Hébergement : les associations tirent (une fois encore) le signal d'alarme

Hébergement : les associations tirent (une fois encore) le signal d'alarme

25.02.2019

Action sociale

Les 36 organisations qui composent le collectif des associations unies ont appelé le 21 février à des rassemblements, notamment à Paris, pour interpeller les pouvoirs publics sur la situation difficile de l'hébergement. Elles demandent à ce qu'aucune remise à la rue ne soit effectuée sans solution de relogement ou d'hébergement. Illustration de la situation à Toulouse

Sur la place René Cassin, juste devant la majestueuse église parisienne Saint-Eustache, les dizaines de bénévoles ou de salariés des associations de solidarité se rassemblent, endossant la couverture de survie, couleur or. Ils répondent à l'appel du collectif des associations unies pour une autre politique du logement (1) qui a décidé en ce 21 février de mobiliser pour parler des "oubliés de la République", ceux qui dans leur duvet de fortune ou sous leur abri précaire, tentent de survivre. Sur son tract, le collectif en appelle aux "pouvoirs publics - Etat et collectivités locales - afin qu'aucune personne isolée ou en famille hébergée dans le cadre des places hivernales ne soit remise à la rue, sans solution de relogement ou d'hébergement avec un accompagnement adapté." 

Le logement oublié du Grand débat

Sur place, des bénévoles de l'Armée du salut distribuent café, thé et soupe chaude ; un atelier de sérigraphie reproduit des affiches déconstruisant les idées reçues sur la pauvreté. Les deux porte-paroles dLes deux porte-paroles Christophe Robert et Florent Guéguen u collectif prennent tour à tour le micro. Directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité, Florent Guéguen (2) illustre la dégradation de la situation. A Paris, la Nuit de la solidarité a comptabilisé 10 % de SDF en plus. Dans plusieurs grandes villes (Lyon, Toulouse notamment), la pénurie de places se fait sentir. En Seine-Saint-Denis, ce sont 200 à 300 personnes, dont des femmes sortant de la maternité, qui se retrouvent à la rue. "Nous aurions pu penser, poursuit Florent Guéguen, que la question du logement serait au coeur des annonces du président de la République le 10 décembre. Il n'en a rien été. Dans le questionnaire servant de base au Grand débat, le logement n'est envisagé que sous l'angle des économies à réaliser." Et le directeur de la fédération fustige le refus de l'Etat d'entreprendre un comptage national des personnes sans domicile.

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Le budget du logement en fort recul

Prenant le relais, Christophe Robert constate que "les efforts réels ne sont pas à la hauteur des besoins". Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre explique que le budget du ministère du logement est celui qui doit le plus contribuer à la réduction du déficit budgétaire. Il fustige les "petites phrases prononcées par le président de la République", comme celle sur le "pognon de dingue". Il revient une nouvelle fois sur la baisse des APL et ses conséquences sur le budget des familles pauvres. A un mois de la fin de la trêve hivernale, Christophe Robert insiste sur le "moratoire des expulsions locatives". 

Loi santé du 26 janvier 2016

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Direction la ville rose !

A près de 700 km de là, la ville de Toulouse affronte elle aussi une situation difficile. La responsable régionale de la Fédération des acteurs de la solidarité explique que "des efforts ont été réalisés depuis quatre-cinq ans pour améliorer la situation." Pour autant, poursuit Anne-Claire Hochedel, le type de réponses n'est pas satisfaisant. L'offre hôtelière a explosé avec 1 500 personnes hébergées ; elles n'étaient que 400 voici deux-trois ans. Des gymnases ont été ouverts cet hiver. Mais cela ne suffit pas : dans la ville rose, on trouve un campement rassemblant 300 personnes, pour la plupart en famille. Le 1er mars, un patrimoine public inoccupé de la ville devrait accueillir 220 personnes, mais cela ne devrait durer que jusqu'à l'été. Les associations se battent pour qu'une solution préenne soit trouvée pour ces 220 personnes.

Mouvement de grève au SIAO

Déléguée syndicale (CGT) du Service intégré de l'accueil et de l'orientation (Siao), Sylvie Fernandez explique qu'il y a beaucoup de mères isolées à la rue. "Ce public grossit, estime-t-elle, même si nous arrivons à peu près à pourvoir les demandes des femmes." Le Siao de Toulouse (qui gère également le Samu social et une permanence d'accueil) a connu ces dernières semaines des mouvements de grève. Le personnel entendait protester contre le décision de l'Etat de fermer le robinet. "Entre juillet et mi-décembre, nous ne pouvions pratiquement plus faire de prise en charge de famille." Depuis, les vannes de l'hébergement se sont quelque peu ouvertes, mais l'inquiétude reste grande pour la sortie de l'hiver. Comme l'explique le collectif des associations unies, "la gestion au thermomètre" continue à guider la politique gouvernementale. 

 

(1) Le collectif a publié une tribune sur le site de l'Obs.

(2) Il a cosigné une tribune dans notre édition du 22 février suite à la déclaration du Premier ministre envisageant de lier versement d'allocations sociales à la réalisation d'heures de travail. 

Noël Bouttier
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