La CFDT espère que plusieurs dizaines de milliers de salariés répondront à l'enquête sur le travail qu'elle lance sur le web. Les résultats seront restitués en février et mars et serviront à interpeller les candidats à la présidentielle, annonce Laurent Berger, le secrétaire général de la confédération.
Sur le web, que ce soit par smartphone, tablette ou PC, les salariés, qu'ils soient syndiqués ou non, sont invités par la CFDT à répondre à un questionnaire comprenant de 150 à 174 questions selon leur situation. Le recueil des réponses de cette enquête, baptisée "Parlons travail", se déroule jusqu'à la fin décembre 2016. "Nous espérons qu'une dizaine de milliers de salariés du privé et du public, mais aussi des retraités, y répondront car elle est très ludique", expose Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. Conçue avec les agences Upian et Yamiz, dotée d'un budget de 240 000€, cette opération se distingue de précédentes enquêtes CFDT par son interface favorisant l'interactivité, avec de nombreuses vidéos mettant en scène les réponses orales de salariés à ce questionnaire mais aussi un aperçu statistique, pour certains items, de ce qu'ont déjà répondu d'autres salariés.
Les salariés pourront y laisser leurs mails (notamment pour pouvoir répondre en plusieurs fois à l'enquête) mais ce n'est pas une condition nécessaire pour remplir le questionnaire, et la CFDT assure au passage que ceux qui le feront ne verront pas leur boite mail inondée de messages syndicaux.

Conçu avec deux chercheurs associés, la sociologue Marie-Anne Dujarier et la statisticien Serge Volkoff, le questionnaire comporte des items variés comme par exemple sur le temps de travail ("Le temps de travail légal en France (35 heures) : ce n'est pas le problème / il faut travailler plus / On n'y touche pas / Il faut se battre pour le diminuer"), les horaires décalés, l'intensité et le contenu du travail ("Je passe trop de temps à faire des tâches administratives"), le plaisir au travail ("Je prends du plaisir au travail"), les conditions de travail ("Je vais travailler avec une boule au ventre"), la déontologie et valeurs professionnelles ("Dans mon travail, je dois faire des choses que je désapprouve"), le parcours professionnel, etc. "Notre volonté est de redonner la parole aux travailleurs pour qu'ils nous fassent part de leur expérience et de leurs préoccupations sur le travail. La loi Travail a suscité beaucoup de débats et de polémiques mais la façon dont les Français appréhendent le travail n'a jamais vraiment été abordée", estime Laurent Berger. Le secrétaire général de la CFDT souhaite que cette opération "remette au cœur du débat public la question du travail, qui est souvent instrumentalisée en période électorale". Il ne s'agit donc pas d'une opération de recrutement syndical, promet la CFDT, mais d'une volonté, "trop rare dans le champ syndical, de se mettre à l'écoute de ce que disent les travailleurs". Pour autant, prévient Laurent Berger, cela ne fera pas nécessairement bouger les valeurs de la CFDT : "Pas question par exemple pour la CFDT de se mettre à revendiquer une semaine de 48 heures de travail même si les salariés s'exprimaient en ce sens".

Le recueil des réponses des salariés sera clos le 31 décembre. L'analyse statistique s'effectuera en janvier, pour une restitution annoncée en février et mars, soit en pleine campagne présidentielle. Un calendrier assumé : "Sur la base des résultats de cette enquête, nous interpellerons les candidats à l'élection présidentielle sur le travail", prévient Laurent Berger. Ce dernier dit d'ailleurs attendre de connaître les candidats officiels à la présidence de la République pour s'exprimer plus avant sur le sujet, alors qu'on assiste de la part des candidats de la primaire à droite à une forme de surenchère sur le plan social (*). "Nous n'allons pas jouer les agences de notation des uns et des autres. Mais je suis inquiet d'un débat qui s'oriente sur les seules questions de l'identité et de la sécurité alors que les préoccupations des citoyens sont beaucoup plus larges". Et le secrétaire général de la CFDT d'avertir : "Tous ceux qui seraient tentés de se passer des corps intermédiaires demain prendraient un gros risque". Des propos qui, par leur sérieux, contrastent avec "La fabrique du sourire", une exposition de dessins sur le thème du sourire dans le hall du siège confédéral de Belleville, à Paris...
(*) Un exemple : Bruno Lemaire, l'un des 8 candidats à la primaire de la droite et du centre, propose dans son programme de 1000 pages rien moins que de faire dépendre la tenue d'élections professionnelles au fait que 20% des salariés la réclame, il suggère la généralisation d'une instance unique du personnel, il propose la fin du monopole syndical de présentation des candidats au 1er tour (comme Nicolas Sarkozy, du reste), mais aussi de limiter à 3 le nombre de mandats successifs, et de limiter à 20% le temps consacré par un élu du personnel à son mandat dans l'entreprise, etc.
Quid des négociations interprofessionnelles ? |
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Interrogé sur la possibilité de reprise des négociations interprofessionnelles prévues par l'agenda social, Laurent Berger s'est montré hier circonspect, la période pré-électorale ne favorisant guère les initiatives. "Nous sommes pour la reprise des négociations sur l'assurance-chômage mais Pierre Gattaz (le président du Medef) ne veut pas entendre parler d'une modulation des cotisations selon le type de contrat de travail tout en voulant imposer une dégressivité des allocations", a-t-il lancé, en se disant également favorable, "pour éviter une année inutile", à une négociation sur le télétravail et à la concertation sur les jeunes, deux discussions prévues en octobre. |
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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