En 2016, le mouvement de concentration des grands groupes de maisons de retraite s'est accéléré, dans le secteur privé lucratif comme non-lucratif. Résultat, les investisseurs se jettent sur ce "nouveau produit atypique mais intéressant", estiment les professionnels de l'immobilier. Avec quels effets à l'échelle des Ehpad ?
Le secteur des maisons de retraite commerciales ne s’est jamais aussi bien porté, selon une étude du cabinet de conseil en immobilier Savills. Après une explosion des investissements à partir de 2012, ces derniers ont enregistré une nouvelle hausse de 60 % au premier semestre 2016 par rapport à la même période en 2015. Soit 1,3 milliard d'euros attendus fin 2016. Ce qui place la France au rang de premier investisseur et premier opérateur européen de résidences pour personnes âgées. « Etant donné l’évolution démographique et la stabilité de cet investissement, il s’agit d’un très bon choix à long terme », estime Lydia Brissy, responsable des études européennes à Savills.
La France championne européenne des résidences pour personnes âgées
Ces trois dernières années, les mouvements de fusion et d’acquisition se sont accélérés dans le secteur privé commercial avec l’émergence de trois mastodontes européens de l’hébergement pour personnes âgées : Korian, Orpéa et Domusvi. Soit 50 194 lits pour Korian seul. Des groupes dont le siège est français mais qui ont acquis d’autres groupes en Europe et ailleurs. « Cette tendance va encore s’accentuer dans les douze mois à venir », commente Lydia Brissy. Avec un taux de rentabilité de 4,4 %, l’investissement s’avère particulièrement intéressant ». Plus, de fait, qu’un centre commercial, au taux de rentabilité de 4,25 %. Résultat, explique Lydia Brissy, « on s’attend à une montée en gamme en terme de produit ».
Un mouvement général de concentration qui s'accélère en 2016
Ce mouvement de regroupement et de concentration ne se limite pas au secteur privé commercial. En juillet 2016, le groupe associatif Arefo-Arpad a fusionné avec Arepa pour donner lieu au premier groupe associatif français, Arpavie. Selon Alain Lecerf, administrateur de l’Uriopss Ile-de-France et ancien directeur d’Arefo-Arpad, cette recherche de rentabilité ne convient pas à l’accueil des personnes âgées. « Cette activité devrait faire partie des activités régaliennes de l’Etat. Or, il a abandonné le secteur dans les années 90 / 2000 pour laisser la place aux groupes privés. A long terme, l’approche capitalistique et immobilière de la résidence pour personnes âgées n’est pas sans conséquences. Je suis inquiet sur la possibilité de concilier la nécessité des personnes âgées à se loger et l’exigence de rentabilité immobilière d’un actionnaire. »