993 pour y faire sa vie. Elle obtient son visa de travail, monte sa propre troupe de danse, et rencontre ses trois maris dans la ville qui ne dort jamais.

Aider les autres pour s’aider soi-même

Mais à la fin des années 1990, le monde d’Anahi s’écroule en l’espace de quelques mois. « Je me suis blessée le dos lors d’une performance, j’ai fait deux ans de rééducation sans relâche, mais ma carrière de danseuse était finie », dit-elle avec mélancolie. Deux mois plus tard son mari la quitte pour une autre femme. Alors, pour ne pas « devenir folle », Anahi se tourne vers l’église. Mais pas n’importe quel type d’église « j’ai rejoint l’église épiscopale, et j’ai donné tout mon temps pour les bonnes œuvres, c’est une église extrêmement libérale aux Etats-Unis ». « Libérale », un doux euphémisme, puisque l’ex-danseuse anime désormais des groupes de soutien et de parole pour des personnes LGBT qui subissent des discriminations du fait de leur orientation sexuelle, que ce soit au travail, dans le cercle familial, etc. Elle fait de la défense des droits des personnes homosexuelles sa nouvelle bataille ; elle devient administratrice de l’église et célèbre même des mariages spirituels entre couples de même sexe.

Se battre encore… pour apprendre

Comme tous les New-Yorkais, Anahi a été fortement marquée par les attentats du 11 septembre 2001. Pour elle, ce jour représente surtout le tournant d'une nouvelle vie : « Je me suis portée volontaire pour devenir bénévole à la Croix-Rouge et venir en aide aux familles des victimes, je les aidais à rechercher leurs proches, j’essayais de les soutenir de mon mieux dans cette épreuve. Après une semaine je me suis dit que c’était ce que je voulais faire pour le restant de mes jours. » C’est donc à 50 ans que l’ancienne danseuse entame des études pour devenir travailleuse sociale. Cela n’a pas été simple, « j’avais évidemment un travail alimentaire, je continuais mon bénévolat à la Croix-Rouge et à l’église et je faisais mes cours en ligne… je n’avais pas assez de temps dans une journée ! J’ai dû freiner un temps parce que j’avais perdu mon travail, une fois encore j’ai vraiment dû me battre pour y arriver ». Mais après sept ans d’études à distance, et en continuant toutes ses activités, elle obtient son diplôme en travail social en juin 2012 à l’Université de New York.

Vers des soins palliatifs adaptés au handicap

Aujourd’hui, Anahi travaille dans un centre d’accueil de jour pour personnes âgées souffrant de handicap mental. Le centre est entièrement financé par l’Etat et accueille uniquement des personnes âgées et défavorisées, « tous nos participants bénéficient du Medicaid* », indique-t-elle. Anahi anime trois groupes d’expression par jour, son expérience d’artiste lui sert toujours dans ces moments d’échange : « J’utilise le dessin, la danse ou la méditation. Cela part souvent d’une couleur ou de musique, et j’adapte les activités en fonction des possibilités de chacun. » Fidèle à elle-même, Anahi s’est lancée dans un nouveau combat : « Beaucoup d’usagers se font hospitaliser à un moment ou à un autre, et malheureusement, souvent, on ne les revoit pas. Or, dans les hôpitaux il n’y a pas d’unité de soins palliatifs adaptée pour les personnes handicapées mentales, et les médecins ne connaissent pas les angoisses particulières de nos usagers. » Anahi a donc proposé de créer un service palliatif au sein du centre pour les usagers, ou au moins, dans un premier temps, de réserver une journée dans la semaine dédiée aux visites des participants hospitalisés. « Je ne veux pas qu’ils soient seuls face à la mort, je veux plaider leur cause, d’abord au niveau du centre puis au niveau national. »

* Le Medicaid est une couverture santé financée par l’Etat qui s’adresse aux plus de 65 ans dont les ressources sont insuffisantes pour leur permettre de payer une assurance privée.

 

 

Relire tous les portraits déjà publiés, dans notre dossier "Le travail social au-delà des frontières".

 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

Découvrir tous les contenus liés

Loi santé du 26 janvier 2016

Morceaux choisis d'un texte aux multiples facettes

Je télécharge gratuitement
Diane Forin
Vous aimerez aussi

Nos engagements