Le TGI de Nanterre a donné ce mercredi gain de cause aux représentants du personnel de l'UES Canal +. En privant le CHSCT des informations nécessaires pour pouvoir rendre un avis éclairé sur le projet de "News Factory" la direction du groupe Canal + a commis un délit d'entrave.
Après 31 jours de grève et 25 départs supplémentaires au sein de la rédaction, les salariés d'i-Télé (Groupe Canal +) ont voté ce mercredi à l'unanimité la reprise du travail "dès que le protocole de fin de conflit aura été signé" (notre encadré ci-dessous). Parallèlement, les élus du personnel de l'UES Canal + ont, eux, obtenu pleinement satisfaction devant le juges et obtenu une condamnation pénale de la direction pour délit d'entrave.
Projet global et important de création d’une “News Factory” dont les conséquences sont susceptibles de modifier les conditions de santé et de sécurité ou les conditions de travail des salariés de l'UES Canal Plus, est-il reconnu. En outre, l’UES Canal Plus ne conteste pas avoir débuté les opérations de déménagement ainsi que celles de pose d’une enseigne “News Factory” sur la façade de l’immeuble Arcs de Seine le samedi 22 octobre 2016, matérialisant ainsi la visibilité de son projet, enseigne qu’elle a ensuite fait retirer, sans répondre aux questions et demandes d’informations du CHSCT et sans attendre l’expiration du délai légal de consultation du CHSCT". Et les magistrats d'en conclure : "le CHSCT n’a pas disposé des informations suffisantes pour exprimer valablement un avis éclairé avant la mise en oeuvre du projet et que le délai légal pour rendre son avis n’a pu commencer à courir à compter du 11 octobre 2016 en raison du refus réitéré à plusieurs reprises, les 14 et 19 octobre de la direction d’organiser une nouvelle réunion pour fournir les informations suffisantes et les réponses aux questions posées tout en débutant le 18 octobre la mise en oeuvre de son projet de d’emménagement/réaménagement/déménagement des équipes de l’UES Canal plus sur le site Arcs de Seine. La procédure d’information/consultation n’ayant donc pas été régulièrement menée, il convient de constater que l’UES Canal Plus a violé les dispositions de l’article L 4612-8-1 du code du travail. (...) il convient d’ordonner la suspension du projet de création d’une “News Factory” et les déménagements consécutifs à ce projet de création d’une “News Factory” jusqu’à ce que le CHSCT dispose des éléments d’information nécessaires à l’expression de son avis".
Pour l'avocat des représentants du personnel, il s'agit là "d'une très belle décision". "Ce jugement oblige la direction de l'UES Canal + à redémarrer complètement la procédure d'information-consultation du CHSCT, et à mon sens, du comité d'entreprise également".
À noter : l'action du comité d'entreprise est en revanche jugée irrecevable au motif que les élus n'ont pas pris la peine d'inscrire un point particulier dans l'ordre du jour de la réunion CE du 26 septembre pour délibérer sur le mandatement donné au secrétaire de l'instance pour agir en justice contre la direction de l'UES. |
Fin de conflit au sein d'i-Télé : les engagements obtenus par la SDJ |
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L'accord de fin de conflit, qui hier après-midi n'avait pas encore été signé selon le journaliste Milan Poyet, un des porte-parole du mouvement lancé par la société des journalistes (SDJ), devrait au moins partiellement donner gain de cause aux grévistes. "Nous n’avons pas obtenu le retrait de Jean-Marc Morandini. Mais nous avons obtenu que son travail soit très encadré et qu’aucun collaborateur d’i-Télé ne soit contraint de travailler avec lui contre son gré, une disposition sans précédent dans une entreprise de presse, énonce le texte rédigé par les journalistes d'i-Télé. Nous n’avons pas obtenu la séparation des postes de directeur général et de directeur de la rédaction. Mais nous avons obtenu des garanties sur l’indépendance de la rédaction. Une charte éthique sera rédigée, dans le cadre de la loi Bloche, dans les 4 mois. Ces dispositions, nous les avons obtenues pour ceux qui demeurent à i-Télé. Pour tenter de leur assurer un cadre de travail pérenne. Pour protéger ceux qui quittent i-Télé nous avons revendiqué un cadre collectif de négociation". Les journalistes qui souhaitent quitter i-Télé auront en effet la possibilité de faire jouer leur clause de conscience (*) du fait de la présence à l'antenne de Jean-Marc Morandini, mis en examen pour corruption de mineurs. (*) La clause de conscience est une disposition propre aux journalistes professionnels. Elle leur permet de démissionner tout en bénéficiant du régime du licenciement, mais à condition que cette démission soit décidée à l'occasion d'un changement de situation juridique de l'employeur (vente ou rachat, par exemple) ou d'une modification de la ligne éditoriale. |
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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