Arrivée à la tête du cabinet d’Elisabeth Borne le 1er juin, Stéphanie Schaer, polytechnicienne et ancienne directrice de cabinet adjointe, a une grande expérience du terrain. Commissaire au redressement productif, directrice régionale adjointe de la Direccte en charge des politiques de l’emploi en Bourgogne, Stéphanie Schaer n’est pas arrivée en terre inconnue au ministère du Travail. Rencontre avec une fine connaisseuse des questions sociales et de l’entreprise.
La porte qui sépare le bureau de la ministre du Travail, Élisabeth Borne, à celui de Stéphanie Schaer, sa directrice de cabinet depuis le 1er juin, est rarement fermée. Le dialogue entre les deux femmes est continu, au-delà des "points" systématiquement faits matin et soir. Il faut dire qu’elles ont un langage commun qui simplifie la compréhension, celui de Polytechnique. "Nous partageons une culture de rigueur scientifique qui permet d’analyser les situations avec précision pour ensuite prendre les bonnes décisions", souligne la directrice de cabinet, de nature discrète et souriante.
L’école Polytechnique n’est pas forcément la voie la plus évidente pour accéder à la haute administration, pourtant c’est le choix fait par Stéphanie Schaer, mue par une envie d’être au service de l’Etat. "Le concours de sortie permet d’accéder aux grands corps de la fonction publique. Il faut avoir la vocation de servir l’Etat ". Et pour elle, "servir l’Etat, ça veut dire être animé par le fait d’être utile à la chose publique".
La connaissance des régions est une autre force qui la relie à sa ministre, qui a été préfète de Poitou-Charentes en 2013. "Au ministère de Écologie, elle souhaitait compléter son équipe par quelqu’un qui avait travaillé dans les territoires". Stéphanie Schaer intègre le ministère en novembre 2019 avant de poursuivre sa mission auprès d'Élisabeth Borne au ministère du Travail en tant que directrice de cabinet adjointe à compter de juillet 2020.
Stéphanie Schaer connait bien le terrain et pour cause, elle a été Commissaire au redressement productif de février 2014 à janvier 2019.

"J’ai aussi passé cinq ans dans les services déconcentrés en Bourgogne en tant que directrice régionale adjointe de la Direccte en charge des politiques de l’emploi, explique la directrice de cabinet originaire du Nord de la France. Je cumulais les deux postes. Avec mon équipe, nous pilotions notamment l’ensemble des politiques de l’emploi et de l'économie, le contrôle de la formation professionnelle, la gestion de crédits du fonds social européen (FSE). C’est pour cela que lorsque la ministre m’a proposé de la suivre, elle l’a fait connaissant aussi ces expériences passées".
C’est aussi cette approche territoriale qui lui fait accorder de l’importance "au dernier kilomètre" dans le déploiement des plans d’action. "Avoir travaillé moi-même au sein des services déconcentrés facilite le travail au ministère et permet d'avoir une bonne compréhension de leur quotidien. Savoir ce qu’on peut leur demander aide à bien travailler ensemble". Il faut dire que cette passionnée des randonnées en montagne maîtrise la persévérance et l’endurance.
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Sa vision économique mêlée à sa connaissance des politiques de l’emploi lui est fort utile en cette période de crise. Elle revendique cette connaissance des rouages des entreprises, surtout des petites qui font vivre le tissu local en région.

"On ne peut pas raisonner sur les politiques de l’emploi indépendamment du fonctionnement de l’économie. Les missions que j’ai eues au commissariat au redressement productif sont des missions qui sont extrêmement proches du quotidien des petites entreprises. D’autant plus en Bourgogne où il y a un grand nombre de petites ou moyennes entreprises qui ont une importance significative pour certains territoires. Dans des territoires un peu plus ruraux comme ça peut être le cas en Bourgogne, une entreprise de 30 personnes fait vivre tout un écosystème autour ; c’est tout un territoire qui est impacté si on ne trouve pas de solutions lorsque l'entreprise est en difficulté".
Une expérience dont elle compte tirer profit pour accompagner la sortie de crise. "Les sujets qu’on a à traiter en sortie de crise, c’est de pouvoir mieux accompagner les mutations, celles dues à la crise mais aussi celles liées aux grandes transitions comme la transition écologique ou numérique. On se représente mieux les choses lorsqu’on a pu en discuter sur le terrain avec les chefs d'entreprises, les salariés et les collectivités impactées".
Et discuter, échanger, arbitrer, c’est le quotidien d’un directeur de cabinet. Avec son directeur de cabinet adjoint, tout juste nommé aussi le 1er juin et ancien conseiller droit du travail au cabinet, Gwénaël Frontin, elle se définit comme "la tour de contrôle de l’organisation du cabinet". "Au niveau de la direction de cabinet, ce qui est important est de s’assurer que cette horlogerie fonctionne bien c’est-à-dire que on ait la réactivité nécessaire pour être à l’heure sur toutes les actions qui doivent être menées au niveau de la ministre : la production réglementaire, les décrets avec application au premier du mois, s’assurer que toute la phase amont avec les arbitrages, l’examen par le Conseil d’Etat et la publication au Journal officiel se passe dans les temps. Il faut aussi être à l’écoute de toutes les situations pour pouvoir y répondre ; ça a été particulièrement vrai pendant cette période de crise qu’on a connue quasiment depuis 18 mois".
Le travail dans un cabinet c’est aussi celui des conseillers, de ce collectif du cabinet "d’autant plus dans un ministère comme celui du travail où finalement tous les sujets sont imbriqués : quand on crée des parcours de retour à l’emploi, bien sûr il y a des questions de politiques de l’emploi mais très vite il y a des aspects qui relèvent de la formation, de l’apprentissage, de la question de la qualité du contrat, du droit du travail. Les sujets sont imbriqués les uns avec les autres".

Un collectif malmené, comme dans toute organisation, par le Covid-19. "On a dû s’adapter comme partout en termes d’organisation du travail et ce, pour un cabinet pour lequel on demande une grande amplitude horaire, une grande réactivité. Comme dans beaucoup d’organisations, avec le télétravail il faut réinventer ce relationnel". D’ailleurs, l’arrivée de nouveaux conseillers l’été dernier n’a pas été simple avec l’organisation due à la crise sanitaire. Pour certains elle ne les a vus qu’avec le masque et à ce titre les visioconférences ont constitué une soupape. "Se voir sans masque lors des visioconférences, c’est plus agréable".
Depuis le 9 juin, les choses évoluent. "On va pouvoir reprendre des réunions physiques en respectant les jauges de nos salles jusqu’à la fin du mois".

La directrice de cabinet n’est pas que le ciment de l’équipe ministérielle mais aussi de toute l’administration centrale. "Je réunis toutes les semaines l’ensemble des directeurs de l’administration centrale pour partager avec eux l'actualité, les priorités, les grandes orientations de la ministre mais aussi celles qui nous sont communiquées par le cabinet du Premier ministre. Cela nous permet de balayer tous ces sujets qui sont transversaux à toutes les directions et de préparer les sujets qui nécessitent des arbitrages en réunions interministérielles qui se tiennent plusieurs fois par semaine".
Et les sujets ne manquent pas en ce moment. Mais période de réserve oblige, liée aux élections régionales et départementales, la directrice de cabinet n’a pas souhaité aborder les dossiers en cours au ministère du Travail.
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