Le service civique a sept ans et dresse un premier bilan. Sa notoriété et sa perception se sont grandement améliorées. Les jeunes qui en ont réalisé un notent l'acquisition de compétences utiles pour leur insertion professionnelle et une meilleure intégration dans la société. Mais l'accompagnement pour préparer la sortie du service est jugé insuffisant.
On se souvient que le quinquennat de François Hollande avait été placé sous le signe de la jeunesse. Près de cinq années plus tard, le bilan est plutôt mitigé de ce point de vue-là, notamment sur les plans de l'emploi et de la formation. Au rang des succès incontestables, le service civique pourrait y trouver une place de choix car cette forme d'intégration des jeunes de 16 à 25 ans, lancée début 2010, semble avoir atteint sa vitesse de croisière. A l'occasion de son septième anniversaire fêté le 12 janvier et de la publication de deux études, essayons de synthétiser les sept points positifs sans omettre les faiblesses du dispositif.
1/ Une progression spectaculaire des effectifs
Certes, l'objectif des 150 000 jeunes concernés en 2016 n'a pas été atteint. Selon l'agence du service civique, 100 000 jeunes sont passés par ce service dont la durée varie entre 6 et 12 mois. La progression est spectaculaire car on a enregistré autant d'entrées en douze mois que sur les six années précédentes. Ce bon résultat est réalisé grâce à la mobilisation de 10 000 organismes qui proposent des missions en leur sein. Dans le secteur social et sanitaire,
17 000 missions devaient être proposées par le secteur associatif ou public, mais on ne connaît pas encore le résultat définitif (les chiffres pour 2016 ne sont pas consolidés).
2/ Une notoriété croissante
Incontestablement, le service civique est entré dans la vie quotidienne des Français. Selon un sondage de l'Ifop réalisé en novembre dernier, 94 % des Français quelle que soit leur tranche d'âge déclarent en avoir entendu parler. La plupart de ses caractéristiques sont connues du grand public, sauf un point important : le fait qu'il ne peut pas être effectué dans une entreprise privée, ce que pensent six personnes interrogées sur dix. Pour parfaire la connaissance de ce dispositif, le gouvernement lance à partir de mi-janvier une campagne d'information (télé, cinéma, réseaux sociaux) intitulée "Merci aux volontaires" (
voir son synopsis).
3/ Une image de plus en plus positive
Il semble que les réserves sur le service civique qui viendrait se substituer à des emplois salariés se sont atténuées. Parmi les plus de 26 ans, la proportion des mauvaises opinions ne dépasse pas les 11 %. Chez les jeunes, la progression de ceux qui ont une bonne image a également progressé en un an, passant de 85 à 90 %. Les trois atouts principaux notés par les 16-25 ans sont l'expérience utile pour le parcours professionnel (29 %), l'utilité collective (26 %) et l'engagement social (25 %).
4/ Une voie d'insertion professionnelle
L'enquête réalisée fin 2016, cette fois-ci auprès de 2 000 volontaires ayant terminé leur service depuis quelques mois, montre une évolution des attentes par rapport à ce service civique. Plus de la moitié des anciens volontaires soulignent que leur motivation principale est d'ordre professionnel : acquérir une expérience utile qui peut être mise en avant devant de futurs employeurs. Pour un quart d'entre eux, la motivation première est toute simple : gagner de l'argent. Ceux-ci semblent apprécier de plus en plus ce type d'expérience : la moitié des anciens volontaires interrogés estiment que c'est un atout pour cette recherche d'emploi, ce qui représente une forte progression depuis la précédente enquête en 2013. Revers de la médaille de cette montée des préoccupations liées à l'insertion professionnelle : la dimension utilité sociale perd du terrain. "Si être utile à la société est une motivation évoquée par 23 % (et particulièrement les plus âgés), elle est en recul par rapport à 2013 où elle était la 2e raison citée", note l'étude.
5/ Le contenu du service s'améliore, mais la sortie laisse à désirer
En trois ans, l'appréciation que font les anciens volontaires des conditions de leur service s'améliore, même si les marges de progrès restent encore importantes. Ainsi, la note moyenne (sur 10) accordée aux missions proposées est-elle supérieure à 7, tout comme la recherche d'une mission. A noter qu'un tiers des répondants a dû rencontrer certaines difficultés pour trouver une mission correspondant à leurs attentes. La question de la perception du service civique (point faible en 2013) augmente fortement. En revanche, le point sur l'indemnisation (577 euros) n'obtient pas la moyenne. Reste que le plus gros point noir est celui de l'accompagnement pour la sortie du service. "Une majorité des anciens volontaires (56 %) estiment ne pas avoir été accompagnés ou conseillés pendant leur mission pour préparer l'après service civique", note l'étude. Ce sentiment est encore plus fort chez ceux qui se retrouvent au chômage après ce temps au service des autres.
6/ Une meilleure intégration dans la société
Si les effets du service civique sur la mise en activité sont réels mais assez limités (puisque la proportion d'anciens volontaires travaillant passe de 24 % avant le service à 29 % après), ceux relatifs à l'insertion dans la société sont plus évidents. 70 % des jeunes estiment mieux la comprendre. De façon plus concrète, ils se tiennent plus au courant de l'actualité après cette expérience. Le service civique apparaît également comme un puissant antidote contre le désengagement civique : plus de la moitié de ceux qui n'étaient pas inscrits sur les listes électorales veulent le faire ou l'ont déjà fait ; une même proportion indique vouloir quitter les eaux de l'abstention.
7/ La montée en puissance pourrait se poursuivre en 2017
L'objectif de 150 000 jeunes passant par le service civique en 2017 a été fixé par les autorités. Cela suppose d'élargir le nombre de structures accueillant des volontaires car actuellement, elles ne sont pas assez nombreuses. "Nous avons environ 200 000 candidats pour 50 000 missions", a souligné Yannick Blanc, le nouveau président de l'Agence du service civique qui a remplacé
François Chérèque décédé récemment. Cet élargissement de l'offre pourrait être facilité par la loi Egalité et citoyenneté adoptée en décembre dernier qui ouvre la possibilité pour les agences du logement social, les entreprises à capital 100 % public et les pompiers d'accueillir des services civiques. Mais l'engagement dans le service civique dépendra aussi du contexte politique de 2017 : les débats électoraux inciteront-ils les jeunes à s'engager dans la société ou à se replier sur eux-mêmes ?