Comment ça va, la santé en Ehpad ?

Comment ça va, la santé en Ehpad ?

21.12.2016

Action sociale

Deux études de la Drees portent un regard détaillé sur l'état de santé des personnes de plus 75 ans. En institution, une sur trois est atteinte par la maladie d'Alzheimer (contre 4 % à domicile). Le recours aux urgences (qui concerne chaque année 20 % des résidents en Ehpad) pourrait être réduit si la médicalisation de ceux-ci était renforcée.

Les tensions sociales qui secouent nombre d'Ehpad depuis plusieurs mois (lire notre enquête) se comprennent mieux quand on lit les deux études publiées simultanément par la Drees. En effet, on y apprend - s'il en était encore besoin - que le niveau de dépendance ne cesse de croître et que l'état de santé des résidents est particulièrement dégradé. Selon une enquête réalisée en 2011, 91 % des résidents en Ehpad souffrent d'affection neuropsychiatrique (contre 69 % des résidents en logements-foyers) et ont en moyenne près de 8 pathologies. La proportion de personnes grabataires (confinées au lit) atteint les 20 %, ce qui représente une population de près de 130 000 personnes. "Entre 2007 et 2011, explique la Drees, la prévalence des pathologies s'est accrue". 

La moitié des résidents déments

Si on rentre un peu plus dans le détail, on constate que les syndromes démentiels (dont fait partie Alzheimer) concernent 49 % des résidents, l'état dépressif 40 % et les troubles chroniques du comportement 35 %. Le niveau de dépendance influe fortement sur la prévalence de certaines maladies observées chez les résidents en Ehpad ou en logements-foyers : ainsi, les pathologies uro-néphrologiques comme l'incontinence touchent 70 % des résidents les plus dépendants (GIR 1) contre 17 % des moins dépendants (GIR 5 et 6). En revanche, le niveau de dépendance a peu d'impact sur les affections cardiovasculaires ou ostéo-articulaires.

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Quelles différences entre hommes et femmes ?

La question du genre a une influence limitée sur le type de pathologies observées. On remarquera seulement que les femmes (trois fois plus nombreuses en Ehpad que les hommes) sont davantage touchées par la dépression, la démence et l'incontinence alors que les hommes sont davantage affectés par les affections broncho-pulmonaires et les cancers.

Loi santé du 26 janvier 2016

Morceaux choisis d'un texte aux multiples facettes

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La faible médicalisation des Ehpad mise en cause

Le recours aux urgences hospitalières est régulièrement jugée excessive : il a concerné un cinquième des résidents en Ehpad, parmi lesquels un sur trois s'y est rendu à plusieurs reprises. L'hospitalisation inopinée est deux fois plus fréquente que celle qui a été programmée. Et encore, la Drees juge que ces chiffres sont sous-estimés. Le risque d'une hospitalisation non programmée est plus fort dans les Ehpad privés (lucratifs ou associatifs) ou publics non hospitaliers que dans les établissements rattachés à un hôpital. Il est également corrélé à un taux d'encadrement faible et à l'absence d'une pharmacie à usage intérieur. D'où cette conclusion de la Drees : "Une plus forte médicalisation de l'Ehpad pourrait diminuer le recours aux urgences et à l'hospitalisation non programmée".

Plus de personnes dépendantes à leur domicile

Complémentaire, la seconde étude compare l'état de santé des personnes vivant en institution et à leur domicile. Contrairement à une idée reçue, près de deux tiers des personnes ayant une perte d'autonomie sérieuse (GIR 1 à 4) vivent à leur domicile. Cependant, la proportion s'inverse pour celles qui présentent le niveau de dépendance le plus élevé.

Quelles restrictions fonctionnelles ?

La vie en Ehpad est associée à des restrictions fonctionnelles plus fréquentes. Presque la moitié des plus de 75 % vivant en institution ont des problèmes de vue ou d'audition alors que ceux-ci ne concernent qu'un quart des personnes à domicile. Les mêmes écarts se mesurent en termes de motricité ou de niveau cognitif. "39 % des personnes âgées vivant en établissement déclarent qu'il leur arrive souvent de ne plus savoir à quel moment de la journée on est (contre 5 % des personnes vivant à domicile)", note ainsi l'étude.

La dénutrition concerne un tiers des résidents

En revanche, certaines pathologies se retrouvent dans des proportions comparables parmi les deux populations. C'est le cas pour le diabète, le cancer ou la bronchite chronique. On observe même que pour des maladies n'entraînant aucun risque vital comme la cataracte ou l'arthrose, la proportion est plus forte chez les personnes vivant à domicile. Cette étude de la Drees souligne, par ailleurs, un point très inquiétant : un tiers des personnes vivant en Ehpad souffre de dénutrition. Cette proportion est deux fois plus faible au domicile, mais concerne tout de même 15 % de ces personnes âgées. L'obésité, quant à elle, est observée chez 10 % des résidents en Ehpad et 15 % des personnes vivant à leur domicile.

Noël Bouttier
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