Autonom@dom, vers un nouveau modèle d’organisation à domicile

Autonom@dom, vers un nouveau modèle d’organisation à domicile

22.04.2016

Action sociale

Dans l’Isère, une plateforme de services dédiée aux personnes en perte d’autonomie se déploie depuis 2015 pour faciliter le maintien à domicile. Elle se donne deux ans pour remettre à plat le financement et la coordination des aides à domicile. Le projet est suivi de près par d’autres départements.

Si 85 % des personnes en perte d’autonomie demandent à rester au domicile, le respect de leur volonté se heurte bien souvent aux clivages toujours vivaces entre secteurs du soin et du social. D’où l’idée, testée depuis 2015 à Grenoble sous la houlette du conseil départemental de l’Isère, de s’appuyer sur les nouvelles technologies pour décloisonner l’organisation et le financement des aides à domicile. Baptisé Autonom@dom (1), le dispositif mis en place se présente comme une plateforme d’information et d’orientation, mutualisée entre tous les partenaires du domicile, couplée à un bouquet de services humains et techniques. « L’objectif est la vie à domicile en toute sécurité. Pour cela, Autonom@dom installe une coordination autour de la personne malade ou vieillissante grâce aux partages d’informations rendu possible par les technologies, mais aussi, et surtout, grâce à une nouvelle façon de penser l’intervention », explique Laura Bonnefoy, vice-présidente chargée de la dépendance et des handicaps au conseil départemental de l’Isère.

La technologie au service d’un projet

Concrètement, un usager d’Autonom@dom peut contacter la plateforme par téléphone ou internet 7 jours sur 7, en bénéficiant d’informations, de conseils, voire d’un coaching téléphonique personnalisé. Le déploiement d’objets connectés dans son habitat (tensiomètre connecté, balance connectée, téléalarme) lui permet également de bénéficier d’un télésuivi médical et d’une téléassistance pour couvrir toute urgence. Côté professionnel, un cahier de liaison numérique accessible depuis une tablette autorise un suivi individualisé. Chaque acte de soin ou d’accompagnement pratiqué au domicile, compte-rendu d’appel de téléassistance, données de téléalarme ou des objets connectés, vient enrichir un fil d’actualités accessible aux différents intervenants selon des procédures de partage de l’information. Enfin, conçu dans un souci d’ouverture, le système d’information d’Autonom@dom est susceptible de se coordonner avec d’autres systèmes existants, notamment de l’État ou de l’agence régionale de santé.

Action sociale

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Un test auprès de 500 personnes

Jusqu’en 2018, les services de la plateforme vont être évalués auprès de trois groupes d’usagers en perte d’autonomie (personnes âgées à risque de chute, insuffisants cardiaques, patients ayant un traitement en oncologie à domicile), soit environ 500 personnes dont le domicile sera équipé en fonction des pathologies. Chaque bénéficiaire sera suivi par un intervenant « sentinelle », spécialement formé pour coordonner les données remontant du système d’information et, si besoin, adresser depuis sa tablette des alertes aux professionnels compétents.

« Il ne s’agit pas avec Autonom@dom de tester une innovation technologique, mais de tester une innovation organisationnelle et un modèle économique », précise Véronique Chirié, directrice du technopole Alpes santé à domicile et autonomie (Tasda), un organisme de recherche qui assiste la mise en œuvre du dispositif.

Loi santé du 26 janvier 2016

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Un modèle reproductible

Les conclusions qui seront tirées à l’issue de cette phase suscitent de grands espoirs. « Le modèle en train d’être construit chez nous a pour ambition d’être reproductible ailleurs. D’une part, en générant des économies en soins, notamment par la réduction des journées d’hospitalisation. D’autre part, en parant aux syndromes de glissement si fréquents au domicile et en évitant ou en retardant le plus possible les entrées en établissement », explique France Lamotte, directrice de l’autonomie au département de l’Isère.

Une boucle vertueuse qui rejoint les logiques d’économies sur l’enveloppe hospitalière prônées par les pouvoirs publics, mais qui pourrait également intéresser au plus haut point les mutuelles et les assureurs, engagés en ordre dispersé dans des actions de prévention.

Vers un pot commun des financeurs

Ce qui pourrait alors ressortir en 2018 du creuset grenoblois s’apparente ni plus ni moins à la création d’un pot commun de l’aide à domicile. Financeurs institutionnels de l’aide et du soin, caisses de retraite, bailleurs sociaux pour les mesures d’adaptation de l’habitat, mutuelles, assurances : « chacun avec son optique et ses besoins co-finance un dispositif fédérant l’ensemble des partenaires, avec l’effet de centraliser et d’harmoniser les actions sur une même plateforme », résume France Lamotte.

D'autres départements intéressés

L’expérimentation est suivie avec attention par un grand nombre de départements. Quelques-uns, comme la Moselle et la Seine-Maritime, s’en sont déjà inspirés pour entamer un travail sur les objets connectés. Les acteurs grenoblois se disent quant à eux conscients que leur création ne sera viable qu’à grande échelle. « Si la nécessité de développement est impérieuse pour les industriels qui nous accompagnent, il en va de même pour les départements. Plus nous seront nombreux à financer ces outils, moins ils couteront à la collectivité », assure la vice-présidente Laura Bonnefoy, en annonçant la création prochaine d’un groupe de travail national au sein de l’Assemblée des départements de France.

 

(1) L'initiative est soutenue par la sécurité sociale, la caisse des dépôts et de consignations, l’ARS, la Carsat Rhône-Alpes et les caisses de retraite complémentaires (AG2R La Mondiale et Apicil). La dimension technologique est prise en charge par un consortium regroupant��Altran, Orange Healthcare et Inter Mutuelle Assistance.

 

Retrouvez nos précédents articles sur le défi des NTIC dans le travail social.

Marc-Michel Faure
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