Privée du soutien de sa fédération d'origine, l'Energie, Carole Couvert ne pourra pas être candidate en juin à un second mandat de présidente de la CFE-CGC. C'est un trio mené par François Hommeril, issu de la fédération Chimie, qui prendra la tête du syndicat catégoriel lors du 36ème congrès confédéral à Lyon.
Coup de théâtre politique digne de Game of Thrones hier après-midi au siège de la CFE-CGC, rue du Rocher à Paris. Lors d'un point presse entre deux réunions du comité directeur de la confédération, Carole Couvert a annoncé à regret que sa présidence s'achèvera en juin.
Comment s'expliquer une telle situation, alors même que tous les responsables des fédérations CFE-CGC ont unanimement vanté hier les mérites de leur présidente ? Tous, sauf le représentant de la fédération de l'Energie, absent du comité directeur et à l'initiative du blocage institutionnel. Concrètement, les statuts de la CFE-CGC exigent que la candidature à la fonction de président confédéral soit portée par la fédération d'origine du syndicaliste. Or la fédération de l'Energie, dont est issue Carole Couvert (qui est salariée d'Engie, anciennement GDF-Suez), s'est prononcée en décembre dernier contre la candidature de la présidente sortante. "Cette triste position, adoptée par quelques apparatchiks fédéraux, est largement minoritaire à la CFE-CGC, et même auprès des adhérents de l'Energie, soutient Regis Dos Santos, président du syndicat national de la banque (SNB). Nous avons essayé de sortir de l'impasse pendant les vacances de Noël, de modifier les statuts confédéraux, mais la fédération de l'Energie a alors annoncé qu'elle s'opposerait au détachement permanent de Carole (Couvert). N'être disponible qu'avant 8 heures le matin et après 19 heures le soir est incompatible avec la présidence confédérale", concède-t-il avec amertume.
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Situation quelque peu déconcertante, les représentants fédéraux présents ont alors successivement pris le micro devant les journalistes pour attester leur fidélité à l'actuelle présidente : "Tu as réussi à accroître la notoriété de notre syndicat", a remercié Philippe Jaeger, président de la fédération Chimie. "Carole Couvert a donné à nos militants l'envie d'aller vers les salariés, de faire du terrain et d'obtenir des résultats électoraux", renchérit Régis Dos Santos. "Merci d'avoir rassemblé nos équipes, tu es un peu notre Jeanne d'Arc", a enfin lâché René Roche, président de la Fédération du commerce. "Surtout sur la fin !, a ironis�� Carole Couvert, visiblement triste. Mais être éliminée parce que je n'ai pas fait de clientélisme auprès de ma fédération d'origine, c'est une fierté" (ndlr : à l'échéance de son mandat, Carole Couvert, qui avait poussé en 2013 Bernard Van Craeynest vers la sortie, conservera tout de même sa fonction de présidente du groupe CFE-CGC au Conseil économique, social et environnemental (Cese) et devrait réintégrer Engie).
Lors du 36ème congrès de la CFE-CGC, qui se déroulera les 1er et 2 juin à Lyon, l'avenir du seul syndicat dirigé par une femme sera confié à un trio d'hommes. François Hommeril, présenté par la Chimie et candidat malheureux au congrès de Saint-Malo en 2013, est promis au poste de président. Alain Giffard (Industrie) succèdera à Marie-Françoise Leflon au secrétariat général. Franck Zid restera quant à lui trésorier confédéral. "Cette solution vient d'être adoptée à l'unanimité, annonce Carole Couvert. Nous n'avons eu que quatre mois pour trouver une solution et Francois Hommeril, Alain Giffard et Franck Zid ont eu le courage de se présenter. Dans une telle urgence, nous n'avons pas pensé à la parité femme/homme mais aux compétences et la capacité de fédérer l'organisation, justifie-t-elle. Pour ma part, par respect pour nos adhérents, il n'est pas question de claquer la porte. J'assumerai l'exercice de mes fonctions jusqu'au mois de juin et assurerai la transmission des dossiers".
Que pense dès lors François Hommeril du projet de loi Travail et de l'appel à la mobilisation des militants CFE-CGC le 3 mai prochain devant l'Assemblée nationale ? "Nous ne sommes pas une organisation qui a l'habitude de manifester, concède le futur président confédéral. Mais l'objectif est d'être nombreux pour peser sur le débat parlementaire. Il faut encore travailler sur la définition du licenciement pour motif économique, la rédaction actuelle autorise encore certains abus". Sur la validation par référendum d'accords collectifs : "Lors des élections professionnelles, les salariés nous donnent un mandat pour signer, reprend Carole Couvert. Demain si on doit demander l'accord individuel aux salariés avant de conclure un accord d'entreprise, quelle sera notre crédibilité ?, s'interroge-t-elle. Nous sommes en revanche favorables à la généralisation des accords majoritaires. S'agissant de la médecine du travail, il n'est pas acceptable de passer d'une médecine préventive à une médecine sécuritaire. C'est un vrai danger de régression. Enfin, sur les prud'hommes, il faudrait que la conciliation soit une vraie étape efficace de la procédure. Nous demandons à aller plus loin que la loi Macron".
Et le changement de nom programmé de la CFE-CGC dans tout cela ? "Je n'ai pas l'intention de relancer le sujet, répond François Hommeril. Ce n'est pas dans le programme de la future équipe confédérale".
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