Européennes (5) : qui sont les candidats issus du social (suite et fin) ?

Européennes (5) : qui sont les candidats issus du social (suite et fin) ?

24.05.2019

Action sociale

Sur les principales listes en compétition pour les européennes du 26 mai figurent des candidat(e)s qui travaillent ou ont travaillé dans les métiers du social ou du médico-social. tsa est parti à leur rencontre. Après avoir présenté les candidats des listes Bellamy, Glucksmann et Jadot, nous vous proposons le portrait des candidats des listes Loiseau, Aubry, Brossat et Hamon.

Dans notre édition du 23 mai, nous avons proposé le portrait de cinq candidats. Nous poursuivons la publication de ces portraits en nous attachant à quatre autres listes sur lesquelles figurent des candidats qui travaillent dans le social ou le médico-social ou qui en sont les bénéficiaires directs. 

 

Liste En marche pour l'Europe !
La liste de la majorité présidentielle élargie notamment aux amis d'Alain Juppé comporte de nombreux élus locaux (maires, conseillers départementaux) et simplement deux candidats qu'on peut rattacher au monde du social ou médico-social. Aucun des deux n'est en position éligible.
 
Marcheur à sa façon
En position 38 sur la liste, Edouard Détrez mène un combat de tous les jours pour vivre de façon autonome et développer ses projets. Il doit son handicap de naissance à sa situation de grand prématuré. Et depuis ses premiers jours, il a vécu un véritable parcours du combattant. "Je suis victime du syndrome de Little lié à un manque d'oxygène à la naissance. Diverses opérations m'ont permis de pouvoir faire quelques pas. Je ne suis pas paraplégique", se réjouit-il. Il dit qu'il a déjoué les pronostics des médecins. Mais à quel prix ! Jusqu'à 7 ans, il était en hôpital de jour avant d'intégrer une école primaire. "C'était compliqué car j'essuyais des moqueries de mes camarades", se rappelle-t-il. Ensuite, il se retrouve dans une unité pédagogique d'intégration au sein d'un collège du Var. Et à partir de la 3e, Edouard a intégré une classe classique. Suivra ensuite une école de commerce qui débouchera sur un statut d'entrepreneur. En 2015 est ainsi née la marque "Le fauteuil roulant français". "Sur ce segment, c'est la première marque française. Il est normal que les subventions de l'Etat français via la PCH ou l'AAH profitent à des entreprises françaises", argumente-t-il.
Militant, le jeune homme de 27 ans l'est. En 2018, il réalise un périple de 21 jours du Gers à l'Elysée pour "sensibiliser la population aux besoins d'une start up fabriquant des fauteuils". Il reçoit des tas de marques de sympathie et rencontre le président de la République. Il devient ambassadeur mobilité universelle d'une tour à la Défense conçue par l'architecte Jean Nouvel.
Son soutien à Emmanuel Macron ne date pas de ce moment. Dès le début de la campagne, Edouard a été séduit par cette candidature et son désir de réformer en profondeur le pays. Il est très satisfait de la revalorisation de l'AAH pendant le quinquennat, même s'il a conscience qu'on restera malgré tout en-deçà du seuil de pauvreté. Ce militant de l'APF se veut optimiste. Face aux désillusions, il veut rester "force de propositions".  
 
Inspecteur d'expérience
Sur une liste qui comporte beaucoup de novices en politique, Patrick Debruyne fait presque figue de doyen. Depuis 2008 militant du Modem - qui s'est allié à En marche pour ces élections -, il s'est en effet présenté en 2010 aux élections régionales, en 2014 (déjà) aux européennes. Lors des élections législatives de 2017, il avait été battu au second tour par un candidat du Front national d'un millier de voix. Cette fois-ci, il figure à la 46e place et ne sera pas élu, quel que soit le score de la liste conduite par l'ancienne ministre Nathalie Loiseau.
Mais sa vie, ce n'est pas que la politique. Dans le "civil", il est inspecteur de l'action sanitaire et sociale. Il a commencé en Ddass en 2004 et depuis, est passé par divers postes soit à l'agence régionale de santé (ARS), soit pour l'Etat au niveau des directions départementales de la cohésion sociale. Actuellement, il travaille justement à la délégation du Pas-de-Calais. "J'ai fait du médico-social, du social et du sanitaire", dit-il en souriant.
Parmi ses préoccupations, il cite l'évaluation des politiques sociales et la stratégie de lutte contre la pauvreté. Il s'oppose à une vision très répandue qui fait de l'Europe la source de nos problèmes. "Quand on ferme une maternité, ce n'est pas la faute de l'Europe. Des gens en colère imaginent que la question des Ehpad relève de l'Europe", explique-t-il. Selon lui, on souffre de moins d'Europe et non de trop d'Europe. "Les gens ont envie que l'Europe s'occupe de plus de choses, notamment en matière sociale", croit-il savoir. La visée de sa candidature est donc de "remettre l'Europe dans la partie".
 
 
Liste La France insoumise
Conduite par une néophyte en politique Manon Aubry, cette liste comporte trois candidatures du social et médico-social, dont une (Anne-Sophie Pelletier) en position éligible.  
 
Du Jura à Strasbourg
Dans la liste des candidats du secteur qui se présentent aux européennes de ce dimanche, il y en au moins un, ou plutôt une, qui a un petit capital de notoriété : il s'agit d'Anne-Sophie Pelletier, placée en 5e position (synonyme d'élection si la liste dépasse les 5 %). Elle est, en effet, très connue pour avoir été l'animatrice d'une très longue grève dans l'Ehpad de Foucherans en 2017. Ce mouvement ouvrait la voie à la contestation de début 2018 dans les Ehpad avec deux mouvements de grève totalement insolites.
Cet hiver, nous avions rencontré Anne-Sophie Pelletier pour un portrait paru dans le magazine (numéro 100 de mars 2018) à l'occasion de la sortie de son livre Ehpad, une honte française. Elle expliquait pourquoi elle avait décidé de se présenter à ce scrutin. "La maltraitance à l'égard des personnes âgées est régulièrement dénoncée, mais rien n'avance. Pour que les choses bougent, il faut changer les lois", disait-elle.
Si elle devient députée européenne le 26 mai au soir, elle pourra mesurer le chemin parcouru. Comment une ancienne élève des arts déco s'est retrouvée quinze ans durant à la tête d'un hôtel avant de tout lâcher pour redevenir femme de ménage et travailler dans l'aide à domicile pour enfin se retrouver AMP dans un Ehpad pour trois mois. La suite, on la connaît : 117 jours de grève, une très forte médiatisation notamment grâce à un article de Florence Aubenas (Le Monde), etc.
Avec le recul, elle se félicite que l'omerta sur les Ehpad soit tombée. Selon elle, les règles d'austérité de l'Europe (notamment les 3 % de déficit) poussent les pouvoirs publics à fermer des Ehpad publics, ce qui fait le bonheur des Ehpad lucratifs. Pendant cette campagne, elle a constaté le nombre de gares fermées. La question des services publics est, selon elle, au coeur de la campagne. Sur le vieillissement, elle constate que "la société commence à changer de regard". Le fait que son livre en soit à la 3e réimpression (déjà 10 000 exemplaires vendus) prouve l'intérêt pour cette question qui est sortie des cercles de spécialistes. Elle se félicite de rencontrer beaucoup de femmes lors des réunions. "Le mouvement des Gilets jaunes a beaucoup aidé", assure-t-elle. 
 
 
Renaissance insoumise
Céline Léger ne porte pas bien son nom. Sa vie, jusque-là, n'a pas été vraiment légère. Elle parle de "parcours atypique". On pourrait également dire : une succession de galères. Très jeune, elle se retrouve coiffeuse. Ses parents de condition modeste ne peuvent lui payer des études longues. Adieu l'envie de devenir assistante sociale ! En fait non, car après six années d'exercice dans l'ennui, elle reprend ses études à l'IRTS de Metz et devient assistante sociale. La voilà dans un hôpital frontalier (avec le Luxembourg). Lequel va connaître deux plans sociaux successifs. Source de bien des souffrances. "On envoyait les personnes âgées vers l'Ehpad alors qu'on savait que l'accueil n'était pas bon." En 2016, Céline s'arrête de travailler : elle est en plein burn-out et cela va durer presqu'une année. Ensuite, elle a trouvé un travail dans un SIAO - elle est en CDI depuis le 1er mai. "J'ai retrouvé l'essence du travail social", dit-elle soulagée.
Militante, elle l'est dans la formation de Jean-Luc Mélenchon : depuis la campagne présidentielle de 2012 au sein du parti de gauche ("Place au peuple") puis chez les Insoumis. "J'ai applaudi cette ouverture nouvelle", explique-t-elle. Pour ce scrutin, elle ne cache pas son inquiétude devant le risque de très forte abstention. "Sans la participation, la démocratie n'a pas beaucoup de sens", estime Céline. Pour briser cette spirale, il faut avoir des pratiques exemplaires, par exemple "revenir à son métier après son mandat". Une question qui ne se pose pas spécialement pour elle : placée au 21e rang, elle n'a aucune chance de siéger à Strasbourg.
   
 
Combattante tout terrain
A les écouter, certaines personnes donnent l'impression d'avoir déjà vécu plusieurs vies. C'est le cas de Marie-Laure Darrigade qui a bossé dans la plupart des domaines de l'action sociale, a vécu à Lille, à Toulouse et aujourd'hui dans l'Oise. Et qui depuis cinq ans, se bat courageusement contre la maladie, une sclérose en plaques. Sa vie militante aussi est assez animée puisqu'elle a commencé à militer au PS puis a suivi Jean-Luc Mélenchon lorsque celui-ci a claqué la porte pour fonder le parti de gauche (PG). Maintenant, elle milite chez les Insoumis
Professionnellement, Marie-Laure a travaillé aussi bien avec des SDF à Toulouse qu'avec des enfants dans un foyer à Lille. Elle a coordonné des politiques d'insertion dans le département du Nord. Dans l'Oise, elle a travaillé pour une Maison des ados. "Ça a été ma meilleure expérience. La prévention, c'est génial !", assure-t-elle. ensuite, elle a passé le concours de conseillère socio-éducative et a pris depuis cinq ans, la responsabilité d'un service de prévention spécialisée au sein du département. 
A mi-chemin du militantisme politique et de l'action professionnelle, Marie-Laure Darrigade a suivi toute l'affaire Moussaron. Alors secrétaire national du PG en charge de la santé et de l'enfance, elle est contactée par Céline Boussié qui a dénoncé les pratiques dans cet IME. Toutes les deux travaillent main dans la main pour faire advenir la vérité. La question du handicap est devenue un enjeu politique, affirme-t-elle. Et de raconter qu'elle a été sensibilisée par un grand-père aveugle qui l'emmenait aux banquets de l'APF. "L'injustice envers les personnes handicapées m'a toujours révoltée. Et maintenant je suis devenue handicapée en raison de ma maladie." Cette lutte contre les injustices définit le mieux la candidate placée au 31e rang. "Au boulot comme en politique, je me bats contre la marginalisation."
 
 
Liste citoyenne du printemps européen
Incontestablement, cette liste conduite par le leader de Génération.s Benoît Hamon compte le plus grand nombre de professionnels du social ou du médico-social. Outre les trois candidats dont nous allons dresser le portrait, on trouve également Naïma Charaï (en 22e rang), coordinatrice de programme médico-social ; Lucien Fontaine (45e), éducateur ; Sandrine Lelandais (60e), CESF ; Mariam Maman (68e), conseillère en insertion socio-professionnelle et Fabien Pic (69e), salarié en mission locale. 
 
Le dirigeant entre en bataille
Sur la photo de la profession de foi de la "liste citoyenne du Printemps européen", on le voit tout au fond à droite, tout de noir vêtu. Autant dire qu'Eric Pliez est l'une des attractions de la liste Hamon qui espère passer la barre des 5 %. Dans ce cas-là, le directeur de l'association Aurore pourrait prendre la route de Bruxelles. Pour l'instant, on n'en est pas là...
"Je suis éducateur spécialisé depuis 40 ans, explique-t-il. J'ai d'abord travaillé auprès de malades psy et de toxicomanes." En 1985, il fonde un centre d'hébergement dont il prend la direction. Qui grossit vite. Ce centre est présent dans trois champs professionnels : l'hébergement, le soin aux personnes psy ou en addictologie, l'insertion professionnelle.
En 2001, Eric Pliez rejoint l'association Aurore - née en... 1871 - pour en prendre la direction générale. On lui assigne divers objectifs comme de décloisonner le sanitaire et le social et de s'étendre hors de Paris. Depuis, son association a grossi, grossi, devenant un acteur de poids sur Paris. "Il y a deux choses qui me guident : répondre au plus près des besoins ; être dans l'innovation permanente", estime-t-il. Quand on lui demande les réalisations dont il est le plus fier, il en cite trois : des jardins biologiques à Sevran (93) qui produisent 20 tonnes par an ; l'expérimentation Zéro chômeur de longue durée dans le 13e arrondissement ; le projet Grands Voisins dans le 14e. Et depuis six ans, Eric Pliez préside le Samu social de Paris. "Les choses se croisent", dit-il.
Ce n'est pas la première fois qu'Eric Pliez se présente aux européennes. En 2014, pour rendre service à des copines, il avait accepté de se présenter sur une liste féministe. Mais cette fois-ci, avec sa 7e place, c'est plus sérieux. Il apprécie chez Benoît Hamon la volonté d'ouverture à la société civile même s'il regrette la très forte division à gauche. Dans cette campagne, il apprécie de rencontrer des gens très divers : "Cela me sort de ma zone de confort habituel", explique-t-il.
En termes d'idées et de proposition, il est très sensible à la question de la pauvreté et notamment au fonds d'aide aux personnes démunies, régulièrement remis en cause. "Derrière cet enjeu de pauvreté, se pose la question du salaire minimum." Il cite également les questions de l'économie sociale et solidaire et des migrants. Et quand on lui dit que le pari électoral est très risqué, il répond : "J'y vais avec la conviction que c'est possible."
 
 
En missions
Laura Slimani fait partie de l'école MJS (Mouvement des jeunes socialistes) qui a rallié en masse le parti de Benoît Hamon. De 2013 à 2015, celle qui est passée par l'IEP de Bordeaux est devenue présidente du MJS. C'était l'époque de la présidence Hollande, avec ses avancées et ses désillusions. Entre 2015 et 2017, Laura se retrouve à Yes (Young European Socialist) où elle s'initie aux arcanes européens. Cela lui sera fort utile pour postuler au poste de chargé de missions "Europe, prostitution et culture" de la Fédération des acteurs de la solidarité (1). Un poste qu'elle commence à exercer en janvier 2017. "J'ai démarré avec pas mal de connaissances sur l'Europe, mais peu sur le social", explique celle qui s'est fait élire au conseil municipal de Rouen.
Sur les fonds européens, elle tente d'obtenir qu'ils soient davantage orientés vers la lutte contre la pauvreté. Sur la prostitution, elle anime un groupe de travail qui tente de suivre la mise en oeuvre de la récente loi, notamment sur le plan des parcours de sortie de la prostitution. "Il y a une bataille budgétaire à mener pour augmenter les fonds attribués", explique-t-elle.
Elle estime que le secteur est très impacté par les décisions européennes, notamment sur les réfugiés (le règlement de Dublin) et les aides apportées aux CHRS. "C'est une élection fondamentale", assène la quasi-trentenaire qui figure en 18e place de la liste du printemps européen. 
 
(1) Son directeur Florent Guéguen a, pour sa part, apporté son soutien à la liste conduite par Ian Brossat
 
Entre Bretagne et Sénégal
C'est clair qu'il n'est pas dans les premières places de la liste, celles pour lesquelles on écrit en plus gros le nom. Romain Queffelec est en 67e place (sur 79) et il ne semble pas en faire un fromage. Pour lui, l'important semble d'en être. "Le programme de Benoît Hamon m'a paru pertinent, dit-il. J'ai apprécié l'idée d'une liste citoyenne qui valorise une logique de militantisme."
Romain fait des liens entre les thèmes développés par la campagne et son propre travail. Pendant dix ans, cet animateur de formation a travaillé pour une association qui venait en aide aux sans-abri. Il a également opéré plus brièvement pour un Caarud dans le champ de la toxicomanie. Il s'est même accordé une pause de deux ans pour passer un CAP de... cuisine, sa passion. Après ce break, il a été embauché par une association de protection de l'enfance opérant en milieu ouvert. "Pour des jeunes de 13 à 17 ans déscolarisés ou évoluant dans un milieu familial défaillant, nous proposons des séjours de rupture de quatre mois au Sénégal. Sur place, les jeunes bénéficient d'un accompagnement éducatif et réalisent des activités sportives", explique-t-il. Un système qui lui semble très positif même si les résultats ne sont pas toujours immédiats. "Parfois, on ne voit les effets que beaucoup plus tard", souligne Romain. Pour ces raisons professionnelles, il séjourne deux à trois mois par an au Sénégal.
Par ailleurs, il est engagé dans des combats associatifs pour l'accès à la culture. Il s'est également impliqué sur les questions de réfugiés. L'idée de se présenter est venu "petit à petit". Sa volonté, c'est de "porter la parole un peu plus haut". 
 
 
Liste Pour l'Europe des gens, contre l'Europe de l'argent
Emmenée par l'élu parisien Ian Brossat (adjoint au logement), la liste présentée par le parti communiste français est, écrit-elle, "la seule à être composée à 50 % d'ouvriers et d'employés". Trois de ses candidats ont un lien étroit avec les questions sociales.  
 
Syndicaliste des Ehpad
Sa vie à Barbara Filhol semble se confondre avec la question des Ehpad. Elle a vraiment épousé sa cause. En 1997, elle est ailleurs pourtant, secrétaire administrative dans un foyer logement d'une association appartenant à la Fehap. Dix ans après, l'association est dissoute et elle décide de passer dans la fonction publique hospitalière, même si elle y perd en salaire. La voilà à l'Ehpad des Lilas, à Vitry (Val de Marne). Aux élections professionnelles de 2014, cette mère célibataire élevant deux enfants se présente. Elle devient secrétaire générale CGT des Ehpad publics. "A la fin du premier mandat s'est déclenché le mouvement des Ehpad", raconte-t-elle.
A cette période, avec d'autres, elle entreprend un tour de France intersyndical des Ehpad. "Nous avons rencontré des établissements de tout statut et constaté qu'il y avait partout un manque de personnel, raconte-t-elle. Nous avons constaté que les organisations du travail ne sont pas bienveillantes. Certains personnels se retrouvent à faire des toilettes à 14 heures et à coucher les résidents à 20h30."
Pour elle, son combat syndical rejoint son initiative politique. "Je me suis présentée aux européennes parce que nous n'avons pas de relais politique, explique-t-elle. Malgré la forte mobilisation, Mme Buzyn ne nous reçoit pas."
Barbara Filhol explique qu'elle a été contactée par plusieurs listes et qu'elle a fait le choix de celle du PC (où elle figure au 10e rang). Elle constate que la gestion communiste du Val de Marne apporte des vrais progrès. Par exemple, le point de Gir se monte à 7,85 € alors qu'il est dans de nombreux départements à 5,35 €. "Je peux vous dire qu'on ne fait pas la même chose en Ehpad avec 7,85 € qu'avec 5,35 €", conclut-elle. 
 
 
 
Le porte-voix des SDF
Tout de go, Elina Dumont vous tutoie. Elle a vécu tant de choses inavouables, dans cette zone grise entre humanité et inhumanité, qu'elle prend quelques libertés avec les usages. Elle rentre tout de suite dans le sujet, vous raconte une existence pas spécialement bénie des dieux. Si on récapitule, cette pupille de l'Etat est jetée à la rue à 18 ans. Elle y reste bien une quinzaine d'années. Il faut attendre l'âge de 44 ans pour qu'elle obtienne un studio, non sans avoir un peu magouillé sur ses revenus. "Il fallait, pour avoir ce studio que je gagne 1 800 €", raconte-t-elle sans hésitation. Sa vie a donc été faite de petits boulots, de ménage, de nuits dans des hôtels de passe ou dans des centres d'urgence. Elle est aussi tombée dans l'enfer du crack et de l'alcool, a subi deux avortements... "Plus jamais, je ne veux que quelqu'un ne vive ce que j'ai vécu", explique Elina.

En 2013, elle sort son livre-récit Longtemps, j'ai habité dehors. Elle est invitée à l'émission Les Grandes gueules sur RMC où elle rencontre Ian Brossat, élu communiste parisien. Le contact entre les deux va durer. Elle sensibilise le jeune élu aux réalités vécues par les SDF, notamment la difficulté de sortir de la rue. "On a souvent des tas de dettes à rembourser. Par exemple, moi je rembourse 225 € par mois." Avec Brossat, elle signe une tribune pour défendre le centre d'hébergement situé dans le 16e arrondissement, contesté par une partie de la population. Elle soutient totalement son combat contre la logique des Airbnb qui envahit les villes. "C'est une catastrophe pour les SDF", estime-t-elle. Si bien que Ian Brossat lui propose de figurer sur la liste. "Au début, je ne voulais pas. J'avais peur", dit-elle. Finalement, elle figure au 18e rang et s'y sent bien. "J'assiste à un tas de meetings. Je participe à mort."

 

Assistante sociale alsaço-kurde
Pour des élections européennes, compter sur sa liste un citoyen alsacien a tout son sens. Si en plus, ce représentant local (puisque la session plénière a lieu une semaine par mois au Parlement de Strasbourg) a des origines kurdes et oeuvre dans le travail social, le symbole est encore plus éclatant. Placée en 36e place sur la liste Brossat, Hülliya Turan a l'avantage de cumuler les trois qualités. Alsacienne, elle l'est pleinement, étant même secrétaire départementale du PCF dans le Bas-Rhin. Elle est issue de la minorité kurde et a soutenu la grève de la faim des militants kurdes. "J'ai été en Turquie en juin dernier. J'ai pu voir la situation", raconte-t-elle.
Professionnellement, elle est assistante sociale. Elle travaille pour le compte du conseil départemental du Bas-Rhin. De 2010 à 2016, elle est intervenue pour l'aide éducative à domicile dans le cadre de la protection de l'enfance. Elle a également exercé un mandat syndical important au titre de la CGT qui l'a éloigné de son boulot. Mais elle a repris son activité professionnelle dans la protection de l'enfance, considérant qu'elle était indispensable à l'exercice de responsabilités syndicales. En tant qu'Alsacienne, elle veut défendre la place de Strasbourg, comme centre de la démocratie européenne.
 
 
 
 
 

Lire aussi les autres articles de notre série sur les élections européennes :

Tribune libre de Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité, et Freek Spinnewijin, directeur de la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA) : "Éradiquer la pauvreté en Europe, une urgence sociale et démocratique".

 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Noël Bouttier
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