L'intersyndicale CGT-FO-SUD a obtenu hier du ministre de l'Intérieur le retrait de l'interdiction de manifester à Paris, annoncée un peu plus tôt par la préfecture de police. Les cortèges syndicaux et étudiants ne réclameront en revanche le retrait du projet de loi Travail que dans le cadre d'un périmètre restreint autour de la place de la Bastille.
Un temps menacée, la manifestation parisienne prévue cet après-midi contre le projet de loi El Khomri aura bien lieu. Arguant principalement d'un épuisement des forces de l'ordre, mobilisées depuis plusieurs mois face au risque terroriste, tenues d'assurer ce mois la sécurité de l'Euro 2016 et confrontées aux violences des dernières mobilisations contre la réforme du code du travail, la préfecture de police de Paris avait d'abord annoncé hier matin l'interdiction des mobilisations faute d'être en mesure de garantir la sécurité de tous (*). Ce, avant que l'intersyndicale CGT-FO-SUD, réunie au siège confédéral de Montreuil, n'annonce un peu avant 13 heures avoir reçu in extremis le feu vert de Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur.
En conférence de presse, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, s'est d'abord félicité du revirement opéré par l'exécutif : "Le gouvernement avait franchi un nouveau cap dans sa volonté de bâillonner le mouvement social. Mais après des discussions serrées, les organisations syndicales et de jeunesse ont obtenu le droit de manifester le 23 juin à Paris, ainsi que l'autorisation de manifester le 28 juin, selon des modalités à discuter avec la préfecture".
Mais l'intersyndicale n'a pas obtenu totalement gain de cause. Le parcours du cortège des manifestants, initialement prévu de la place de la Bastille jusqu'à la place de la Nation (2,1 km), a été revu par le ministère de l'Intérieur : "Le départ demeure à la Bastille, mais dans le but de faire un tour du bassin de l'arsenal et revenir à la Bastille, indique Jean-Claude Mailly. Cela représente une boucle de 1,6 km", concède-t-il (voir la carte du périmètre concerné en pièce jointe). Faut-il y voir de manière déguisée la "manifestation statique" tant souhaitée par la préfecture de police de Paris ? "La publicité apportée par les autorités à cette journée va certainement amener davantage de monde, avec un risque d'encombrement, mais 1,6km ce n'est pas une manifestation statique. Dites cela à un unijambiste !, s'amuse le secrétaire général de FO. Le principal c'est le respect de la liberté de manifester. Depuis 1968 il n'y a jamais eu d'interdiction de manifester à l'appel d'organisations syndicales, cela aurait été une première".
Sur le fond, l'intersyndicale n'a pas manqué de rappeler qu'elle "ne se laissera pas détourner du coeur du problème qu'est le projet de loi Travail". "Je n'ai jamais connu de conflit qui dure aussi longtemps, commente Jan-Claude Mailly. À un moment il faudra bien trouver une solution. Et les propositions que nous avons formulées auprès de la ministre du Travail doivent permettre à tout le monde de sortir de l'impasse par le haut". Et Philippe Martinez d'ajouter : "Je voudrais insister sur la responsabilité des organisations syndicales. Nous avons adressé un courrier le 20 mai dernier au Président de la République. François Hollande n'y a toujours pas répondu. Et lorsque l'on a renoué le dialogue avec la ministre du Travail, trois jours plus tard c'est le Premier ministre qui a refermé la porte dans la matinale d'une radio publique et dans les colonnes d'un journal national. Donc il faudrait que la responsabilité soit réciproque".
(*) La conciliation entre les libertés syndicales, le droit de manifester et le cadre de l'état d'urgence avait fait débat dès janvier 2016, comme en témoigne notre vidéo réalisée alors, dans laquelle Jean-Claude Mailly explique que "nous sommes sur le fil du rasoir".
Plus tard dans la journée, la CGT, la FSU, Solidaires, SAF, UNEF, FIDL, UNL et la LDH ont demandé hier l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministère de l’intérieur quant au maintien de l’ordre durant les manifestations : "De nombreux manifestant-tes sont victimes de graves dysfonctionnements : délogés, pourchassés, blessés, interpelés par les forces de police alors même qu’ils n’ont commis aucune infraction ! Dans le même temps, certains individus responsables de "casse" sont contenus en tête de cortège sans jamais être neutralisés par les forces de police, est-il déploré. Des policiers syndiqués l’ont d’ailleurs dénoncé". |
Les syndicats réformistes prennent la défense du droit à manifester |
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La commission exécutive de la CFDT, qui ne demande pas le retrait du projet de loi Travail, avait condamné hier en début de matinée dans un communiqué l'interdiction des manifestations annoncée par la préfecture de police de Paris. "Face aux violence qui ont eu lieu lors des dernières manifestations et face aux risques qui pèsent sur celles à venir, il est indispensable de trouver les moyens pour assurer la sécurité des personnes et des biens, en lien avec les organisateurs, énonçait le texte du syndicat réformiste. Si la CFDT ne partage pas sur le fond la position des organisations qui appellent à la mobilisation, elle défend leur droit à manifester pour l'exprimer". Même position côté UNSA : "l’UNSA, qui ne partage pas les revendications des syndicats appelant à manifester le 23 juin, ne peut que condamner cette interdiction, estimant que le droit à manifester est un élément démocratique fondamental", a-t-elle indiqué. La CFE-CGC n'a pour sa part réagi qu'après l'annonce du retrait de l'interdiction de manifester à Paris. L'occasion pour le syndicat des cadres d'inviter une nouvelle fois le gouvernement à amender son texte : "Il est encore temps pour le gouvernement de réagir et (la CFE-CGC) l’exhorte à redonner toute la place et le temps nécessaire aux échanges pour favoriser une authentique sortie de crise. Nous continuerons à agir dans cette optique", peut-on lire sur le site de la confédération. |
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