Gouvernement : SOS ministères disparus !

Gouvernement : SOS ministères disparus !

19.05.2017

Action sociale

Plus resserré, le premier gouvernement Philippe ne fait pas que des heureux. Des pans entiers de l'activité ou de la population française ne se sentent pas représentés par cet exécutif. Parmi eux, les secteurs du logement et des personnes âgées. En revanche, le handicap se félicite d'avoir une secrétaire d'Etat "militante", mais ne lui signe aucun chèque en blanc.

Certains diront que l'on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs. En effet, passer d'un gouvernement de 38 (sous Valls/Cazeneuve) à 22 membres (lire notre article) laisse forcément orphelins quelques domaines d'action. Quand il s'agit de la disparition de la "Réforme de l'Etat", des "Anciens combattants" voire même de "l'Aide aux victimes", les protestations restent assez molles car la nécessité d'un portage politique n'est pas évidente. La question se pose tout à fait différemment quand le secteur en question est traversée par une vaste crise. C'est le cas, par exemple, du logement.

Qui veut du logement ?

"Le risque est de laisser sur la touche 4 millions de personnes mal-logées (sans-domicile, logements surpeuplés, privés de confort), mais aussi 12 millions de personnes fragilisées par la crise du logement." La Fondation abbé Pierre ne cache pas sa déception au lendemain de l'annonce de la composition du gouvernement où le mot "logement" n'a plus droit de cité. Même si le dossier devrait finalement être récupéré par le ministre de la cohésion des territoires, Richard Ferrand, le mouvement qui est aux avant-postes de la mobilisation contre le mal-logement, s'inquiète des conséquences d'une telle décision, et ce sur deux plans. D'une part, la fondation se demande "qui va porter les engagements pris par le candidat Emmanuel Macron le 31 janvier" (lire notre article). D'autre part, elle s'inquiète d'un "éclatement de l'action politique dans les domaines étroitement liés de l'hébergement, du logement, de la politique de la ville et de la rénovation thermique." Le mouvement dirigé par Christophe Robert plaide dès lors pour la nomination d'un "ministre à part entière".

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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La lutte contre la pauvreté dans le giron de Hulot ?

Dans la même veine, le collectif Alerte qui fédère une foultitude d'associations contre la pauvreté, est préoccupé par l'absence de toute référence, dans le casting gouvernemental, au chantier de la lutte anti-exclusion. Le profil très sanitaire de la ministre Agnès Buzyn qui semble très éloign��e des préoccupations purement sociales n'est pas fait pour le rassurer. Le porte-parole d'Alerte, François Soulage, espère que la lutte contre les exclusions tombe dans le giron de Nicolas Hulot, ministre d'Etat chargé de transition écologique et solidaire.

Le numéro 3 du gouvernement s'est fait remarquer pendant la campagne par la co-animation de l'Appel des solidarités (lire notre article) qui entendait faire un lien entre crise écologique et crise sociale. Mais François Soulage a conscience que cette hypothèse n'est pas la plus probable et que ce chantier, tout comme la question du travail social, a de grandes chances de tomber dans le giron de la santé et des solidarités.

Loi santé du 26 janvier 2016

Morceaux choisis d'un texte aux multiples facettes

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Front insolite pour le ministère des personnes âgées

Une autre disparition dans l'équipe gouvernementale, le ministère chargé des personnes âgées, a permis de constituer un front insolite réunissant un syndicat (la fédération santé et action sociale de la CGT), des associations spécialisées (AD-PA, Fnadepa et Synerpa) ou généraliste (Uniopss) et une ancienne ministre (Michèle Delaunay). Cette dernière parle carrément d'une "inexcusable erreur". La députée de Gironde écrit : "C'est aujourd'hui 15 millions de personnes qui se trouvent sans représentation, sans porte-parole, sans référence, pour faire évoluer notre société au regard du beau défi de la longévité et de toutes les questions qu'elle pose : santé, retraites, fiscalité, logement, familles, économie, grand-âge..." Laquelle demande un ministère transversal comme pour le handicap, rattaché directement à Matignon. L'AD-PA considère que "cette erreur [l'absence de ministère, NDLR] doit être réparée avant les élections législatives". Il reste donc moins d'un mois pour élargir le gouvernement Philippe.

Handicap : un profil militant très apprécié...

Mais, dans le champ des questions sociales, tout le monde ne "fait pas la gueule". La nomination de Sophie Cluzel comme secrétaire d'Etat auprès des personnes handicapées, a réjoui tous les intervenants dans ce champ. "On ne peut que saluer le fait que Sophie Cluzel soit rattachée directement à Matignon, comme le demandait l'APF", souligne son directeur général, Prosper Teboul. Le profil militant de la secrétaire d'Etat a tout pour plaire à l'organisation. "Personne ne peut croire que ce soit une nomination de façade ", poursuit le DG qui rappelle la carte blanche sur le handicap d'Emmanuel Macron lors du débat d'entre-deux-tours.

... mais il faut une feuille de route précise

Pour autant, l'APF ne va pas de se contenter de cette bonne nouvelle. "Il faut une feuille de route précise et dont l'application commence très vite", insiste Prosper Teboul. L'APF souhaite que soit organisée à l'automne des Etats-généraux du handicap qui permettrait un programme de travail mis en oeuvre et contrôlé par une conférence nationale du handicap. Trois chantiers, parmi d'autres, retiennent l'attention de l'APF. 1/ L'emploi. Il faut que la question de l'emploi des personnes handicapées trouve sa place dans les négociations qui vont s'ouvrir avec les partenaires sociaux sous l'égide de la ministre du travail Muriel Pénicaud. 2/ L'accessibilité. "Sans soutien à l'investissement, les objectifs des Ad'Ap ne seront pas atteints à partir de 2018." 3/ Les revenus. L'APF souhaite que l'augmentation de 100 euros de l'AAH promise par le candidat Macron soit mise en oeuvre la première ou deuxième année et que plus aucune personne handicapée ne vive en-dessous du seuil de pauvreté. Bon, comme dirait le Premier ministre, au travail maintenant !

Noël Bouttier
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