Mohammed Oussedik est secrétaire général de la fédération CGT verre-céramique et conseiller au CESE (Conseil économique, social et environnemental). Quand nous lui avons demandé de raconter son quotidien, il a choisi d'évoquer la première semaine de confinement, alors qu'il guérissait à peine du Covid-19. Voici son journal de bord.
#LUNDI 16 MARS
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Des maux de tête et une commission exécutive
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►La première semaine du confinement, je suis moi-même encore malade du coronavirus. J'ai des maux de tête, des nuits sans sommeil, une légère perte de goût, mais surtout une immense fatigue. Après les sept premiers jours, je commence à aller un peu mieux et je participe à la réunion téléphonique de la commission exécutive de la fédération. Nous constatons les manques de protections individuelles un peu partout. Les élus bien sûr voient venir les dangers. De plus, dans notre secteur du verre et de l'emballage, les salariés des lignes de production se parlent directement de bouche à oreille, les contacts sont donc très étroits. On peut bien leur mettre les consignes de sécurité sur des ardoises mais comment peuvent-ils se parler pendant les huit heures de travail ? A certains endroits, il n'y a ni masques ni la moindre procédure de sécurité. Je n'accuse pas les employeurs de mauvaise volonté, ils manquent eux-mêmes de consignes.
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#MARDI 17 MARS
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Communiquer les conseils juridiques
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►Les journées chargées continuent. Il faut communiquer sur les conseils juridiques, le droit d'alerte des CSE, le droit de retrait des salariés, les procédures. Certains CSE tiennent une réunion par jour, parfois même deux. Dans certaines usines, des salariés se mettent en grève, comme chez Saverglass à Feuquières (Oise). La direction prend conscience qu'il faut réduire l'activité à 40 % des capacités habituelles. A la cristallerie d'Arques, dont le groupe emploie 5 600 salariés, les choses se passent bien. L'activité est réduite à 30 %, on prends des mesures comme la distribution de gel hydroalcoolique, on instaure des distances pendant la pause déjeuner ou la prise de température. Je dois aussi gérer les demandes des chambres patronales afin de négocier des positions communes sur la reprise d'activité. Je suis inquiet pour la filière automobile. Cette industrie était déjà en difficulté avant la pandémie, notamment en raison du ralentissement du marché mondial et de la transition du diesel vers une énergie plus propre. Les petits équipementiers comme ceux qui produisent du verre plat automobile reçoivent des pressions des constructeurs en vue de réduire leurs marges déjà faibles. Au final, je fais un peu de tout : du social, du sanitaire, du juridique, de l'économique.
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#MERCREDI 18 MARS
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Les guides de bonnes pratiques
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►Je reçois deux propositions de guides de bonnes pratiques qui émanent du ministère du Travail. Nous sommes contre car le texte est beaucoup trop généraliste. Il dit par exemple : "Des masques sont mis à disposition dans la mesure du possible partout où les salariés le souhaitent". Voilà une phrase destinée uniquement à se prémunir juridiquement en cas de procès par la suite. Mais je veux du concret, que des choses se passent sur le terrain. Chez SGD Pharma, à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) où la fabrication de verre pharmaceutique est essentielle en cette période de pandémie, l'activité doit continuer. Nous exigeons que des masques soient distribués. Je continue de gérer la partie juridique très concrète car les équipes syndicales demandent des échanges et des instruments juridiques. Elles font preuve d'un courage extraordinaire : il faut circuler, parfois aller voir des salariés. Je leur recommande de lister les personnes à risque dans les entreprises : les personnes présentant déjà des maladies, les femmes enceintes, etc. afin qu'elles puissent être protégées voire ne pas se rendre sur leur lieu de travail. Il faut aussi négocier des prises en charge des déplacements avec les véhicules personnels. Bien sûr, il y a le sujet du chômage partiel. Nous demandons que les 16 % complémentaires des 84 % du gouvernement soient financés par les employeurs, une mesure globalement jugée par les salariés comme positive.
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#JEUDI 19 MARS
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Les négociations de branche
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► Sous prétexte que la vie continue, on me dit que les négociations de branches doivent se poursuivre. Certes, mais pas dans des conditions anormales. Cette nouvelle manière de négocier m'interpelle car ce ne sont pas les mêmes conditions par téléphone ou visioconférence. De plus, certains sujets ne sont pas urgents. Je ne vois pas de négociations s'engager sur les questions sanitaires et je trouve cela problématique. On négocie beaucoup plus sur la partie sociale comme les congés payés ou les salaires de branche, avec ceux qui auparavant demandaient que ce sujet soit décentralisé dans les entreprises ! Je ne dis pas que les négociation sont déloyales, je ne vais pas jusque là, mais je trouve que les fédérations patronales abusent de la situation pour faire passer des choses dans des conditions anormales sur des sujets non prioritaires. Nous allons bienôt engager des échanges interprofessionnels, cela va me donner une vision globale de ce qui se passe, ainsi qu'un point sur chaque secteur d'activité. Il va falloir faire passer des messages au gouvernement sur la sortie de crise. |
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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