Notre série d'articles, publiés à l'occasion du 80e anniversaire de la création du CE par l'ordonnance du 22 février 1945, est l'occasion de découvrir l'histoire de l'évolution de l'instance représentative du personnel, depuis l'affirmation progressive de ses prérogatives jusqu'à son absorption dans le CSE en 2017. Une histoire très politique et sociale.
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L'ORDONNANCE DU 22 FÉVRIER 1945
CRÉE LE COMITÉ D'ENTREPRISE
![]() Pour le régime de Vichy, les comités sociaux ne doivent pas s'immiscer dans la conduite et la gestion de l'entreprise
![]() L'institution des comités d'entreprise est une réforme économique et sociale importante (..) Pour le gouvernement provisoire de la République, elle doit être le signe de l'union féconde de tous les éléments de la production pour rendre à la France sa prospérité
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En résumé : l'article remonte aux origines du comité d'entreprise. L'instance représentative du personnel a été créée par l'ordonnance du 22 février 1945 prise par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, dans le contexte très particulier de la Libération. Son origine est politique : le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) prévoyait en effet une véritable rénovation de la France après la période de l'occupation et de la collaboration. Mais le CE hérite aussi de la gestion des œuvres sociales mise en place par le gouvernement de Vichy. L'exposé des motifs de l'ordonnance est ambitieux et le texte fixe certains principes toujours en vigueur. Mais le contenu déçoit toutefois les organisations syndicales (le CE n'est par exemple qu'informé, pas réellement consulté) qui obtiendront de nettes améliorations avec la loi de 1946.
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LA LOI DE 1946 RENFORCE
LES PRÉROGATIVES DU CE
![]() Le CE est obligatoirement consulté sur les questions intéressant l'organisation, la gestion et la marche générale de l'entreprise
![]() La loi de 1946 conserve les caractéristiques posées par l'ordonnance de 1945. Mais alors que l'ordonnance s'inscrivait dans un esprit de "coopération" entre les représentants du personnel et la direction, la loi renforce le pouvoir des élus face à l’employeur
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En résumé : l'article rappelle l'importance de la loi du 16 mai 1946. Adoptée après le départ du pouvoir du général de Gaulle, alors que le nouveau ministre du travail est un ancien ouvrier, le communiste Ambroise Croizat. Cette loi apporte des changements sensibles au jeune comité d'entreprise : baisse de 100 à 50 salariés du seuil à partir duquel un CE doit être créé, relèvement du crédit d'heures des élus, création de la notion de "marche générale de l'entreprise" que doit suivre le CE. Désormais le comité n'est plus seulement informé mais consulté. Au départ, de nombreux CE sont créés mais après la crise sociale et politique de 1947, la situation s'enlise...
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DE 1946 à 1981, QUELLE ÉVOLUTION POUR LE CE ?
L'ordonnance du 7 janvier 1959 étend la protection des membres du CE aux anciens élus pendant les 6 mois qui suivent l'expiration de leur mandat ainsi qu'aux candidats dès la publication des candidatures et pendant une durée de 3 mois
![]() Le chantier naval où travaillait mon père a créé un comité après 1967 parce que l'expert-comptable de son employeur lui avait dit qu'il y avait intérêt. Pourquoi ? Parce qu'avec l'ordonnance de 1967 sur la participation et l'intéressement, les entreprises ont besoin d'un CE pour pouvoir signer un accord d'intéressement et ne pas perdre les avantages fiscaux qui y sont liés
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En résumé : l'article restitue les principales évolutions du comité d'entreprise depuis 1946 jusqu'à l'alternance politique de 1981. Les CE ne s'affirment que peu à peu comme une instance importante, le nombre de CE ne décollant vraiment que dans les années 60 : avec plus de 18 000 comités d'entreprise en 1972, le CE devient dans les grandes entreprises "le pivot de la vie sociale" selon les mots de l'historien du droit social Jean-Pierre Le Crom. Après Mai 1968 qui ouvre de nouveaux droits pour les organisations syndicales et qui a marqué l'urgence d'une amélioration des conditions de travail des salariés, vient ensuite une période de renforcement des prérogatives du comité, notamment pour faire face aux restructurations et licenciements des années 70 durant le septennat de Valéry Giscard d'Estaing.
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LES LOIS AUROUX DE 1982
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Les changements juridiques apportés par les lois Auroux sont importants : le CE est renforcé, le CHSCT est créé et la négociation collective refondée. Mais le CE reste, comme auparavant, une instance consultative
![]() Le taux de couverture des CE passe de 74,3% en 1981-1982 à 79,2% en 1989-1990, et ce progrès peut-être dû à des évolutions comme l’amélioration du procès-verbal de carence, l’extension du nombre de salariés pris en compte dans l’effectif ou l’élargissement du nombre d’entreprises assujetties
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En résumé : si le comité d'entreprise a vu ses prérogatives renforcées lors du septennat de Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981), l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, après 23 ans passés dans l'opposition, entraîne une série de réformes bien plus importantes en faveur des représentants du personnel avec les quatre lois Auroux de 1982. Le comité d'entreprise est doté d'un budget de fonctionnement (le "0,2 %") et d'un droit d'expertise renforcé, ce qui entraîne le développement de cabinets spécialisés comme Secafi et Syndex et contribue à mieux "armer" les représentants du personnel. Une instance autonome pouvant rendre des avis et lancer des expertises est créée sur la sécurité et les conditions de travail (CHSCT). Un droit d'expression des salariés est expérimenté pour davantage de démocratie sociale dans l'entreprise. Et des négociations obligatoires doivent se tenir dans les entreprises chaque année. Quels résultats apportent tous ces changements ? C'est ce que nous abordons dans cet article.
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DES LOIS AUROUX DE 1982 AU CSE DE 2017
Dans un premier temps, de nouvelles lois vont continuer d'enrichir le rôle du CE. Mais l'alternance politique, avec le retour de la droite au gouvernement en 1986 et 1993 notamment, et la persistance des problèmes d'emploi, vont enclencher un autre mouvement, en faveur d'une simplification des instances représentatives du personnel
![]() L'héritage des lois Rebsamen et El Khomri, des textes qui vont dans le sens d'une simplification des IRP et d'une possibilité pour les entreprises d'instaurer davantage de flexibilité au nom de la compétitivité et de l'emploi, sera repris et amplifié par Emmanuel Macron après son élection à l’Élysée
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En résumé : Le renforcement des institutions représentative du personnel (IRP) opéré par les lois Auroux de 1982 va de pair avec le début d'une négociation collective plus forte dans les entreprises. Ce mouvement ne cessera ensuite de se développer, avec notamment la négociation des 35 heures et celle des plans de sauvegarde de l'emploi (PSE). Cette évolution s'accompagne de la possibilité croissante d'accords dérogatoires, d'où des débats très vifs sur l'inversion de la hiérarchie des normes et le rôle protecteur de la branche, à l'occasion de la loi travail de 2016 et des ordonnances de 2017.
Entre-temps aura eu lieu la réforme très importante de la représentativité syndicale de 2008 qui accroit la compétition électorale dans les entreprises mais qui ne chamboule pas vraiment le paysage syndical.
Au fil des années, l'idée selon laquelle il faut simplifier les instances représentatives du personnel, au nom de la compétitivité économique, s'impose peu à peu. D'abord avec la délégation unique du personnel (DUP). Puis avec le regroupement des consultations et la fixation de délais contraints pour l'avis rendu par le CE. Et enfin avec l'instance unique qu'est le CSE créé en 2017. Un texte qui affaiblit les organisations syndicales et qui bouleverse la représentation du personnel...
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Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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