Les territoires zéro chômeur mettent la pression sur le pouvoir

Les territoires zéro chômeur mettent la pression sur le pouvoir

20.06.2019

Action sociale

Mardi, c'était l'appel du 18 juin... cette fois-ci contre le chômage de longue durée. A Paris, plusieurs centaines de citoyens venus d'une quarantaine de territoires ont plaidé pour le vote d'une seconde loi, comparable à celle de 2016 qui a permis une expérimentation pour dix territoires zéro chômeur. Parallèlement, deux questions orales de députées ont appuyé cette demande.

 

 

 

A l'heure des Gilets jaunes, l'esplanade des Invalides s'était habillée en bleu. Trois à quatre cents personnes venues de toute la France issus de quarante territoires s'étaient rassemblées. De nombreuses écharpes tricolores, dont celles de députés (André Chassaigne pour le PC, Dominique Potier et Régis Juanico pour le PS, des membres du groupe parlementaire Libertés et territoires, etc.) sont venues apporter leur soutien à cette initiative citoyenne. Rappelons que cette idée d'activation des dépenses passives de chômage, portée initialement par ATD Quart Monde, avait débouché en 2016 sur le vote d'une loi d'expérimentation pour dix territoires, et ce pour une durée de cinq ans.

Cabossés de la vie

Trois ans après, les bouts de bilan sont particulièrement positifs. Cet hiver, un reportage au long court sur le territoire de Mauléon (Deux-Sèvres) diffusé par M6 a montré une vie changée pour la petite centaine de salariés (voir notre vidéo ci-dessus). Progressivement, les cabossés de la vie reprennent espoir et se remettent dans une logique de projets de vie. Le reportage montrait aussi que les commerces de proximité augmentaient leur activité du fait de la sortie du chômage de dizaines de personnes. 

 

 

 

 
Moins d'aides du CCAS

Sur un autre territoire, en Ille-et-Vilaine, Pipriac et Saint-Ganton (voir vidéo ci-dessous), un bilan à mi-parcours a été réalisé (l'entreprise a démarré en janvier 2017). Plus de 80 salariés ont été embauchés pour une population globale de 4 000 personnes. Le nombre de demandeurs d'emploi depuis plus de trois ans a été réduit des deux tiers en deux ans et demi. Le nombre d'aides versées par le CCAS ont baissé de 37 %. La création de cette entreprise baptisée Tezea a permis l'installation d'une épicerie ambulante. Une activité qui se rajoute à la fabrication de bois de chauffage, de mobilier en bois de palette, au recyclage, au nettoyage intérieur de voitures, etc. 

Deux questions orales à l'Assemblée

Si la loi de 2016 avait été votée de façon consensuelle, les appréciations des politiques trois ans après sont elles aussi toutes louangeuses. En témoigne le fait que lors de cette journée du 18 juin, deux députées ont posé une question orale au gouvernement sur ce thème. Laurence Dumont (PS) a opposé la réforme de l'assurance chômage envisagée par le gouvernement à la démarche de Territoires zéro chômeur. L'ex-République en marche, ralliée au groupe Libertés et territoires, Sandrine Josso a insisté sur "l'urgence" pour le vote d'une deuxième loi. Relativement vague dans sa réponse, la ministre Muriel Pénicaud a annoncé qu'elle comptait doubler le nombre de places en 2019 (elle a parlé de 694 bénéficiaires). Pas de seconde loi évoquée, mais un rappel : l'expérimentation dure cinq ans... Plusieurs évaluations, dont celle de l'Igas, seraient en cours.

Objectif de 1 200 bénéficiaires

Dans son communiqué, le président de l'association Territoires zéro chômeur Laurent Grandguillaume réplique vertement à la ministre : "Ce ne sont pas 694 personnes bénéficiaires en 2014, mais ce sont bien déjà 838 personnes qui ont pu retrouver un emploi dans le cadre du projet sur un objectif de 1 200 bénéficiaires à l'horizon 2020. Les résultats sont là, encore faut-il vouloir les voir." Il semble qu'une épreuve de force est engagée entre de nombreux territoires volontaires et un exécutif qui traîne les pieds... Pour quelles raisons ? Peut-être y a-t-il une réticence de l'administration centrale à favoriser une initiative qui se passe très bien des cadres d'action traditionnels...

167 territoires candidats

Toujours est-il que les demandes de territoires pour participer affluent. A l'association, on en a comptabilisé 167, aussi bien dans les zones rurales que dans les agglomérations (Paris, Lille, Rennes, Grenoble, Poitiers...). Même l'outre-mer est concerné. Et si demain la seconde loi était votée, combien de territoires pourraient être sur la ligne de départ ? "Entre quarante et cinquante territoires sont très bien avancés, explique David Chiron qui accompagne les projets à l'association. Ils ont mis en place un comité local de mobilisation, commencé à contacter les chômeurs de longue durée et à rechercher des activités." Mais il estime que très rapidement, une centaine de territoires pourraient être prêts. L'association souhaiterait que soit créé un fonds qui permettrait de financer les entreprises au moment où elles démarrent leur activité.

Les motivations de terrain sont très fortes, notamment chez les élus qui "réinvestissent le champ de l'emploi". La pression des territoires relayée par les parlementaires (170 sont membres du comité de soutien) aura-t-elle raison des préventions du gouvernement ?

 

 

 

 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

Découvrir tous les contenus liés

Loi santé du 26 janvier 2016

Morceaux choisis d'un texte aux multiples facettes

Je télécharge gratuitement
Noël Bouttier
Vous aimerez aussi

Nos engagements