L'accord trouvé chez STMicroelectronics pour la continuité de l'activité

L'accord trouvé chez STMicroelectronics pour la continuité de l'activité

23.03.2020

Représentants du personnel

La CFDT et la CFE-CGC ont signé le 18 mars avec la direction de STMicroelectonics (11 000 salariés en France) un accord portant sur la poursuite de l'activité pendant la crise sanitaire. La production ne s'arrête pas mais ralentit, avec moitié moins d'opérateurs dans les usines, tandis que les mesures de protection sont renforcées, avec un fort recours au télétravail. Insuffisant, juge la CGT.

Cela fait plusieurs semaines que les organisations syndicales de STMicrolectronics (CFE-CGC, CFDT, CGT) se préoccupent de la crise sanitaire, bien avant que le gouvernement ne sonne l'alerte générale, grincent les élus de cette entreprise qui emploie 11 000 salariés en France pour concevoir mais aussi fabriquer des puces électroniques. "Nous avons demandé très vite la mise en place du télétravail pour les volontaires, mais cela a été progressif", raconte Eric Potard, délégué syndical central CFDT de STMicroelectronics. Ensuite, rapporte-t-il, "nous avons menacé d'accompagner les salariés jusqu'au droit de retrait si des mesures de sécurité n'étaient pas prises". L'entreprise a mis à disposition du gel hydroalcoolique sur les lieux de travail, organisé un roulement pour les restaurants d'entreprise afin de limiter le nombre de personnes présentes simultanément sur place, supprimé la mise à disposition des couverts. Cela fait également plusieurs semaines que les personnes fragiles (femmes enceintes, personnes diabétiques, etc.) ne viennent plus travailler tout en voyant leur rémunération maintenue.

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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L'allocution du président de la République ravive les inquiétudes

Cette phase a duré jusqu'à la déclaration du président de la République, le 16 mars, imposant un confinement étendu. L'allocution a ravivé l'inquiétude des salariés, relève le délégué syndical.  Et provoqué donc une négociation sur les conditions de la poursuite de l'activité pendant la crise sanitaire. Si la CGT était favorable à l'arrêt pur et simple de l'activité, les autres organisations ont eu une autre approche. "Nous ne souhaitions pas d'arrêt total à partir du moment où la sécurité sanitaire était assurée", justifie Eric Potard.

CFDT et CFE-CGC ont obtenu une réduction de moitié des effectifs sur les sites, réduction écrite dans l'accord, "ce qui permet de maintenir l'activité a minima car une fermeture serait difficile à redémarrer", le tout sans perte de rémunération.

Nous avons demandé un contrôle de la température à l'entrée des sites

 

 

Sur les 11 000 salariés (environ 4 000 à Crolles près de Grenoble dont la moitié en R&D, 2 500 à Rousset, dans les Bouches-du-Rhöne, 1 600 à Tours, une centaine près de Rennes, etc.), envirion 70% sont en télétravail. "Nous avons demandé un contrôle de la température à l'entrée des sites", explique Eric Potard selon lequel la mesure doit rassurer les salariés (*). Elle est ainsi spécifiée dans l'accord : "Une prise de température spécifique pourra être réalisée à l'entrée des sites. Toute personne qui aura une températeur supérieur à une limite fixée par la CSSCT centrale et le médecin du travail coordonnateur France sera invitée à rentrer chez elle et consulter son médecin traitant ou se connecter sur le site internet Ameli.fr pour obtenir un arrêt de travail. Les modalités de mise en oeuvre des contrôles de température seront définies par chaque établissement en lien avec leur CSST". 

Le délégué syndical se montre pour autant rassurant : "Dans les salles blanches, l'atmosphère est contrôlée pour la production, tout le monde travaille déjà en combinaison avec masque et gants". Le nettoyage des locaux a été renforcé et les salariés qui continuent à travailler sur les sites sont invités à s'y rendre avec leur véhicule, afin de ne pas utiliser les transports en commun. L'accord prévoit d'ailleurs une indemnisation pour ces déplacements. L'accord s'applique depuis le 19 mars et jusqu'au 2 avril 2020 (lire le texte en pièce jointe).

Les critiques de la CGT

La CGT juge "insuffisant" l'accord qu'elle ne signe donc pas. Alors que "la direction avance l'argument du maintien de la demande des clients et du redémarrage de la Chine",  le syndicat rétorque que "nos productions ne sont pas immédiatement indispensables à la vie du pays" et qu'il aurait mieux valu fermer les sites français, "ceci à la fois pour préserver la santé de tous les salariés et pour contribuer à l'action globale contre l'épidémie". Et la CGT d'estimer que "la moindre des choses est que les restrictions concernant la vie privée soient cohérentes avec ce qui se passe dans les entreprises".

 

(*) Cette solution avait été pratiquée par PSA, avant que le constructeur, sous la pression des syndicats, ne décide de fermer ses usines. Le 6 mars dernier, donc avant les mesures de confinement, la commission nationale informatique et libertés (CNIL), avait rappelé aux employeurs qu'il leur était interdit de procéder à des relevés obligatoires des températures corporelles de chaque employé, agent ou visiteur, et de collecter des fiches et questionnaires médicaux auprès de l'ensemble des employés.

Bernard Domergue
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