Projet de loi Travail : le ton monte entre organisations syndicales
26.05.2016
Représentants du personnel

Le ton a monté d'un cran entre organisations syndicales hier à propos de leurs positionnements respectifs sur le projet de loi Travail, alors que l'intersyndicale CGT, FO, FSU et SUD appelle aujourd'hui à une nouvelle journée de mobilisations contre ce texte. Hier matin dans le Parisien, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a estimé que retirer le projet de loi Travail serait "inacceptable" et que "ce serait un coup dur pour les salariés car ils perdraient le bénéfice des nouveaux droits reconnus par le texte", le responsable syndical jugeant par ailleurs que le changement de hiérarchie en faveur des accords d'entreprise ne touchait "ni le smic, ni les salaires, ni les règles de sécurité". Et le responsable de la CFDT, qui a dénoncé "un jeu de postures" entre le gouvernement et la CGT, d'ajouter : "Je tire la sonnette d'alarme aussi vis-à-vis des organisations patronales à qui je dis qu'il est temps de dialoguer mais aussi vis-à-vis des autres centrales syndicales. Le monde actuel n'est pas un monde idéal : la précarité et les difficultés vécues par les salariés y sont grandes. La loi El Khomri est faite pour corriger ces injustices car le dialogue social peut garantir un progrès social grâce à des syndicats engagés. La CFDT y est prête".
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Autre réaction, venue cette fois de la CFTC dans un communiqué publié hier soir. "La CFTC s'étonne des propos de certains leaders syndicaux s'affirmant porte-parole de la majorité des salariés français", s'agace la confédération. Et le syndicat chrétien, dans un climat de vives tensions sur le texte qui sera débattu le mois prochain au Sénat, de rappeler que seulement deux organisations représentatives (CGT et FO) sur cinq rejettent en bloc le projet de loi : "Les trois autres organisations (CFDT, CFE-CGC, CFTC) représentent elles 51% des salariés et ne demandent pas son retrait !"
De son côté, la CFE-CGC, qui tient son congrès la semaine prochaine à Lyon, n'a pas craint pour sa part de dénoncer hier soir dans un communiqué "la prise en otage et la paralysie de la France", un texte dans lequel le syndicat des agents de maîtrise et des cadres "en appelle au sens des responsabilités de chacune et de chacun". La CFE-CGC estime que les conséquences "d'une paralysie" de l'économie du pays seraient "la dégradation de l'image et du rayonnement de la France dans le monde et des investissements étrangers en préparation qui risquent d'être stoppés net". La confédération estime que cette paralysie "va opposer les personnes et laisser des traces profondes de clivage dans notre société" et que "nous mettrons des mois pour effacer les stimates".
Ces déclarations n'ont influencé ni la CGT ni FO, les deux syndicats soulignant l'hostilité de la majorité de l'opinion à l'égard du projet de loi, si l'on en croit les sondages. La CGT a appelé hier, en réaction à la publication des chiffres du chômage, "à la mobilisation pour le retrait de la loi Travail, pour une convention d'assurance chômage favorable aux demandeurs d'emploi et pour une autre politique d'emploi qui permette de vérifier une véritable baisse du nombre de demandeurs d'emploi". Quant à FO, qui a redit son engagement aux journées de manifestations et de grèves des 26 mai et 14 juin, les chiffres de l'emploi démontrent "une fois de plus que le marché du travail et de l'emploi n'a pas besoin d'une loi d'inspiration libérale tournée vers plus de flexibilité mais de croissance économique". Par ailleurs, la journée de mercredi a été marquée par des déclarations contradictoires entre parlementaires de la majorité et Exécutif sur une possible réécriture de l'article 2 du texte, c'est à dire sur la partie concernant la valeur et le champ de la négociation collective en entreprise.
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