Le comité d'entreprise d'EDF, ou plus exactement la CCAS, la caisse centrale qui gère les activités sociales de la branche électrique et gazière, va accueillir 3 200 réfugiés dans certains de ses centres de vacances, tout comme le CCE de la SNCF qui va mettre à disposition un millier de places. Ces gestes de solidarité s'inscrivent dans la politique de l'Etat visant à répartir les réfugiés de Calais sur l'ensemble du territoire.
La convention a été signée le jeudi 6 octobre entre le ministère de l'Intérieur et le président de la caisse centrale des activités sociales des industries électriques et gazières (CCAS) : la CCAS, qu'on présente parfois comme le CE d'EDF mais qui fédère les personnels des entreprises de la branche, met à disposition de l'Etat une quarantaine de ses centres de vacances afin d'accueillir une petite partie des réfugiés qui ont afflué en Europe pour converger vers Calais, dont la jungle va être démantelée. La décision d'ouvrir aux réfugiés les centres de vacances du comité d'entreprise a été prise le jeudi 8 septembre 2016 à l'unanimité par les représentants syndicaux qui siègent au conseil d'administration de la CCAS, à savoir la CGT, le syndicat majoritaire, mais aussi la CFDT, FO et la CFE-CGC (*).

"Le préfet chargé par le ministère de l'Intérieur de traiter la question de l'hébergement des réfugiés de Calais, Kléber Arhoul, est venu devant la CCAS pour présenter son projet et le conseil d'administration a ensuite statué", nous explique Laurent Langlard, le porte-parole de la fédération mines-énergie de la CGT. "Cette décision fait écho à l'engagement historique des électriciens et gaziers en faveur de populations fragilisées telles que celles des migrants. Mais elle répond aussi à notre responsabilité citoyenne de soutenir et aider les Calaisiers qui supportent depuis plus de 10 ans les conséquences quotidiennes de ce camp de fortune. Il ne suffit pas de dire que c'est insupportable, il faut agir", a expliqué Michaël Fieschi, le président de la CCAS, dans un communiqué le 12 septembre dernier citant l'article 14 de la Déclaration universelle des droits de l'homme : "Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays".
A partir de la mi-octobre, la CCAS va mettre à disposition 3 200 lits, pour une durée de 3 à 5 mois, sachant que l'Etat, qui verse une contribution financière à la CCAS pour cet hébergement à hauteur de 25€ par jour et par mignant, doit ensuite restituer les logements dans l'état où il les a trouvés. Il s'agit donc d'une période transitoire que l'Etat va utiliser pour examiner la situation de ces réfugiés et leur éventuel droit d'asile, et qui devrait donc permettre aux centres d'accueillir les salariés et ayants-droits pour l'été prochain. Mais que se passera-t-il si l'accueil des réfugiés déborde sur la période de l'été, où les centres de vacances sont utilisée pour les colonies de vacances et l'accueil du personnel des entreprises du secteur de l'énergie et des mines ? "C'est d'abord pour nous une question de solidarité. Si c'était le cas, on trouvera bien des solutions pour faire quand même partir les enfants en colonie de vacances", répond le porte-parole CGT de la fédération mines-énergie.
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Le climat de tensions autour de la question des réfugiés, qui voit des maires et formations politiques se mobiliser contre toute idée de répartition des réfugiés de Calais sur l'ensemble du territoire, inquiète cependant la CCAS. Le centre de vacances de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique, qui va accueillir prochainement 70 réfugiés, a essuyé plusieurs coups de feu dans la nuit du 4 octobre, visiblement en marge ou à l'issue d'une manifestation hostile à ce projet d'accueil. Cela a conduit la CGT à publier un communiqué alarmant sur "le climat délétère" entretenu "par les déclarations de différentes personnalités politiques, oublieuses de leurs responsabilités et de celles de la France à l'égard du droit d'asile". Laurent Langlard est encore plus direct : "Ce sont des hommes, des femmes et des enfants qui fuient la guerre, ce ne sont pas des réfugiés économiques. Humainement, comment peut-on être contre cet accueil ?"
Le comité central du groupe public ferroviaire, autrement dit le CCE de la SNCF, va également signer cette semaine une convention avec le ministère de l'Intérieur pour offrir 1 090 places dans une dizaine de ses centres de vacances, à partir de la mi-octobre. Et pour une durée limitée, car les locaux doivent être libérés deux mois avant l'ouverture des activités estivales, le temps d'effectuer les travaux d'entretien nécessaires sur ce type d'équipements, nous précise Céline Simon, la secrétaire du comité central du groupe public.

Cette décision, prise à l'unanimité des élus du comité, vise là aussi à assurer l'hébergement des réfugiés, l'Etat ne remboursant au CCE que les frais engagés. "Ce sont des associations spécialisées qui vont assurer l'accueil des réfugiés et le lien avec l'administration car nos personnels ne sont pas formés à ces questions", indique Céline Simon. Pour la secrétaire du comité central du groupe public, cet engagement est tout naturel : "Cela relève d'une solidarité internationale qui fait partie de notre histoire. Il y a 70 ans, les cheminots aidaient la population à fuir les bombardements allemands lors de l'exode. Aujourd'hui, comme hier, il faut tendre la main aux réfugiés".
(*) L'an dernier, en novembre, la CCAS avait déjà accueilli 160 réfugiés dans plusieurs centres, en Haute-Vienne, Haute-Garonne, Meurthe-et-Moselle et Alsace.
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