Formations sociales : les étudiants doivent désormais candidater sur Parcoursup

Formations sociales : les étudiants doivent désormais candidater sur Parcoursup

16.01.2019

Action sociale

Exit l'épreuve de sélection écrite pour accéder aux formations sociales. Les candidats doivent désormais s'inscrire sur Parcoursup pour intégrer les filières menant aux diplômes d'Etat d'assistant de service social, d'éducateur spécialisé, d'éducateur technique spécialisé ou de jeunes enfants. Un changement de taille pour les écoles, explique André Mvogo de l'IRTS Parmentier.

La tant attendue réforme des diplômes du travail social est entrée en vigueur à la dernière rentrée 2018 et, avec elle, ses nouvelles modalités d'entrée en formation. Sont concernés par cette réingénierie les cinq diplômes suivants : diplômes d’Etat d’assistant de service social (DEASS), d’éducateur spécialisé (DEES), d’éducateur technique spécialisé (DEETS),  d’éducateur de jeunes enfants (DEEJE) et de conseiller en économie sociale familiale (DECESF).

Première année d'entrée en vigueur de la réforme

Cette révision permet de donner corps à une revendication réclamée de longue date par les professionnels : la reconnaissance de leurs formations - qui nécessitent trois ans d'étude après le bac - à leur juste niveau. Ces cinq titres sont désormais officiellement reconnus au niveau II du registre national de la certification professionnelle (RNCP) et se voient accoler le grade de licence (et non plus le niveau III qui correspondait à un Bac +2).

Cette revalorisation ne vaut que pour les futurs diplômés, autrement dit les promotions d’étudiants qui sont entrés en formation à la rentrée 2018 et qui obtiendront leur diplôme "nouvelle formule" à partir de 2021 (attention : pour la formation DECSF, les nouvelles dispositions ne sont applicables qu'à compter du 1er septembre 2020).

Les formations engagées avant le 1er septembre 2018, ainsi que les modalités de délivrance des diplômes correspondants, restent soumises aux dispositions en vigueur antérieurement.

Parmi les nouveautés : le processus de sélection des candidats pour l'entrée en formation.

Plus d'épreuve écrite

Les modalités d'accès aux formations menant à l'obtention des diplômes de travail social ont été simplifiées et harmonisées (lire notre dossier juridique). Les candidats doivent toujours détenir un niveau minimum de qualification. En revanche, l'épreuve d'admission écrite a été supprimée... Là, réside le grand changement. "Cette épreuve écrite nous permettait de mesurer la pertinence et le niveau de compétences des candidats", regrette André Mvogo, directeur des études à l'IRTS Parmentier Paris Ile-de-France.

De fait, avec cette réforme, les centres de formation en travail social se rapprochent de la procédure universitaire caractérisée par le système LMD (licence, master, doctorat) et le passage obligé par le site Parcoursup. Car voici la seconde évolution notable : la plateforme d'inscription, qui a succédé l'an dernier au système d'admission post-bac (APB) pour recueillir les choix d'orientation des lycéens, devient en 2019 une étape incontournable pour ceux qui veulent décrocher un diplôme social.

Baptême du feu

Tous les centres de formation dispensant des formations sociales y sont désormais répertoriés. A quelques jours du coup d'envoi, c'est donc bientôt le baptême du feu : la phase d'inscription et de formulation des voeux débute en effet le 22 janvier pour s'achever le 14 mars. A l'Institut régional du travail social (IRTS) Parmentier, le processus Parcoursup va ainsi concerner 90 % des candidats (bacheliers, futurs bacheliers, apprentis, étudiants en réorientation ou demandeurs d'emploi) ; seuls les candidats salariés, financés par l'employeur, un OPCA, un CIF ou un CPF n'y sont pas soumis et continueront donc à s'inscrire directement sur le site de l'IRTS.

L'entretien oral subsiste

Si pendant cette première phase, les établissements de formation n'ont pas à intervenir (pas de présélection), leur office commence au moment de la seconde phase. A la différence des universités, ceux-ci peuvent continuer à pratiquer la sélection : "Nous pouvons adresser des réponses négatives tout de suite au regard du dossier des candidats ou bien les convoquer à un entretien à l'IRTS". L'établissement a fait le choix de garder la procédure déjà en place, c'est-à-dire un entretien avec un binôme formateur/psychologue de l'école qui permet d'évaluer les motivations du candidat et la pertinence de son projet. "Nous retiendrons les candidats en fonction du nombre de places accordées par le conseil régional" [1]. Le système Parcoursup pousse en effet les écoles à retenir plus de candidats qu'ils n'ont de places. Malgré tout, il demeure bien possible qu'au bout du compte, les centres de formation aient à assumer un coût financier dans l'hypothèse où les effectifs ne soient finalement par remplis.

Flou artistique

Un brouillard épais entoure quelque peu cette année de lancement et, à ce stade, seules les grandes étapes du processus sont connues : une fois le candidat admis, il lui appartient de confirmer sa volonté d'intégrer le centre en question. Le jeune va émettre plusieurs choix (jusqu'à dix choix possibles). S'il a par exemple trois réponses positives, il va devoir choisir. Si l'IRTS Parmentier n'est pas l'heureux élu, il proposera alors la place aux personnes qu'il a placées sur liste d'attente. "Evidemment, nous ignorons quel sera le taux de confirmation, nous partons donc un peu à l'aveugle, c'est le flou artistique !", reconnaît André Mvogo. Le fait d'avoir l'écrit avant l'oral permettait de limiter la casse. Avec ce premier filtre qui saute, le travail de sélection va devoir se faire sur un temps très court : "nous allons devoir valider les dossiers à la chaîne", redoute déjà André Mvogo car "nous ne disposerons que d'une dizaine de jours avant convocation". Les équipes ne vont donc pas chômer, sachant que "fin avril, début mai, nous préparons aussi nos candidats sortants aux épreuves". Pendant trois ans, les formateurs vont de surcroît devoir jongler avec les deux système de certification (les étudiants entrés en formation avant la rentrée de 2018 continuent de relever de l'ancienne réglementation et des anciens référentiels).

Les étudiants doivent aller à la pêche à l'info

2019 est donc une année cruciale pour les instituts de formation en travail social mais aussi pour les futurs étudiants. Sont-ils d'ailleurs informés que la procédure a changé ? "Nous avons refondé notre site internet et l'information est disponible pour les quatre formations concernées [2]", rapporte André Mvogo. L'IRTS Parmentier organise d'ailleurs le 16 février prochain une journée portes ouvertes dans son établissement parisien : les jeunes et leur familles y trouveront un stand Parcoursup où ils pourront visionner un petit film explicatif et poser des questions aux membres de l'équipe.

 

Quelles qualités pour réussir en filière sociale ?

A l'occasion de l'entrée des formations sociales dans l'univers Parcoursup, un arrêté du 10 janvier 2019 définit pour les quatre diplômes concernés (DEASS, DEEJE, DEES, DEETS) les connaissances et compétences attendues des candidats, des éléments de cadrage national "définis avec le concours de l'ensemble des acteurs de l'enseignement supérieur pour informer les futurs candidats et leur famille", explique l'arrêté ministériel.

Pour réussir dans les formations sociales, le candidat doit ainsi :

  • Disposer de qualités humaines, d'empathie, de bienveillance et d'écoute ;
  • Montrer une capacité à gérer ses émotions et son stress face à des situations humaines difficiles ou complexes et à développer la maîtrise de soi ;
  • Montrer un intérêt pour les questions sociales et une ouverture au monde ;
  • Montrer un intérêt pour les questions d'apprentissage et d'éducation ;
  • Manifester de la curiosité et de l'intérêt pour l'engagement et la prise de responsabilités dans des projets collectifs ;
  • Pouvoir travailler de façon autonome, organiser son travail et travailler seul et en équipe ;
  • Savoir mobiliser des compétences d'expression orale et écrite.

Arrêté du 10 janvier 2019 publié au Journal officiel du 13 janvier 2019

 

[1] Rappelons que la réforme opère aussi un transfert de compétence de l'Etat à la région, désormais en charge d'agréer les centres de formation en lieu et place des DRJSCS (directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale).

[2] La formation menant au DECESF ne sera réformée qu'à partir de 2020.

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Linda Daovannary
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