Maire du Havre, Edouard Philippe est depuis hier le nouveau Premier ministre. Quels regards portent sur lui les syndicats de sa ville ?
Que pensent les organisations syndicales du Havre d'Edouard Philippe, maire de la ville depuis 2010, qui a été nommé hier Premier ministre d'Emmanuel Macron ? Chez FO, qui a totalement remanié son équipe syndicale à la mairie il y a quelques semaines, Jean-Michel Becker, responsable du syndicat FO de la ville, se montre prudent : "Dans les négociations, nous avons beaucoup plus affaire à la direction générale qu'au maire lui-même. Mais les quelques échanges que nous avons eus sont bons. Maintenant, il faut que nous avancions véritablement sur la transposition du nouveau régime indemnitaire des agents".

La réaction de son collègue de l'union départementale FO de la Seine-Maritime, Yanis Aubert, est plus politique : "Nous verrons bien la politique qu'il va mener, lui et ses ministres, surtout après les législatives. Le fait de réformer par ordonnances le droit du travail, comme l'a évoqué Emmanuel Macron, ce n'est pas trop notre tasse de thé. Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé l'an dernier avec le recours au 49.3 pour la loi Travail". Les propos politiques, Frédérique Halley, qui dirige l'équipe CFDT de la mairie du Havre, ne veut pas en tenir. En revanche, elle accepte de dire quels sont les rapports entretenus par le maire avec les organisations syndicales.

"Edouard Philippe est quelqu'un qui sait communiquer avec les organisations syndicales et avec les agents. Il a de l'ambition, des projets, donc il est volontaire, mais il est sensible aux arguments intelligents", nous dit Frédérique Halley. Elle cite ainsi le protocole d'accord de 2015 concernant la grande bibliothèque Oscar Niemeyer, signé par tous les syndicats sauf FO : "Le sujet, c'était l'ouverture de la bibliothèque 12 dimanches par an. Au début, la revalorisation de la prime des agents était minime, nous avons réussi à obtenir une réelle revalorisation, avec le doublement de l'indemnité, et nous avons fait prendre en compte la question du volontariat". Frédérique Halley espère que le même type d'accord sera trouvé pour la négociation en cours concernant le travail dominical dans les musées. Mais si la responsable CFDT salue "une collectivité qui sait écouter nos propositions", elle rappelle aussi que ce dialogue social "riche et réel" est parfois houleux : son syndicat est descendu dans la rue au sujet des rythmes scolaires, "parce que la mairie ne dégageait pas assez de moyens pour la centaine d'écoles du Havre".

Nicolas Guermonprez, secrétaire général du syndicat CGT de l'usine Renault de Sandouville, tout à côté du Havre, a rencontré plusieurs fois le député maire pour évoquer la situation de Renault : "Il y a quelques années, nous lui avions parlé du problème des plans volontaires de retraite mis en place par l'entreprise. Il nous a écoutés, mais ça n'a débouché sur rien". Le syndicaliste se souvient aussi avoir soulevé l'importance du recours à l'intérim dans l'usine lors de la visite d'Emmanuel Macron à Sandouville il y a deux ans et demi, l'intérim représentant autant de postes (1 500) que les emplois en CDI : "Nous lui avions demandé si l'Etat, en tant qu'actionnaire, ne pouvait pas réagir pour qu'il y moins d'intérimaires et plus d'emplois stables. Il nous a répondu qu'il préférait encore des intérimaires à des chômeurs". Autant dire que Nicolas Guermonprez non seulement n'attend rien de la nomination d'Edouard Philippe comme Premier ministre, mais qu'il n'est pas loin de mettre en garde ce dernier : "Le Havre est une ville ouvrière. L'an dernier, la ville était la capitale de la contestation de la loi Travail. S'il veut modifier par ordonnance le droit du travail, il lui sera difficile de revenir dans sa ville".
Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre |
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Un Normand chasse l'autre à Matignon. Bernard Cazeneuve, qui fut maire PS de Cherbourg (Manche) et Premier ministre depuis la démission de Manuel Valls, cède la place à Edouard Philippe, maire Les Républicains du Havre (Seine-Maritime). "Les Normands, violemment modérés, peuvent être aussi conquérants", a glissé le nouveau Premier ministre hier lors de la passation de pouvoir. Alors que Bernard Cazeneuve insistait sur ses valeurs de gauche, et sur la "fidélité et la loyauté", car il faut savoir "d'où l'on vient", Edouard Philippe s'est présenté comme un "homme de droite" qui sait que "l'intérêt général doit guider l'engagement des élus, des agents de l'Etat et de nos concitoyens". A 46 ans, ce natif de Rouen est pourtant brièvement passé par la gauche : à Sciences Po, il fit partie des rocardiens avant de basculer à droite en rejoignant Alain Juppé. A la demande de ce dernier, il organise le nouveau parti d'union de la droite, l'UMP, dont il devient en 2002 le secrétaire général. Lors de la primaire de droite de 2016, il soutient Alain Juppé mais lâche ensuite François Fillon en pleine affaire Pénélope. Ancien élève de l'ENA, Edouard Philippe a été élu député en 2012, après avoir été élu maire du Havre en 2010 et réélu dès le premier tour en 2014. Mediapart a révélé qu'il avait, comme député, reçu un "blâme" de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) en 2014 pour avoir refusé d'indiquer la valeur de son patrimoine immobilier. Le nouveau Premier ministre, qui aurait fait la connaissance d'Emmanuel Macron en 2011, a été conseiller d'Etat, avocat d'entreprise et responsable des affaires publiques d'Areva. Auteur de romans politiques, cet amoureux de littérature, qu'on dit boxeur à ses heures, est réputé être un bon orateur. Hier au journal de 20h de TF1, il a repris le discours d'Emmanuel Macron sur la nécessaire réforme du droit du travail, jugé trop complexe "et finalement peu protecteur". Cette réforme, a confirmé le Premier ministre, se fera par ordonnances, avec au préalable une concertation et une discussion parlementaire. La composition du gouvernement d'Edouard Philippe devrait être connue mercredi 17 mai. |
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