Paroles d'étudiants (10) : Flore, un double cursus sinon rien

Paroles d'étudiants (10) : Flore, un double cursus sinon rien

11.12.2015

Action sociale

Pour cette dixième étape, notre série de portraits d'étudiants en travail social part à la rencontre de Flore Neubauer, en deuxième année d'assistant de service social à l'IRTS Montrouge. Cette jeune trentenaire qui a multiplié les expériences à l'étranger a décidé, après mure réflexion, de travailler dans le social. Elle nous explique pourquoi.



Le message était arrivé à la rédaction le 9 octobre, le jour où tsa-quotidien.fr lançait la série de portraits d'étudiants en travail social. "En tant qu'abonnée (1), je reçois régulièrement de vos nouvelles. Je viens de voir votre interview d'étudiante EJE. Je suis étudiante assistante sociale en 2e année de l'IRTS de Montrouge. L'école nous forme à un double cursus en partenariat avec l'université Paris 13. Je serai heureuse de pouvoir témoigner de mon parcours étudiant dans le social..."

Une étudiante qui souhaite témoigner des avantages d'un double cursus ? Ni une ni deux, le rendez-vous était pris pour une rencontre dans les locaux de l'IRTS de Montrouge (voir nos vidéos de 2014, ici et).

"Il y a urgence..."

Le jour J, lors de notre rencontre, Flore Neubauer revient sur son initiative audacieuse de se proposer pour un portrait. "Je me suis dit qu'il y a urgence à montrer comment on est formés", explique-t-elle, regrettant qu'il existe "peu de relais [des travailleurs sociaux] dans les médias". "Il faut diffuser, montrer ce qu'on fait. C'est comme ça qu'on arrivera à mieux travailler". Et Flore d'ajouter : "Le travail social est très enclavé dans les institutions. Il faut décloisonner." 

En embrassant une formation sociale, cette Finistérienne de 30 ans revient à son premier amour. "En sortant du bac, j'avais passé le concours d'éducateur spécialisé, mais je n'étais pas assez mure. Comment, à 18 ans, peut-on avoir la prétention d'aider les autres ?", se demande-t-elle.

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Du Mali au Brésil via le Portugal

Alors elle plonge dans d'autres directions. Se forme à l'administration et la gestion culturelles. Vit une expérience forte, lors d'un stage au Mali où elle s'occupe d'un événement culturel à Tombouctou. Là, elle développe une fibre féministe. "On était là pour valoriser la culture des Touaregs. Mais je me suis rendu compte que les femmes n'avaient pas trop le droit à la parole", explique-t-elle. Et puis, dans le cadre du service volontaire européen, elle prend le chemin du Portugal pour travailler sur des projets méditerranéens. Là, elle rencontre son compagnon, brésilien, un étudiant en sociologie de la santé, qui l'embarque vers son pays.

Loi santé du 26 janvier 2016

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Pourquoi devenir AS ?

Outre-Atlantique, elle devient prof de français avant de revenir... au Portugal puis en France. Là, elle multiplie les petits contrats dans l'animation culturelle. Au fil des années et des pérégrinations, Flore a compris qu'elle voulait se réorienter vers le social. Elle profite d'un licenciement économique pour construire ce projet d'une formation d'assistant social. Pourquoi devenir AS ? "Ce métier correspond bien à ce que je voulais faire, c'est-à-dire articuler les questions financières, administratives, d'emploi, de santé, etc."

"Articuler la santé et le social"

Elle opte pour l'IRTS Montrouge car celui-ci propose un double cursus. Pour la licence universitaire, dispensée par Paris 13, trois orientations sont possibles : administration économique et sociale, "parcours clinique" (à dominante psychologique) et "parcours santé". Elle opte pour cette 3e voie, la moins choisie, tout simplement parce qu'il faut, selon elle, "articuler la santé et le social."

Question stages, Flore a réalisé le premier dans une unité psychiatrique pour adultes. "J'ai débarqué dans le concret", explique-t-elle.

Découverte de la Belle Province

Comme elle ne fait jamais les choses à moitié, elle décide de profiter des vacances d'été pour faire un stage au Québec dans un centre social destiné aux Amérindiens. De cette expérience (qu'elle raconte dans la vidéo), elle retient plusieurs choses. 1/ "Très rapidement, on m'a fait confiance en tant que stagiaire. Ce n'est pas toujours le cas ici." 2/ "Au Québec, l'usager est réellement associé aux actions. On mise davantage sur ses potentialités." 3/ "La démarche collective est plus développée." Et de regretter qu'en France, les relations dans le travail soient très verticales".

"J'aime les challenges"

La ronde des stages n'est pas terminée puisqu'en seconde année, depuis novembre dernier, Flore travaille à l'Arapej 75 qui accompagne des sortants de prison. "Ce sont des situations lourdes", souligne-t-elle, en ajoutant : "J'aime les challenges". Pour sa troisième année, elle compte travailler dans la polyvalence de secteur, le "Saint Graal", dit-elle avec une pointe d'ironie. Et d'ajouter qu'elle aimerait bien travailler dans le champ de la prostitution.

"Ne pas rester sur mes acquis"

Que fera-t-elle une fois terminé son double master ? "J'ai envie de travailler 3 ou 4 ans sur le terrain avant de reprendre une formation en ingénierie sociale". Puis après une pause, explique : "Vous comprenez, j'ai envie de ne pas rester sur mes acquis". Rassurez-vous Flore, on avait bien compris...

 

(1) Elle a bénéficié de l'offre réservée aux étudiants (exclusivement numérique) : 12 € par an.

 



Retrouvez nos précédents portraits :

Le 9 octobre : Coralie, passion EJE (lire ici)

Le 16 octobre : Aurélien, un homme dans un "monde de femmes" (lire ici)

Le 23 octobre : Julien ou la passion pour les jeunes "cabossés" (lire ici)

Le 30 octobre : Emilie, l'AS qui voulait changer le monde (lire ici)

Le 6 novembre : Yoann, en Deis et en quête de sens (lire ici)

Le 13 novembre: Ophélie, le travail social sans tabou (lire ici)

Le 20 novembre : Céline, assistante sociale sur le tard (lire ici)

Le 27 novembre : Ornella ou le choix de l'ouverture (lire ici)

Le 4 décembre : Laurène, le social à fleur de peau (lire ici)

 

Prochain portrait : Delphine en formation TISF à l'IRTS Parmentier, à Paris

 

Noël Bouttier
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