L'APF France handicap lance une caravane pour les droits

L'APF France handicap lance une caravane pour les droits

09.05.2019

Action sociale

A l'occasion des deux ans de l'élection d'Emmanuel Macron, APF France handicap exprime son impatience. Malgré quelques mesures, le nouveau pouvoir n'a pas répondu aux attentes. Plus grave, une enquête d'opinion montre un état de désespérance inquiétant des personnes handicapées. Pour mettre la pression, l'APF organise une caravane dans toute la France jusqu'au 14 mai.

Une chose est sure : l'APF France handicap a le sens des anniversaires. Deux ans jour pour jour après l'élection à la présidence d'Emmanuel Macron, l'organisation regroupant des handicapés moteurs a tenu une conférence de presse à son siège parisien et lancé une caravane de quatre coins de la France pour faire valoir les droits des personnes handicapées. Laquelle caravane doit arriver le 14 à Paris. Et le 14 mai, c'était la date de prise de fonction du président de la République il y a deux ans...

Quelques mesures positives...

Si l'APF s'accroche ainsi aux dates anniversaires du président, c'est qu'elle y a cru au renouveau. "C'était un candidat sympathique, plutôt jeune", rappelle le président de l'organisation, Alain Rochon qui avoue avoir fait une erreur : "C'est très compliqué de modifier une virgule avec lui." L'association avait applaudi l'annonce d'une priorité sur le handicap et la nomination d'une secrétaire d'Etat rattachée à Matignon et non à la Santé. Réflexion faite, ce n'était pas une bonne idée, estime l'organisation, puisque les ministres se sont désintéressés de la question, disant qu'il fallait s'adresser directement à Sophie Cluzel. "Il faut être honnête, explique le président de l'APF, certaines mesures ont été positives". Et de citer les droits à vie, l'augmentation de l'AAH, l'élargissement du droit de vote, l'accroissement du nombre d'auxiliaires de vie scolaire pour les enfants handicapés, etc.

En même temps, d'autres moins positives

Mais voilà, poursuit Alain Rochon, avec Emmanuel Macron, il y a un "en même temps". Et de citer les 300 000 bénéficiaires de l'AAH qui ne bénéficient pas de l'augmentation de l'allocation, "l'article 64 de la loi Elan" qui marque un "bond en arrière de 50 ans" avec l'abandon du tout-inclusif. Le président de l'APF raille aussi le décalage entre le travail réalisé par les intervenants de terrain (l'APF a ainsi récolté 600 propositions) et les annonces présidentielles suite au Grand débat. L'accent mis sur les aidants familiaux inquiète fortement Alain Rochon qui y voit une priorité donnée à la solidarité familiale sur la solidarité nationale.

3 500 réponses

La détermination de l'organisation à faire bouger les lignes est accentuée par l'état dépressif dans lequel se trouvent les personnes handicapées. Pour la seconde fois, l'APF a organisé une consultation en ligne des personnes handicapées, dont les résultats ont été analysés par l'Ifop. Près de 3 500 réponses ont été enregistrées dont 40 % émanent d'adhérents. Si la moitié des personnes ont un handicap moteur, un tiers souffrent d'une maladie invalidante et une sur dix d'un handicap psychique.

Noirceur et pessimisme

Disons-le franchement : les résultats sont impressionnants de noirceur et de pessimisme. L'action gouvernementale ? 91 % ont un état d'esprit négatif dont 74 % se déclarent révoltés (la question de leur proximité avec les Gilets jaunes n'a malheureusement pas été posée). Les engagements d'Emmanuel Macron ? Seuls 17 % estiment qu'il les a tenus. Si on fait défiler les différents champs de l'action publique, rien ne trouve grâce aux yeux des personnes interrogées. Sur l'accessibilité, ils sont 14 % à lui faire confiance pour améliorer la situation. Sur la lutte contre la pauvreté, la désespérance est maximale : 8 % pensent qu'elle peut reculer. Le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi, estime qu'il n'a jamais vu un tel niveau de défiance.

Peu d'impact de la réforme de l'AAH

Sur la question des ressources, la situation est inquiétante. Plus de 8 personnes sur dix déclarent des difficultés pour finir le mois avec leurs ressources. Concernant  la réforme de l'AAH, deux tiers disent ne pas avoir été impactés ; le tiers restant se partage entre ceux qui ont été impactés positivement et négativement. Quant aux priorités pour l'avenir, la prise en charge financière intégrale des aides (sans reste à charge) arrive en tête des propositions. 

Introduire le handicap dans la Constitution

Face à cette situation préoccupante, l'APF France handicap ne baisse pas les bras. Le 7 mai, la caravane "En route vers nos droits !" est partie de quatre villes (lire encadré). Le 14 mai, ces quatre cortèges convergeront à Paris pour une déambulation dans les rues de la capitale et un rassemblement place de la République. Parallèlement, le président Rochon doit remettre à l'Elysée une lettre qui demande notamment l'introduction de la question du handicap dans la Constitution (1) et la fin de la prise en compte des ressources du conjoint dans la base de calcul de l'AAH. En espérant que cela influe les conclusions de la prochaine conférence nationale du handicap, le mois prochain.

 

(1) L'article 1er pourrait être ainsi modifié : "La France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans discrimination de sexe, d'origine, de handicap ou de religion".

 

La caravane des droits

Partie de Rennes, Montpellier, Strasbourg et Grenoble le 7 mai, la caravane "En route pour nos droits !" va s'arrêter chaque jour dans une ville différente pour des débats et des rencontres autour d'un des cinq thèmes de l'APF : le 9 mai, il s'agit de "pouvoir exercer ses droits fondamentaux" ; le 10 mai, "pouvoir se loger", etc. Des actions symboliques sont prévues, notamment devant la Cour européenne des droits à l'Homme à Strasbourg ou à Toulouse sur une action "A nos espoirs de logement accessible disparus à jamais."

Lors de l'arrivée dans la capitale, le rassemblement place de la République devrait donner lieu à des animations et des discours.

Pour suivre cette caravane, cliquez sur ce lien  

 

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Noël Bouttier
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