Que veulent faire les deux finalistes de la primaire de gauche ?

Que veulent faire les deux finalistes de la primaire de gauche ?

27.01.2017

Action sociale

La radio Vivre FM a organisé un (court) débat entre les représentants de Manuel Valls et de Benoît Hamon sur la politique du handicap. Les échanges ont surtout porté sur le revenu d'activité, la lutte contre les discriminations, le statut des lanceurs d'alerte, l'accessibilité et les innovations. La tonalité a plutôt été consensuelle, malgré de vraies divergences.

Dès potron-minet, tu débattras... La vie de représentant d'un candidat à la primaire de gauche n'est pas de tout repos. Quelques heures après la fin du débat télévisé entre les deux prétendants à la candidature de la Belle alliance populaire, Ségolène Neuville et Hella Kribi Romdhane sont dans les modestes locaux de la radio associative Vivre FM qui traite de toutes les questions relatives à la vie des personnes handicapées. Il est à peine 8 heures, ce 26 janvier, au cadran du studio et les représentantes de Manuel Valls (la bien connue secrétaire d'Etat au handicap) et de Benoît Hamon (la moins connue Hella Kribi Romdhane, l'une de ses porte-parole, par ailleurs conseillère régionale en Ile-de-France) commencent à confronter leurs points de vue.

Des thèmes peu présents dans la campagne

Entrée en matière un peu rude. Emmanuelle Dal'Secco journaliste de Handicap.fr qui coanime ce débat aux côtés de Vincent Lochmann, rédacteur en chef de Vivre FM, note que les candidats de gauche de la primaire se sont fait prier pour répondre aux questions sur le handicap alors que ceux de droite avaient été plus prompts à se plier à cet exercice. Plus embêtant pour sa représentante, Benoît Hamon n'a toujours pas (ce jeudi matin) sa copie. Hella Kribi Romdhane répond en substance : la campagne a été très courte (3 semaines depuis début janvier) et le staff de l'ancien ministre chargé de l'ESS était composé de bénévoles venant après leur travail. "Benoît Hamon n'a pas derrière lui tout le gouvernement et ses fiches pour préparer les débats", glisse-t-elle. Une allusion à la mobilisation de la plupart des ministres derrière la candidature de l'ancien Premier ministre.

Les deux représentantes regrettent en choeur que les débats autour du handicap, mais aussi la perte d'autonomie, n'aient pas été davantage au centre des débats lors de cette primaire des candidats de gauche (écouter le son ci-dessous)

 

 

Action sociale

L'action sociale permet le maintien d'une cohésion sociale grâce à des dispositifs législatifs et règlementaires.

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LA question du revenu universel

S'il est une proposition qui a fait beaucoup parler d'elle pendant cette courte campagne, c'est bien celle émise de l'instauration, par étape, d'un revenu universel. Première étape dès 2018 : le versement d'une allocation, sans condition de ressource, à l'ensemble des jeunes de 18 à 25 ans. Question du journaliste : "Comment allez-vous expliquer à des personnes âgées, à des gens qui sont au RSA, à des personnes handicapées qui ne peuvent pas travailler que vous versez 750 euros par mois [600 euros, corrige la porte-parole de Benoît Hamon] à des jeunes étudiants du 16e arrondissement de Paris ?" La trentenaire, "militante depuis des années de ce revenu d'autonomie pour les jeunes", explique l'importance de cette priorité (écouter le son ci-dessous)

 

 

Loi santé du 26 janvier 2016

Morceaux choisis d'un texte aux multiples facettes

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Priorité jeunesse pour Hamon
Pour Hella Kribi Romdhane, ce revenu d'existence pour les jeunes va avoir le triple avantage d'éradiquer la pauvreté très forte dans cette tranche d'âge, de réduire le taux d'échec parmi les étudiants (dont beaucoup sont obligés de travailler) et donc de libérer des emplois pour d'autres personnes actuellement au chômage. Elle précise, par ailleurs, que le RSA sera également porté à 600 € (contre 530 € actuellement) et versé automatiquement à toutes les personnes éligibles. Dans un second temps, une conférence citoyenne associant des partenaires sociaux, des associations, des parlementaires etc. devra préciser les "priorités" pour une montée en puissance du revenu d'existence. Avec l'objectif, d'ici une dizaine d'années, qu'il concerne l'ensemble de la population.
Le revenu décent selon Valls

Sans polémiquer avec la porte-parole de Hamon, Ségolène Neuville a défendu le projet de Manuel Valls d'instaurer un revenu décent qui s'appuie sur la proposition de Christophe Sirugue. "Les gens nous demandent de simplifier les formulaires, de diminuer le nombre de pièces jointes, précise la secrétaire d'Etat. Il faut également améliorer l'accompagnement social des personnes. Voilà pourquoi nous avons fait un plan sur le travail social." Elle rappelle également que le RSA a été augmenté en 5 ans de 10 %, conformément à l'engagement du plan de lutte contre la pauvreté.

Quid des allocations spécifiques pour les handicapés ?

Ségolène Neuville insiste sur l'importance de maintenir des allocations spécifiques pour les personnes handicapées dont le montant serait largement au-dessus de celui des minima sociaux (ce qui est le cas avec l'allocation adulte handicapé - AAH - autour de 800 €). "La vie est plus chère quand on est en situation de handicap", poursuit la secrétaire d'Etat qui conclut : "Distribuer la même chose à tout le monde y compris à ceux qui ont de l'argent, c'est anti-redistributif".

Pour éviter la montée des inquiétudes parmi les personnes handicapées et leurs associations, la représentante de Hamon précise que le revenu universel sera cumulable avec l'AAH. Et elle ajoute pour défendre cette mesure, jugée irréalisable par 5 candidats de la primaire, qu'elle permettra "de libérer les aidants qui sont souvent des femmes tout en maintenant leur revenu d'existence".

En faire plus pour les lanceurs d'alerte ?

Autre question : que faut-il faire pour protéger les lanceurs d'alerte qui "dénoncent les conditions de maltraitance dans certains établissements pour personnes handicapées ? "Des parents ont parfois peur de dénoncer une situation et de perdre ainsi une place pour les enfants", explique le journaliste de Vivre FM. Pour Manuel Valls, il existe un dispositif législatif qu'il faut faire fonctionner. Selon sa représentante, "Benoît Hamon a porté ce combat dès le début de sa campagne. On aura une vraie réflexion pour être opérationnel dans ce sens."

Différence d'approche sur les discriminations

Sur la question de la lutte contre les discriminations, Hella Kribi Romdhane confirme la volonté de mettre en place un corps d'inspection dédié, chargé de vérifier la bonne application de la loi. "Les inspecteurs seront en capacité de verbaliser les entreprises, les boîtes de nuit, les bailleurs ou les propriétaires qui discriminent les populations", précise-t-elle.

Le programme de Manuel Valls affirme son attachemnt à la lutte contre les discriminations, mais ne prévoit pas de renforcer le volet répressif. "La meilleure façon de lutter contre les discriminations et les préjugés, c'est de mélanger les enfants à l'école", explique la secrétaire d'Etat qui rappelle les efforts du quinquennat pour l'inclusion scolaire. Elle insiste sur l'effort fait en direction des personnels d'accompagnement. "On a créé un vrai statut, une vraie formation, un vrai métier pour les auxiliaires de vie scolaire (AVS) qui étaient auparavant des contrats aidés", rappelle Ségolène Neuville. Un effort salué par la représentante de Benoît Hamon.

Accessibilité, innovation et ADN de gauche

Sur l'accessibilité, la membre du gouvernement explique qu'il fallait simplifier certaines contraintes techniques trop lourdes. Ségolène Neuville se réjouit du succès rencontré par les agendas d'accessibilité programmée (Ad'Ap). Objection de la représentante de Benoît Hamon : cet effort de mise en accessibilité des bâtiments publics aura du mal à se faire si on continue à baisser les dotations pour les collectivités locales. Hella Kribi Romdhane insiste sur l'importance de l'innovation des acteurs locaux (elle cite un exemple dans son département, l'Essonne) et sur le principe d'un service public pour les maisons de retraite (expérimenté dans ce même département). "L'accueil des personnes âgées ou des personnes handicapées ne doit pas être livré au marché", explique la représentante de Benoît Hamon. Quant à Ségolène Neuville, elle réaffirme son ADN de gauche : "la liberté de choix et l'émancipation".

Le débat se termine. Il est 8h40, le jour s'est levé. Les deux femmes politiques sont déjà reparties pour d'autres activités. Il reste moins de 3 jours avant le second tour de la primaire. Dimanche soir, l'une aura le sourire, l'autre pas. Mais promis juré, les vaincus du 29 janvier soutiendront les vainqueurs. Dimanche est un autre jour.

Noël Bouttier
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