Faire émerger des professionnels de moins de 35 ans (RH, syndicalistes, élus du personnel, intellectuels, avocats, entrepreneurs, etc.), les mettre en relation pour favoriser des nouvelles pratiques préfigurant le social de demain : c'est l'initiative lancée par Denis Maillard, co-fondateur d'un cabinet conseil en relations sociales. Interview.
"J'ai une formation de science politique et de philosophie politique. J'ai travaillé exclusivement dans le domaine social, dans la communication, où j'ai cherché à appliquer les outils et méthodes des sciences humaines, notamment à Médecins du monde, à l'Unedic, où j'ai été directeur de la communication, et au sein de Technologia (cabinet d'expertise), où j'étais dircom et responsable des relations presse.
Cette dernière expérience m'a fait m'intéresser aux transformations du travail et aux enjeux sociaux et de ressources humaines. Cela m'a conduit à créer, avec Philippe Campinchi, Temps commun, un cabinet conseil en relations sociales. Nous aidons les dirigeants, essentiellement les DRH, à faire face aux transformations de société qui ont des impacts dans le travail. Nous avons mis en place des groupes de pairs, c'est-à-dire des personnes qui partagent le même métier et les mêmes préoccupations. Ces groupes constituent un cadre qui permet à ces personnes de se parler et de se questionner librement, cela fonctionne sur la confiance et la confidentialité. L'un des objectifs est d'aider ces RH à retrouver une place stratégique dans les entreprises. A côté de ces activités, j'ai écrit plusieurs livres de réflexion sur l'humanitaire, le fait religieux, les gilets jaunes (lire notre article).
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
Le terme haut potentiel, je vous l'accorde, n'est pas habituel dans le social. Disons qu'il s'agit d'un programme de type "young leaders", pour les jeunes dont on pense qu'ils feront le social demain. Cette idée part du constat que deux tendances sont à l'oeuvre. Tout d'abord, l'explosion des frontières du social, à l'intérieur comme à l'extérieur des entreprises. Je pense au mouvement des gilets jaunes qui a aussi remis en lumière l'importance de la question sociale autour du logement, avec l'impossibilité pour de multiples personnes d'habiter pas trop loin de leur travail, avec tous les problèmes que cela pose. On voit bien que cette question ne peut plus être appréhendée que par le seul outil traditionnel du 1% logement.
Deuxième tendance : les jeunes générations sont davantage interpellées et attirées par la question environnementale et par l'urgence climatique que par la question sociale. Certes, la RSE mêle social et environnemental, mais force est de constater que nous ne sommes plus, comme dans les Trente Glorieuses, dans une phase où le partage de la valeur paraît être une problématique centrale. Au passage, j'observe qu'on aurait pu, en confiant au CSE des prérogatives fortes sur l'environnement, amener peut être davantage de jeunes à s'intéresser à cette instance. Bref, fort de ces deux constats, nous nous sommes interrogés : la question sociale, qui va demain la prendre en charge ? Qui s'en préoccupe chez les moins de 35 ans ? Ne peut-on pas faire émerger une génération qui demain fera le social ? D'où notre programme se proposant d'identifier et de sélectionner, d'ici fin novembre 2019, une cinquantaine de personnes (*). A cette promotion, nous proposons ensuite une formation entre pairs. C'est la rencontre entre ces personnes qui devrait créer quelque chose d'intéressant. Nous leur demanderons d'écrire à la fin un "rapport d'étonnement social" pour raconter comment ils ont vécu tout cela, ce qu'ils ont appris voire ce qu'ils préconisent. Et nous clôturerons l'opération par un un événementiel en mai 2020.
Comprendre que les frontières du social sont en train de changer et qu'une réflexion sur de nouvelles pratiques est indispensable, d'autant qu'entreprises comme organisations syndicales ont du mal à conduire cette réflexion. Une jeune responsable syndicale d'une fédération me disait récemment qu'elle avait pour charge de rénover les pratiques syndicales, mais qu'elle devait le faire dans un univers ancien, figé. C'est une problématique que rencontrent toutes les organisations déjà installées.
Nous proposons une formule originale de formation par les échanges entre pairs, même si ce n'est bien sûr pas de la formation qualifiante. Surtout, nous ne sommes pas dans un modèle de dialogue social institutionnel. Mais nous avons de bonnes relations avec les autres clubs, d'ailleurs la déléguée générale de RDS fait partie de notre jury".
(*) Programme soutenu par la Fondation Jean Jaurès, le groupe Alpha, le groupe Up, le cabinet Brihi-Koskasn etc. Pour en savoir plus, consulter le site www.socialdemain.fr. Pour candidater, adresser un mail avec votre dossier avant le 31 octobre 2019 à contact@socialdemain.fr Les candidats seront choisis par un jury de personnalités comme Pierre Ferracci (président du groupe Alpha), Claire Guichet (ex-président de la FAGE), etc.
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