L'accompagnement financier, priorité des associations

L'accompagnement financier, priorité des associations

24.01.2019

Action sociale

Nous publions en exclusivité les résultats d'une étude réalisée par Recherches & Solidarités auprès de 2 000 associations sur leurs besoins d'accompagnement. Quatre attentes sont prioritaires : d'abord en matière de financement, ensuite concernant les bénévoles, la communication de l'association et enfin l'accompagnement des projets.

Comme l'explique très bien le sociologue Roger Sue, les associations vivent un difficile paradoxe : au vu des déchirures territoriales et sociales - illustrées par le mouvement des Gilets jaunes - leur intervention est de plus en plus attendue, voire sollicitée. D'un autre côté, elles subissent une baisse des subventions tant des officines d'Etat que des collectivités locales. Elles doivent dès lors se poser un certain nombre de questions pour maintenir ou faire évoluer leurs activités. Mais, les associations ont souvent besoin d'être accompagnées. Trouvent-elles chaussure à leur pied ? C'est tout l'intérêt de cette étude conduite au printemps 2018 auprès de 2 062 responsables d'associations, réparties dans tous les champs (santé, social, humanitaire, culture, sport, loisirs, éducation populaire).

Un triptyque de besoins

L'étude liste d'abord l'ensemble des besoins d'accompagnement que pourraient rencontrer les associations. Certains comme la fiscalité et la comptabilité sont déjà satisfaits dans la moitié des cas. Il ne reste que 17 % des structures qui aimeraient être accompagnées dans ce champ. Il en est de même pour l'accueil et l'accompagnement des bénévoles, de la gouvernance ou du juridique : globalement, les associations savent faire et ne pensent pas avoir besoin d'une aide. "Les priorités d'accompagnement portent sur le triptyque "capitaux financiers - humains - compétences", explique le document. L'une des associations interrogées explique ainsi qu'elle a besoin "des financements pour accompagner plus de jeunes en difficultés et pouvoir former plus de personnes sur les métiers sous tension."

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Quels types de structures apportent ou pourraient apporter un soutien aux associations ? Les services municipaux ou intercommunaux sont les premiers mobilisés : 41 % des accompagnements sont de leur fait. La maison des associations est également très sollicitée. En revanche, les associations sont demandeuses d'un accompagnement par les services du conseil départemental ou régional qui n'arrive pas toujours. A noter qu'un bon quart d'entre elles seraient intéressées par un appui d'un site ou d'un expert du numérique.

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Quatre besoins apparaissent prioritaires pour les associations : d'abord le financement, ensuite la recherche de nouveaux bénévoles, la communication et l'accompagnement des projets. La question des financements est devenue plus prégnante depuis que l'Etat et les collectivités locales ont réduit leur contribution. En 2017, explique le document, 35 % des associations étaient en difficultés et même 11 % en grande difficulté. Pour près d'un responsable associatif sur deux, l'enjeu financier est primordial.

Les attentes du social

La proximité joue déjà puisque 43 % des associations ont été accompagnées financièrement par un service communal ou intercommunal. Trois fois sur dix, la banque ou l'assurance a joué ce rôle. Mais ce qu'attendent en grand nombre les associations, c'est un appui d'organismes spécialisés dans le financement (France active) ou le mécénat ou bien encore dans la collecte d'argent (France générosités). Une même proportion d'associations (45 %) aimerait travailler davantage avec des entreprises ou des fondations sur le mécénat. L'étude note une spécificité des associations intervenant dans le social qui "semblent plus nombreuses à chercher à diversifier leurs sources de financement en étant plus en attente d'un accompagnement de la part des organismes spécialisés notamment dans le mécénat, les relations avec les entreprises, les dons des particuliers."

Se rapprocher des entreprises

La question des bénévoles arrive en seconde position des préoccupations. Le champ est assez large puisqu'il concerne le recrutement de nouveaux bénévoles, leur disponibilité et l'animation des équipes. Les trois réseaux que les associations aimeraient bien mobiliser sont les organisations spécialisées dans le recrutement (type France bénévolat), un centre de ressources pour bénévoles ou bien une entreprise qui pratique le mécénat de compétence. Comme l'explique Roger Sue dans son introduction, "le plus grand rapprochement avec les entreprises fait de tout salarié un bénévole en puissance, dans le cadre d'un nouvel aménagement du temps de travail et du développement des compétences." Le gouvernement a indiqué récemment que la fonction publique devrait être aussi concernée par ce mécénat des compétences.

Le défi de la communication

La communication est également une préoccupation forte, surtout quand les associations sont de taille importante. Une structure sur trois a déjà bénéficié de l'aide de la commune ou de l'intercommunalité. Mais elles sont dans les mêmes proportions en attente de l'accompagnement fourni par quatre types de structures : les entreprises (mécénat), un service du conseil départemental ou régional ou des solutions sur internet (AssoConnect, Solidatech...).  A noter que pour 40 % des associations n'éprouvent aucun besoin d'appui en matière de communication. 

Accompagner les tournants stratégiques

Reste le dernier chantier, celui de l'accompagnement des projets. Les associations attendent un soutien en la matière de la part de trois types de structures : les services du conseil départemental ou régional, les entreprises (dans le cadre du mécénat). L'étude note qu'il existe "une difficulté pour les associations de déterminer quel acteur est le plus en mesure de l'accompagner dans les tournants stratégiques". Toutes les associations ne sont pas demandeuses : une partie ne compte pas faire évoluer son projet associatif ; une autre partie a des ressources internes pour mener à bien cette entreprise.

Les apports des associations à la société

Mais le fait de solliciter un accompagnement peut susciter la réserve de certaines associations qui ne veulent pas donner l'impression de quémander. Le sociologue Roger Sue balaye cette objection : "L'appel aux pouvoirs publics ou aux entreprises n'est que le juste retour de ce qu'apportent les associations comme compétences à une économie relationnelle de plus en plus fondée sur l'échange de compétences."     

Noël Bouttier
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