En pleine controverse sur le pouvoir d'achat, l'amendement redéfinissant le régime social et fiscal des activités sociales et culturelles a jeté le feu aux poudres dans le mondes des CE/CSE. Le député UDI du Nord Paul Christophe, qui a porté l'amendement, jure qu'il ne s'agit pas d'augmenter la taxation des ASC mais de sécuriser des exonérations fragiles sur le plan légal. Interview.
"Je ne suis pas du tout "piloté" par le gouvernement. Dans cette affaire, dont je ne pensais pas qu'elle créerait autant de bruit, j'ai été alerté par des chefs d'entreprise de moins de 50 salariés. Soit ils ont été soit redressés par l'Urssaf, soit ils renoncent d'emblée à faire profiter leurs salariés de certaines prestations (chèques-vacances par exemple) car ils jugent les règles compliquées et d'application inégale. C'est quand même dommage ! Mon idée était donc de sécuriser les pratiques en inscrivant dans la loi une règle qui soit plus solide que les simples tolérances de l'Urssaf. Et vous savez bien que la Cour de cassation considère que les circulaires de l'Urssaf ne constituent pas une base suffisante pour établir que le financement d'activités sociales et culturelles ne doit pas donner lieu à cotisation. Mon deuxième objectif était d'élargir le champ des bénéficiaires. Mais je n'ai pas pu faire figurer cet aspect dans mon amendement car l'article 40 sur l'irrecevabilité financière interdit aux parlementaires d'aggraver une charge publique (Ndlr : dont celles de la sécurité sociale) sauf à prévoir des recettes équivalentes.
C'est mal me connaître que de penser que je souhaiterais taxer les prestations sociales dont bénéficient les salariés ! En tant que parlementaire, j'ai une approche sociale et j'ai par exemple porté un texte sur les aidants familiaux. Non, ce n'est pas l'objectif, on me fait un faux procès ! J'observe d'ailleurs que les taxations existent déjà pour les CE/CSE qui vont au-delà des plafonds fixés de l'Urssaf, et c'est par exemple le cas pour le CSE d'Eurotunnel. En fait, je ne pensais pas que l'amendement serait voté en l'état, mon groupe (Ndlr : UDI) l'a déposé pour susciter le débat. L'amendement n'a d'ailleurs été voté que parce que le ministre Gérard Darmanin, le ministre de l'Action et des comptes publics, a dit clairement qu'il fallait profiter de la navette entre l'Assemblée et le Sénat pour travailler sur le texte afin de faire en sorte qu'il n'y ait "aucun perdant".
Le ministre souhaite engager une concertation avec les acteurs concernés et les partenaires sociaux. Je reçois pour ma part aujourd'hui l'Unat (union nationale des associations de tourisme) et demain la fédération des émetteurs de chèques-cadeaux pour travailler sur ces questions. Le Sénat va sans doute supprimer cet amendement. Si nous parvenons, d'ici la deuxième lecture, à faire en sorte qu'il n'y ait pas de perdant avec un texte élaboré après concertation, une autre disposition pourrait être adoptée. Sinon, il faudra se donner du temps et en reparler l'an prochain".
Les syndicats demandent le retrait de la mesure sur les ASC
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Après l'Unsa, qui a redemandé hier le retrait de ces textes, et les réactions de la CGT et de la CFDT, FO dénonce l'amendement du député et le sous-amendement du gouvernement au sujet des activités sociales et culturelles. "Cette nouvelle initiative -une fois encore non concertée- a pour conséquence d'instaurer de nouveaux plafonds de non assujettissement des ASC servies aux salariés et agents du public : 10% du plafond mensuel de la sécurité sociale par bénéficiaire et pan an, soit 332€, majoré à 20% pour un salarié ayant des enfants, soit 662€", constate FO qui ajoute : "Concrètement, prélèvement de cotisations sociales, intégration dans les revenus imposables sont au programme en cas de dépassement desdits plafonds. Outre une remise en cause inacceptable de la vocation sociale des CE et CSE, il s'agit là d'une perte de pouvoir d'achat sans précédent pour des centaines de milliers de personnes". FO demande que cet amendement "soit balayé et enterré". Est-ce l'effet de ces multiples réactions qui s'ajoutent à la grogne concernant la hausse du prix des carburants ? Bercy semble avoir décidé de temporiser, si l'on en croit les Echos. Le journal cite l'entourage de Gérald Darmanin selon lequel "rien ne sera fait sans un consensus de l'ensemble des acteurs", le gouvernement "ne souhaitant pas ajouter la moindre taxe". |
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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