En plein démantèlement de la jungle de Calais, la Fnars publie les résultats d'une enquête réalisée auprès des centres d'accueil et d'orientation, chargés de désengorger les camps de migrants. Trois mois après leur ouverture, il apparaît que les CAO ont des marges de progrès fortes, notamment en termes d'information et de sorties vers des dispositifs adaptés.
Ce vendredi 4 mars, le site Libération raconte la suite de l'évacuation de la jungle de Calais Sud, démarrée le 29 février. "A 12h15, le bus emmenant 17 migrants vers des centres d'accueil et d'orientation (CAO) en Bretagne a quitté la jungle de Calais. A bord : quatre Syriens pour le CAO de Saint-Brieuc et onze personnes vers celui de la Guerche-de-Bretagne, près de Rennes." En effet, depuis octobre 2015, les ministères de l'intérieur et du logement ont mis en place une centaine de ces CAO chargés de mettre à l'abri des migrants ayant renoncé à émigrer en Grande-Bretagne et envisageant de s'installer sur notre territoire. Selon les chiffres fournis par le ministère de l'intérieur, en réponse à une lettre des associations humanitaires, 2 665 personnes seraient passées par ces centres depuis trois-quatre mois.
Des migrants mal informés
Comment cela se passe concrètement sur le terrain ? Que deviennent les migrants arrivés sur place ? Pour en savoir plus, la Fnars a mené l'enquête dans la première quinzaine de février et exploité 27 réponses complètes des CAO. Premier point d'importance : les personnes acceptant de quitter Calais sont-elles bien au courant du processus dans lequel elles s'engagent ? Réponse sans appel, négative, pour trois quarts des CAO. "Les personnes montent dans le bus à Calais parce qu'elles sont éprouvées et résignées. Elles arrivent avec des promesses et donc des attentes disproportionnées par rapport à ce que nous pouvons leur proposer", témoigne ainsi un CAO du Sud. En termes d'accompagnement, les exigences minimales sont respectées puisque le taux d'encadrement est au moins égal à celui indiqué par l'instruction ministérielle de novembre dernier (un temps plein pour 30 personnes accueillies).
Un réfugié sur cinq orienté vers un Cada
Combien de temps dure le séjour de ces réfugiés ? Les réalités sont très variables, allant de quelques jours (quand les réfugiés décident de repartir très vite) à quatre mois. La durée moyenne de séjour est tout de même supérieure à un mois dans la quasi-totalité des CAO. Et vers quelles solutions sont dirigées les personnes en sortant ? La réponse de type centre d'accueil pour les demandeurs d'asile (Cada) ne concerne qu'un réfugié sur cinq. Ironie de l'histoire : les départs (retours) vers Calais ou vers une destination inconnue sont plus nombreux (dans 25 % des cas) que les orientations vers un Cada.
Brouillard sur les conditions de fermeture
L'enquête de la Fnars interroge également les CAO sur les dates de fermeture (ce qui ne lasse pas de surprendre comme si le problème pouvait être résolu en quelques mois) et sur le règlement des situations individuelles. Sur ce plan, c'est la grande cacophonie. Près de la moitié des CAO doivent ainsi fermer au plus tard fin mars, avec la clôture de la trêve hivernale. Les situations sont très disparates : ici, les personnes accueillies sont progressivement orientées vers des solutions de type Cada, là, rien ne semblait encore prévu à un mois de la fermeture...D'autres CAO sont dans l'expectative quant à leur date de fermeture...
Manque d'interprètes
Enfin, en termes de coordinations avec les institutions, les constats sont mitigés. Avec les préfectures, les relations sont généralement jugées satisfaisantes. Pour autant, des marges de progrès sont souhaitées : les dates d'arrivée sont parfois communiquées trop tardivement pour que les CAO mettent en place en temps et en heure des services d'interprète. Avec l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), la coordination pourrait grandement s'améliorer. "Plusieurs CAO font état d'information sur la procédure d'asile trop rapide et sans interprétariat adapté aux langues parlées par les personnes hébergées", note la Fnars. D'autres problèmes sont soulevés pour le traitement de demandes de dossiers CMU qui est également de la responsabilité de l'office.
Peu de contacts avec les SIAO
Quant aux relations avec les Services intégrés d'accueil et d'orientation (SIAO), elles sont très souvent inexistantes dans la mesure où les CAO sont déconnectés des procédures d'hébergement de droit commun. Comme très souvent, la réponse à un problème spécifique s'est faite par une réponse spécifique qui ignore les autres réponses déjà présentes sur le terrain. Vous avez dit transversalité...