Drame de Valence : les partenaires sociaux sous le choc

Drame de Valence : les partenaires sociaux sous le choc

28.01.2021

Représentants du personnel

Après le drame qui s'est déroulé à Valence et à Guilherand-Granges, où une conseillère Pôle Emploi et une DRH ont été abattues par un tireur, les syndicats de salariés et les organisations professionnelles ont fait part de leur tristesse et de leurs condoléances aux proches des victimes.

Hier matin, un homme a fait irruption à l'agence Pôle-Emploi de Valence (Drôme) et a abattu une conseillère. Il s'est ensuite rendu à quelques kilomètres de là, dans l'entreprise Faun Environnement (300 salariés) qui fabrique des bennes de collecte des déchets à Guilherand-Granges, en Ardèche. Il a de nouveau fait usage de son arme à feu à l'encontre de la directrice des ressources humaines, qui est elle aussi décédée des suites de ses blessures. Le suspect a ensuite été interpellé par les forces de police, alors qu'il roulait en voiture sur le pont Mistral entre Guilherand et Valence.

Les réactions locales et nationales  

Dans une vidéo publié sur le site du Dauphiné Libéré, Philippe Fayat, délégué syndical CFDT au sein de Faun environnement, a exprimé son bouleversement et témoigné de la panique des salariés qui ont cru dans un premier temps à un attentat terroriste.  

On ignore pour l'instant les motivations du tireur, ainsi que ses liens avec les victimes. On sait cependant qu'il avait été licencié en 2011 de l'entreprise Faun. Ce point nous a été confirmé par Vincent Dugua, défenseur syndical et membre de l'union départementale CGT de la Drôme : "On ne sait pas vraiment pourquoi il est parti. Mais quand on voit quelqu'un tirer sur une conseillère Pôle Emploi et une DRH, je ne suis pas psychologue, mais ce n'est pas anodin. Et puis on paye les conséquences de la crise sanitaire, économique et sociale". 

Nello Déon, délégué syndical CGT de Pôle Emploi à Valence, nous a fait part de "son recueillement et de sa tristesse" : "Comme beaucoup de collègues, je suis très impacté par ces événements, et aussi sur le plan collectif. Ne sachant pas ce qui a motivé la personne, on ne peut pas porter d'accusations sur notre établissement. Nous combattons toute l'année pour améliorer le service, il y aura peut-être une enquête interne. Mais quand bien même le tireur aurait ses raisons, cela ne justifie absolument pas qu'on meure pour le travail".

La CGT a également publié un communiqué de presse national conjoint de ses fédérations Pôle Emploi, Organismes sociaux et Syndicats de l'Etat (en pièce jointe), relevant que "dans ce contexte de crise sanitaire, les situations d'accueil dans les services publics et les organismes de protection sociale sont particulièrement difficiles".

FO s'est également inquiété des précédents très graves visant des personnels et locaux de Pôle emploi : immolation devant une agence à Nantes, agression au cutter à Châtellerault, etc. Pour le syndicat, ces faits doivent inciter "les décideurs" à remettre en question tant l'organisation de Pôle emploi, avec "un conseiller référent indemnisation qui risque d’être une victime de la colère" des demandeurs, que le projet de réforme de l'indemnisation "dans un contexte de crise sociale et économique sans précédent".

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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De nombreux représentants syndicaux réagissent sur Twitter

Laurent Berger (CFDT) s'est dit "sous le choc du drame" et a communiqué "son soutien aux proches et collègues" des victimes, et Yves Veyrier (FO)  a fait part de "sa vive émotion". Ont également réagi par exemple Geoffroy Roux de Bézieux (MEDEF), Laurent Escure (UNSA) ou Cyril Chabanier (CFTC).

 

 
L'association nationale des DRH endeuillée

Les réactions nationales se sont multipliées dans la journée. Elisabeth Borne, la ministre du Travail, s'est rendue sur place dans l'après-midi. Dans un communiqué de presse (en pièce jointe), l'ANDRH, l'association nationale des DRH, a tenu à "témoigner tout son soutien et ses sincères condoléances aux familles des deux victimes, (...) à l’ensemble du personnel de Faun Environnement et de Pôle Emploi". L'association rappelle "l’engagement constant des DRH pour assurer à la fois la protection des collaborateurs et le fonctionnement de leur organisation" mais semble, elle aussi, inquiète du contexte économique et social actuel, dans lequel les DRH devront faire face à des situations personnelles et humaines difficiles.

Plusieurs événements ont déjà endeuillé le monde de l'entreprise ces dernières années. En 2015, un salarié -qui s'est depuis donné la mort en prison- avait décapité son patron dans son entreprise, près de Lyon. Il y a eu aussi les attentats terroristes islamistes, à l'origine de la mort au Bataclan en 2015 de Précilia Correia, une déléguée du personnel de la Fnac (lire notre article) et en 2018 de Christian Medves, un représentant du personnel du Super U de l'Aude (lire notre article). 

Plusieurs titres de presse (Le Dauphiné, l'Alsace) s'interrogeaient hier soir sur le lien possible de la tuerie de la Drôme avec la découverte mardi 26 janvier, révélée par la procureure de Colmar, du corps d'une DRH gisant dans sa voiture garée sur le parking de l'entreprise Knauf, sur la commune de Wolfgantzen (Haut-Rhin).  

Marie-Aude Grimont
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