Un documentaire diffusé ce mardi 20 novembre sur France 5 raconte le parcours de quatre personnes handicapées trisomiques ou autistes. La présence de parents aimants et aidants, l'accompagnement par des professionnels et la volonté des personnes rendent l'inclusion sociale possible. Mais cela n'est jamais totalement acquis..
Ce 20 novembre, si vous optez pour une soirée télé, vous avez le choix entre une comédie française, une émission sur le vieillissement des corps, un téléfilm historique ou un match de foot... Mais vous pouvez également appuyer sur le bouton 5 de votre télécommande pour regarder l'émission "Le monde en face". La réalisatrice Sarah Lebas propose une rencontre avec quatre personnes handicapées. Elles sont jugées "extra-ordinaires" car elles ont fait des choix, pris des risques, essuyé quolibets et incompréhensions pour trouver leur place dans une société qui se proclame inclusive mais ne l'est pas tant que cela.
Prise de conscience de sa trisomie à 19 ans
On commence cette plongée par une rencontre avec Laura, une jeune femme de 23 ans trisomique. "La vie que je veux mener, dit-elle, c'est avec des gens de toutes les cultures et de toutes les religions." Etonnament lucide, Laura raconte qu'elle a pris conscience de sa trisomie à 19 ans. Elle a suivi une scolarité quasi-normale, a fait le clown à l'école pour y trouver sa place, a galéré pendant cinq ans avant de trouver un job. Elle travaille comme hôtesse d'accueil dans un centre pour personnes handicapées.
Ils ont sorti leur enfant du silence
Aymeric, 19 ans, a été diagnostiqué autiste sévère. "Enfant, raconte sa mère, il était condamné à vivre dans son monde." Mais quand il est diagnostiqué, ses parents ne baissent pas les bras, se forment avec des Canadiens aux méthodes comportementales Teach et Aba. Peu à peu, ils ont réussi à sortir leur enfant du silence. Un enfant dont la passion était de regarder tourner les tambours des machines à laver... Des années plus tard, sa scolarité débouche sur un CAP jardinage et sur un premier stage professionnel.
Sur la planète des gens ordinaires
Même si Laura et Aymeric semblent avoir réussi à percer, rien n'est simple pour eux au quotidien. "Ils essaient de se frayer un chemin sur la planète des gens ordinaires", précise le commentaire lu par Lambert Wilson. "On a un gros problème pour parler avec les normaux", explique un camarade d'Aymeric. Des points très simples comme regarder son interlocuteur dans les yeux ou lui sourire sont souvent des obstacles à cette communication.
"Nous ne savons pas mentir"
Eloïse, autiste Asperger de 13 ans, a appris à sourire pour communiquer avec les "gens normaux". Elle les trouve un peu bizarre, ces gens normaux, avec leur "coutume" du mensonge. "Nous les autistes, ne savons pas mentir", affirme-t-elle. Eloïse bénéficie également d'un soutien sans faille de sa mère, divorcée, qui a arrêté de travailler pour s'occuper de sa fille. A l'école, où le parcours n'a pas été simple (les sorties scolaires lui étaient interdites, par exemple), elle bénéficie de l'appui indispensable d'une AVS.

"Que va-t-il devenir quand je ne serai plus là ?"
On change de génération avec Magalie, la quarantaine. C'est à 38 ans qu'on a découvert qu'elle était autiste Asperger. La naissance de son fils, autiste sévère, a permis cette détection. Elle a quitté son travail de professeur ("je n'avais aucune autorité", raconte-t-elle) pour un travail à distance et pour éduquer son fils Julien qui ne parle pas. Comme il a été déscolarisé à 7 ans, elle a créé avec d'autres parents une structure pour lui et ses pairs. Mais elle ne cache pas son inquiétude pour l'avenir : "Que va-t-il devenir quand je ne serai plus là ?"
"Je me serais suicidée"
A cette question, Eloïse a une réponse. "Quand ma mère ne sera plus là, il faudra que je sois autonome". Elle apprécie la chance qu'elle a eue. "Si j'avais été en milieu hospitalier, je me serais suicidée", dit-elle. L'inclusion réelle dans la société, c'est pour de nombreuses personnes handicapées une question existentielle. Ce documentaire sensible et juste pose bien les questions de fond. "Leur monde n'est pas si différent du nôtre", conclut la voix off.
Extra-ordinaires, documentaire réalisé par Sarah Lebas, mardi 20 novembre à 20h50, France 5.
Après le documentaire... |
Un débat animé par Marina Carrère d'Encausse prolongera le documentaire. Deux de ses protagonistes (Eloïse et Laura) seront présents aux côtés de la secrétaire d'Etat Sophie Cluzel, l'acteur Samuel Le Bihan, père d'une petite fille autiste, auteur de Un bonheur que je ne souhaite à personne et la journaliste Elisabeth Tchoungui, mère d'un garçon autiste Asperger qui publie ces jours-ci Le jour où tu es né une deuxième fois. |