Laurent Grandguillaume : "100 territoires sont candidats à Zéro chômeur de longue durée"

Laurent Grandguillaume : "100 territoires sont candidats à Zéro chômeur de longue durée"

19.09.2018

Action sociale

Lors de son discours sur le plan pauvreté, le président de la République a promis une extension de l'expérimentation, actuellement sur dix territoires, du dispositif Zéro chômeur de longue durée. Président de l'association qui porte le projet, Laurent Grandguillaume revient sur les premiers enseignements de cette démarche nouvelle pour s'attaquer au chômage de longue durée.

L'annonce était attendue, espérée par de nombreux acteurs de la lutte contre la pauvreté : l'extension de l'expérimentation Territoire zéro chômeur de longue durée. Dans son discours du 13 septembre, Emmanuel Macron s'est bien engagé dans cette direction. Rappelons que la loi de février 2016 avait prévu de lancer ce dispositif sur dix territoires (voir la liste) : l'argent que coûte à la société un chômeur de longue durée est versé à l'entreprise qui emploie les salariés en CDI. Nous avons demandé à Laurent Grandguillaume, ancien parlementaire, président de l'association Territoire zéro chômeur de longue durée, de faire le point sur cette expérimentation.

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tsa : Avez-vous été surpris par l'annonce présidentielle ?

Laurent Grandguillaume : Non, absolument pas. J'avais des échanges avec l'exécutif depuis un an. J'ai rencontré Mme Buzyn en juillet dernier et j'ai discuté avec le président de la République à plusieurs reprises. Je connais Emmanuel Macron pour avoir été le rapporteur de la loi qu'il portait quand il était ministre de l'économie [Laurent Grandguillaume était alors député PS, Ndlr].

 

Alors où en sommes-nous de l'expérimentation conduite sur dix territoires ?

Actuellement, les entreprises à but d'emploi créées sur ces territoires ont embauché 600 personnes en CDI. Dans le même temps, environ 350 chômeurs de longue durée ont trouvé du travail. Evidemment, il est difficile de savoir dans quelles mesures la dynamique initiée par l'expérimentation a joué dans ces embauches. Sur ces territoires, on comptait environ 1 400 chômeurs de longue durée. Donc nous sommes déjà à 50 % de l'objectif. Parmi les territoires, trois d'entre eux ont atteint quasiment l'exhaustivité, c'est-à-dire que les entreprises ont embauché l'ensemble des chômeurs de longue durée du territoire. Il s'agit de Mauléon (Deux-Sèvres), Pipriac (Ille-et-Vilaine) et Jouques (Bouches-du-Rhône).

 

Combien de nouveaux territoires pourraient entrer dans la nouvelle loi annoncée pour 2020 ?

Actuellement, nous avons une bonne centaine de territoires qui se sont manifestés auprès de nous. La moitié d'entre eux ont déjà créé un comité local pour porter le projet, l'autre moitié a simplement posé sa candidature. Pour la nouvelle loi prévue en 2020, certains avancent le chiffre de 50 nouveaux territoires. Je pense que nous pouvons aller plus loin. 

 

Vous avez organisé des rencontres la semaine dernière à Thiers avec tous les territoires. Qu'en est-il ressorti ?

Pour ces journées à Thiers, nous avons invité 20 salariés de chacun des territoires pour qu'ils puissent échanger avec les directions des entreprises. Plusieurs objectifs ont été ainsi dégagés. D'une part, il nous faut renforcer le management des salariés. D'autre part, il est important de monter en chiffre d'affaires. Pour la première année d'exercice, 4 000 euros ont été réalisés en moyenne pour un équivalent temps plein. Il faudrait monter à 7 000 / 8 000 euros. Par ailleurs, nous recevons  de l'Etat 18 000 € par emploi qui correspondent au coût du chômage de longue durée.

 

Avez-vous connu des échecs parmi les salariés de ces entreprises ?

Ils ont été très rares. Il faut savoir que dans ces entreprises s'applique le droit du travail commun à tous les salariés. Nous avons simplement une disposition particulière : si un de nos salariés trouve du travail dans une autre entreprise, nous lui laissons la possibilité de revenir s'il n'est pas conservé après la période d'essai.

 

Dans quels secteurs travaillent les entreprises créées sur ces dix territoires ?

La moitié de l'activité concerne la transition écologique et l'économie circulaire (recyclage, réparation). D'ailleurs, nous avons obtenu le soutien de l'Ademe. Les autres activités concernent un tas d'autres secteurs, comme le commerce de proximité avec la livraison de courses, des conciergeries, ou le maraîchage. A Colombelles, dans le Calvados, une droguerie a été reprise et ce lieu sert aussi pour le dépôt des fruits et légumes produits localement. A Prémery, dans la Nièvre, 17 des 85 salariés sont sur une activité bois qui répond à un vrai besoin : leur carnet de commandes est rempli pour six mois. Le bois qui est produit est vendu à un tarif social.

 

En définitive, quelle évaluation faites-vous de cette expérimentation ?

On manque encore un peu de recul pour le faire. On voit cependant clairement un recul de la pauvreté. A Jonques, le Secours populaire a réduit le nombre des colis distribués du nombre des personnes employées. Les entreprises créent de la richesse. On estime qu'un emploi créé dégage par an 30 000 euros de produit. D'autre part, sur le terrain, nous avons rompu avec le fonctionnement en silo. Le fait de faire travailler dans un comité local les élus, les associations, les entreprises, les travailleurs sociaux, etc. permet de faire émerger d'autres projets.    

Noël Bouttier
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