IBM : la colère contre le PSE et l'externalisation des secrétaires s'amplifie

IBM : la colère contre le PSE et l'externalisation des secrétaires s'amplifie

06.06.2016

Représentants du personnel

L'intersyndicale d'IBM (CFDT, CGC, CFTC, CGT, FO et UNSA) appelle à une nouvelle journée de grève ce lundi 6 juin. Les syndicats, qui ont refusé de signer l'accord sur le PSE, craignent des licenciements secs et dénoncent l'externalisation brutale de 100 secrétaires de direction. Interview de Marc Grimault, délégué syndical central CGT.

Pourquoi appelez-vous les salariés à une nouvelle journée de grève aujourd'hui, après celle du 26 mai ?

Nous avons organisé une première journée de grève le 26 mai qui a été suivie par un millier de salariés d'IBM France. Nous avons reconduit l'action avec cette journée de grève le 6 juin car il ne s'est rien passé. La direction ne négocie toujours pas. Ils ont simplement pris acte qu'aucun syndicat n'avait signé le projet d'accord sur le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) portant sur 360 postes de l'entité GTS-IS, qui compte 970 salariés. IBM va donc faire un PSE unilatéral. Nous sommes en train d'étudier avec nos experts les moyens de convaincre la Direccte de ne pas homologuer ce plan, nous regardons notamment du côté des catégories professionnelles dont certaines paraissent avoir été pensées pour pouvoir cibler des personnes. Nous verrons ensuite si nous irons devant le tribunal administratif : à la CGT, nous y sommes prêts.

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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Ce n'est pas le premier PSE chez IBM...

Il y a déjà eu des PSE chez IBM mais nous arrivions jusqu'à présent à les gérer par des reclassements et des départs volontaires. Là, nous craignons des licenciements. Nous pensons qu'il est possible de les éviter en élargissant le périmètre du PSE à tout IBM France, qui compte 6 700 salariés, et où l'on pourrait trouver des candidats au départ et des possibilités de reclassement.

Qu'attendez-vous de cette grève et de cette action ?

Aujourd'hui, nous espérons être entre 300 et 500 salariés à manifester avenue de l'Europe, près du siège d'IBM France à Bois-Colombes, près de Paris. Nous cherchons à nous faire entendre, à médiatiser notre action. Ce n'est pas facile en ce moment car toute la "bande passante" est prise par la loi travail, le conflit à la SNCF et les intempéries.

 IBM a une bonne image mais nous voulons montrer la réalité sociale de l'entreprise

Mais c'est pour nous essentiel de rétablir la vérité sur IBM. Quand nous allons voir la Direccte, ils ont une bonne image de l'entreprise et ne comprennent pas que nous ne soyons pas contents. Il nous faut expliquer qu'il n'y aucun dialogue social, que l'accord de méthode que nous avions proposé à IBM pour négocier le PSE, ils n'ont même pas voulu le discuter puisqu'ils voulaient tout boucler en 4 semaines. Nous rappellerons aussi que IBM perçoit le crédit d'impôt recherche (CIR) et le CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi), soit 21,3 millions d'euros par an d'aides publiques. Car il n'y a pas que le PSE auquel nous nous opposons, il y a aussi d'autres projets...

Quels sont les autres projets qui vous font réagir ?

Il y a deux projets. Le premier consiste à transférer l'activité de crédit bail, qui représente 56 personnes, dans une autre filiale d'IBM, rattachée aux Pays-Bas et différente juridiquement d'IBM France. Pourquoi une telle opération ? (Ndlr : le communiqué intersyndical évoque l'hypothèse d'une optimisation fiscale et d'une recherche d'économie sur les avantages sociaux dont bénéficie le personnel d'IBM France). Le second projet consiste, en utilisant l'article L.1224-1 du code du travail, à transférer 100 secrétaires de direction d'IBM France, dont 70% travaillent au siège, dans une filiale de Manpower, avec laquelle IBM passerait un contrat pour assurer du travail jusqu'en 2020 (*). Il semblerait que cette filiale ne soit même pas créée. Le personnel est très inquiet et mobilisé. Ces secrétaires changeraient de convention collective et quel serait leur avenir après 4 ans ? (ndlr : IBM ressort de la métallurgie).

 

(*) L'usage de cet article pour un projet d'externalisation est également controversé chez PSA : lire notre article du 9 février 2016, "Externaliser l'informatique chez PSA, "c'est bafouer l'esprit du contrat social".

Bernard Domergue
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