"Chez nous, le sujet du handicap n’est plus un tabou"

25.04.2024

Gestion du personnel

Nicolas Marchand, DRH transformation, santé et sécurité d’Enedis, décrypte l’accord en faveur de l’emploi et de l’inclusion, signé, le 17 avril dernier, entre la direction et les quatre organisations syndicales représentatives. Parmi les objectifs, afficher un taux d’emploi de 7 % des travailleurs handicapés d’ici à 2027 (7,2 % en 2023). Interview.

Dans quel contexte avez-vous conclu, le 17 avril, ce nouvel accord en faveur de l’emploi des personnes handicapées ?

Gestion du personnel

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

La gestion des ressources humaines (ou gestion du personnel) recouvre plusieurs domaines intéressant les RH :

- Le recrutement et la gestion de carrière (dont la formation professionnelle est un pan important) ;
- La gestion administrative du personnel ;
- La paie et la politique de rémunération et des avantages sociaux ;
- Les relations sociales.

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Cet accord, conclut pour la période 2024-2027, est le cinquième accord de ce type chez Enedis ; le premier date de 2008. Il a été signé par les quatre organisations syndicales représentatives, la CFDT, la CFE-CGC, FO et la CGT, ce qui n’est pas toujours le cas. Car, si le thème est consensuel, il ne remporte pas toujours l’adhésion de tous les partenaires sociaux. Cet accord nécessitait d’être plutôt ambitieux pour parvenir à l’unanimité syndicale. Et c’est désormais chose faite. Sa force ? Balayer l’ensemble du parcours professionnel des personnes en situation de handicap, du recrutement à la fin de carrière, en passant par l’accueil, l’intégration, le développement des compétences, l’évolution de carrière et l’adaptation des postes de travail. En résumé, l’accord s’engage à garantir "l’égalité des droits et des chances" tout au long de la vie professionnelle.

Le sujet peut, en effet, être tabou dans les entreprises. La peur d’être stigmatisé est importante. Comment encourager les personnes à se déclarer travailleur handicapé ?

85 % des handicaps sont invisibles 

Ce sont justement ces préjugés qu’il faut combattre. 85 % des handicaps sont invisibles. C’est pourquoi la trame de cet accord consiste à montrer que le statut de travailleur handicapé n’est pas un obstacle pour la carrière. La difficulté à se déclarer concerne plus particulièrement les cadres qui craignent qu’une telle demande de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) n’entraîne des répercussions sur leur évolution professionnelle.

Un travail de pédagogie est donc nécessaire. Cela passe par une sensibilisation du personnel, à travers différents événements, à l’instar des "Étés de la diversité" que nous avons organisés en 2023, mais aussi des managers et des salariés de la filière RH pour ne pas discriminer. La direction doit, elle aussi, être porteuse de cet engagement. Et même montrer l’exemple. Notre équipe de direction compte des personnes en situation de handicap. Il faut libérer la parole. Plus on en parlera, plus ça deviendra normal.

Ce travail commence à porter ses fruits puisque aujourd’hui nous avons un taux d’emploi des travailleurs handicapés de 7,2 % (en incluant les intérimaires et les CDD seniors), supérieur au taux légal de 6 %. Chez nous, le sujet du handicap n’est plus un tabou. 2 100 salariés en situation de handicap travaillent actuellement chez Enedis sur un effectif de 40 000.

Concrètement, quels sont les objectifs affichés à travers cet accord ?

Nous prévoyons de recruter 240 travailleurs handicapés sur la durée de l’accord  

Il vise à atteindre un taux d’emploi des travailleurs handicapés d’au moins 6,5 % (contre 6 % pour la période 2021-2023), avec une égale répartition entre les régions. Mais notre ambition est d’être à 7 % fin 2027. Un résultat que nous avons certes dépassé mais qui peut fluctuer d’ici à trois ans au gré des départs en inactivité, des demandes et des renouvellements de RQTH, des mobilités internes au sein du groupe EDF et des besoins d’emploi.

Dans le détail, l’accord prévoit de recruter au moins 60 travailleurs handicapés par an et 240 sur la durée de l’accord. Nous souhaitons aussi accueillir au moins 35 alternants en situation de handicap par an.

Constatez-vous des difficultés particulières pour recruter des personnes en situation de handicap ?

 Le coût total des aides au déménagement avoisine 2,5 millions d’euros par an

Les partenariats conclus avec les cabinets de recrutement comportent tous des clauses sociales d’insertion de personnes en situation de handicap. L’accueil des stagiaires et des alternants permet également d’élargir notre vivier de recrutements.

Surtout, pour faciliter la prise de poste, nous proposons des aides au déménagement dont le coût total avoisine 2,5 millions d’euros par an : une aide forfaitaire au logement de 7 500 euros (sur cinq ans) ainsi qu’une indemnité d’installation d’un montant correspondant à deux mois de salaire, majoré d’un mois de salaire pour permettre de réaménager le nouveau logement.

Ensuite, nous encourageons la formation. Avec, à la clef, deux nouveautés. Nous lançons deux expérimentations pour permettre aux travailleurs en situation de handicap d’évoluer. D’une part, nous nous engageons à faciliter les promotions, par exemple, l’accès de la maîtrise au collège cadre, à l’issue d’une formation promotionnelle. D’autre part, nous enrichissons le contenu des missions des personnes qui veulent évoluer. Les salariés qui souhaitent effectuer une mobilité géographique peuvent, eux, bénéficier de primes de déménagement valorisées.

Que prévoyez-vous pour les fins de carrière ?

Les personnes qui occupaient des métiers avec astreinte, contraintes d’arrêter, peuvent bénéficier d’une majoration pour compenser le manque à gagner  

L’allongement de la vie active concerne également les Industries électriques et gazières (IEG) puisque notre régime spécial est fermé aux nouveaux entrants, conformément à la réforme des retraites de 2023. C’est pourquoi nous avons travaillé sur l’aménagement des fins de carrière. Plusieurs mesures figurent dans l’accord. Tout d’abord, tout bénéficiaire de l’OETH bénéficie, par anticipation, de congés d’ancienneté, à partir de 21 ans de service (contre 26 ans pour les autres salariés). Il peut également opter pour un temps partiel de fin de carrière permettant de travailler à 80 %, tout en étant rémunéré à hauteur de 90 % de son salaire à temps plein. L’employeur prend en charge le différentiel de cotisations employeur et salarié au régime d’assurance vieillesse.

Au-delà, le groupe Enedis innove, en prenant en compte l’évolution ou la survenance du handicap sur le parcours du salarié. Concrètement, les personnes qui occupaient des métiers avec astreinte, contraintes d’arrêter, peuvent bénéficier d’une majoration pour compenser le manque à gagner. En cas de changement d’emploi du fait de l’inaptitude ou d’une restriction médicale liée à ce handicap, le salarié a droit à une prime d’adaptation égale à deux mois de salaire.

Toutes ces dispositions favorisent la reconnaissance du statut de travailleur handicapé.

 

Anne Bariet
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