Soirée work'n roll : "Nous avons besoin d'une entreprise non pas libérée mais délibérée"

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

Découvrir tous les contenus liés

Originale, instructive et festive : la soirée "work'n'roll", sur le travail vu par les chansons, organisée jeudi 9 mai à la Cigale à Paris par les étudiants du Master 2 de psychologie du travail et d'ergonomie de l'université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense (voir notre article) a constitué une vraie réussite pour ces futurs professionnels, dont certains s'orienteront vers l'expertise CHSCT. Elle s'est conclue par une étonnante reprise en choeur de la chanson de Wampas, "Punk ouvrier", les étudiants montant sur scène pour danser sur les paroles : "Je sais, ça ne se fait pas / d'aller faire les 3x8 / quand tous les mômes voudraient / Etre des rockstars tout d'suite / Ouvrier, ouvrier, je suis punk ouvrier / comme avant il y avait des prêtres ouvriers".

L’enquête du CSE en cas de RPS

Je télécharge gratuitement

Auparavant, dans les débats organisés sur les rapports entre travail et chansons, le public a assisté à quelques échanges intéressants à l'heure où les conditions de travail et le dumping social sont au coeur du débat sur le projet de loi Travail. Faut-il alléger les contraintes des entreprises, aller dans le sens de la mode managériale de l'entreprise libérée, a demandé en substance François Desriaux, le rédacteur en chef de Santé & travail, aux intervenants. "Nous n'avons pas besoin d'une entreprise libérée de façon factice, mais d'une entreprise délibérée, où les choses se discutent", a répondu Yves Clot,responsable de la chaire psychologie du travail au CNAM, qui a conduit une expérience originale sur les conditions de travail ches Renault.

Pour ce dernier, "la fin de la dispute professionnelle n'est pas une bonne chose pour la santé au travail" car lorsque le travail prescrit devient indiscutable, "lorsque que le salarié ne peut ni s'organiser lui-même ni parler des problèmes de qualité qu'il rencontre, alors le salarié n'est plus fier de son travail et les problèmes de santé au travail surgissent". Comme pour illustrer ce propos, Olivier Delafosse, le guitariste des Fatals Picards, a témoigné de la perte de sens au travail et de l'impossibilité pour le salarié d'opérer ses propres choix : "Quand la FNAC m'a demandé de vendre systématiquement des extensions de garanties pour des produits qui ne tombent jamais en panne, je leur ai dit : vous les vendrez sans moi". D'autres encore, comme le juriste Cyril Wolmark, professeur de droit à Nanterre, ont estimé irréaliste la philosophie présidant au compte personnel d'activité : "Les gens tiennent à leur emploi et à leur identité professionnelle, cela façonne leur vie. Leur dire qu'ils devront tout le temps se former pour changer tout le temps de métier ou d'entreprise n'a pas de sens". Et ce professeur de droit à Nanterre de citer ces paroles de la chanson Les mains d'or, de Bernard Lavilliers, sur la perte de statut social éprouvée par un sidérurgiste licencié ou mis en préretraite : "J'peux plus exister là, j'peux plus habiter là, j'sers plus à rien moi".

C'est Cyril Cosme, le président du bureau français de l'OIT, l'organisation internationale du travail, qui aura apporté un peu d'optimiste, certes relatif, dans cette soirée en indiquant que si 168 millions d'enfants de 5 à 16 ans travaillaient encore dans le monde, leur nombre était en sensible diminution depuis 2000. Les recettes de la soirée ont d'ailleurs été versées au profit de la lutte contre le travail des enfants dans le monde.