Paroles d'étudiants (16) : Delphine et Vincent, dans la bonne "direction"

Paroles d'étudiants (16) : Delphine et Vincent, dans la bonne "direction"

05.02.2016

Action sociale

Pour clôturer cette série de portraits d'étudiants en travail social, nous vous proposons les paroles croisées de Delphine Daval et Vincent Gay, en formation Cafdes à l'Irtess de Bourgogne. Venant d'horizons professionnels différents, ils expliquent comment ils se mettent dans la peau d'un directeur. Entre acquisition de compétences et cheminement personnel.

 

 

Sur le papier, ces deux-là ne devaient pas se croiser. Delphine Daval a une formation d'infirmière et travaille auprès de personnes handicapées en Haute-Saône. Vincent Gay est issu du monde de l'éducation et vit dans la région de Dijon. Tous deux suivent pourtant la formation pour le Certificat aux fonctions de directeur d'établissement ou de service d'intervention sociale (Cafdes).

"Un pur produit du sanitaire"

L'histoire de Delphine, 40 ans, c'est celle d'une infirmière d'un centre hospitalier psychiatrique qui va atterrir dans une maison d'accueil spécialisé (MAS) accueillant des adultes handicapés. "Si je suis arrivée par hasard là, je n'y suis pas restée par hasard", explique-t-elle. Elle souhaite évoluer dans la structure et se forme pendant un an avec un Master de management et de gestion des soins. On lui confie la responsabilité d'un service (autour du handicap physique) et en parallèle, voici 18 mois, celle d'une autre structure, en charge d'handicapés psychiques. Elle dit apprécier cette complémentarité entre les deux types de handicap entre lesquels elle a développé des formes de mutualisation. "Je suis un pur produit du sanitaire, mais j'apprécie de travailler dans des lieux de vie qui ne se réduisent pas à la dimension du soin", explique-t-elle.

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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Du monde de l'éducation aux personnes âgées

Vincent arrive par une autre entrée dans le médico-social. Pendant une quinzaine d'années, après un passage par les MJC, il a dirigé deux internats de lycée, ce qui l'a conduit à travailler quotidiennement avec des professionnels du social et du médico-social. Quand ferment les deux internats, il s'intéresse à ce vaste champ et, pour préciser son choix, rencontre des responsables professionnels dans le champ des personnes âgées ou handicapées. Finalement, il jette son dévolu sur le premier secteur. "De toute façon, je ne me sentais pas légitime pour diriger des établissements dans le handicap, ces postes étant souvent occupés par des éducateurs", précise-t-il. Et puis, il s'interroge sur lui-même. "Peut-être, je ne me sentirai pas à l'aise avec des personnes polyhandicapées..."

Loi santé du 26 janvier 2016

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Une semaine par mois

Pour accéder à cette formation Cafdes si convoitée, tous deux ont dû se soumettre à deux épreuves : la rédaction d'une dissertation et l'écriture de son projet personnel qui est ensuite discuté par un jury constitué d'un formateur et d'un directeur. "Il 'agit de vérifier comment on se positionne, pourquoi on fait cela", estime Delphine Daval. Sinon, la formation se déroule sur 24 à 29 mois, à raison d'une semaine de regroupement par mois (soit à Dijon soit à Besançon car la formation est commune avec l'IRTS Franche-Comté).

Un stage, une problématique

Delphine qui est toujours en poste, a réalisé deux stages de courte durée en dehors de son secteur d'origine alors que Vincent, en recherche d'emploi, a vécu deux périodes beaucoup plus longues, de trois à quatre mois. A chaque fois, le stagiaire doit se pencher sur une problématique. "Dans la Mecs où j'ai réalisé mon premier stage, j'ai travaillé sur les procédures sanitaires à mettre en place en cas d'épidémie", explique ainsi Delphine.

Immersion chez Korian

Vincent a, de son côté, découvert le monde des Ehpad commerciales en effectuant un stage dans un établissement Korian. "J'y ai découvert des moyens humains et financiers considérables. Les groupes privés développent des outils très performants qui leur permettent de coller aux souhaits des usagers", raconte-t-il, tout en ajoutant qu'il est attaché au monde associatif.

Brassage d'âges et d'expériences

Quant à la formation, elle est jugée très positivement. "Même sur des matières qu'on pensait connaître, on apprend toujours quelque chose", souligne Delphine. "Finalement, on se réapproprie des connaissances, on voit les choses autrement", poursuit son collègue. Ils se félicitent du brassage d'expériences au sein de la promotion du fait de la diversité générationnelle (de 24 à 52 ans) et des expériences antérieures (avec, par exemple, des anciens avocat, professionnel de l'immobilier ou bien banquier). L'esprit critique ne les a pas pour autant abandonnés. L'un comme l'autre ne cachent pas les nombreux sacrifices qu'il faut faire pour tout combiner (surtout quand on est en poste). Ils se demandent également si la durée de la formation n'est pas un peu excessive.

"Etre en phase avec son public"

A quelques mois de la fin de leur formation, les deux étudiants se préparent à prendre un nouveau départ. Vincent est désormais certain de vouloir travailler dans des établissements pour personnes âgées. Son expérience dans l'éducation aurait pu le conduire à s'intéresser à la prévention spécialisée. "En fait, j'ai besoin de construire un projet avec les gens. Dans la prév', j'ai le sentiment que tout peut s'écrouler du jour au lendemain."

Quant à Delphine, après avoir découvert la protection de l'enfance et le champ de la lutte contre l'exclusion, elle a compris que son monde était celui du handicap. "C'est vraiment important d'être en phase personnellement avec le public pour lequel on veut travailler", conclut Vincent.

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Le 23 octobre : Julien ou la passion pour les jeunes "cabossés" (lire ici)

Le 30 octobre : Emilie, l'AS qui voulait changer le monde (lire ici)

Le 6 novembre : Yoann, en Deis et en quête de sens (lire ici)

Le 13 novembre: Ophélie, le travail social sans tabou (lire ici)

Le 20 novembre : Céline, assistante sociale sur le tard (lire ici)

Le 27 novembre : Ornella ou le choix de l'ouverture (lire ici)

Le 4 décembre : Laurène, le social à fleur de peau (lire ici)

Le 11 décembre : Flore, un double cursus sinon rien (lire ici)

Le 18 décembre : Delphine, dans le quotidien des familles (lire ici)

Le 23 décembre : Stéphanie, dans la peau d'un chef de service (lire ici)

Le 8 janvier : Ludovic, un CESF en entreprise (lire ici).

Le 22 janvier : Lou marie la technique et le social (lire ici)

Le 29 janvier : Anne-Laurie ou la préférence associative (lire ici)

 

 

 

Noël Bouttier
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