Une fusion dans l'aide à domicile qui ne fait pas peur

Une fusion dans l'aide à domicile qui ne fait pas peur

06.05.2019

Action sociale

En Saône-et-Loire, l'association d'aide à domicile Domisol est passée sous le contrôle du réseau APA dont le siège est dans le Haut-Rhin. Originalité : cette fusion ne s'est pas faite en niant l'identité de la structure absorbée. L'idée est bien de construire un réseau associatif capable de résister à la crise de l'aide à domicile et aux appétits des opérateurs lucratifs.

Généralement, les fusions-absorptions se produisent quand "l'absorbé" est sur le point de rendre l'âme. La structure "absorbante" reprend ce qu'elle pouvait/voulait et fait disparaître la marque historique. Eh bien, ce scénario ficelé d'avance ne se déroule pas ainsi chaque fois. Exemple en Saône-et-Loire avec l'histoire de Domisol, association d'aide à domicile, qui a rejoint le réseau Apalib, lui même membre de l'Apa.

Sortir du département

Faisons les présentations. Le réseau Apa (Aide aux personnes âgées) a été créé en 1947 dans le Haut-Rhin. Il s'y est développé. "Voici deux ans, explique son directeur général Mathieu Domas, le conseil d'administration a fait le choix de se développer en-dehors du département." Pourquoi cette association qui emploie alors 2 650 salariés veut-elle faire preuve d'expansionnisme ? Le DG évoque plusieurs raisons : "Depuis la loi Borloo sur les services à la personne, le secteur lucratif s'est implanté et nous devons y répondre. De plus, l'entité départementale est moins importante qu'avant." Apa se tourne dès lors vers des associations qui ont besoin d'un appui pour continuer leur activité.

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Mutualiser des moyens

Dans la région Bourgogne, l'association Domisol est beaucoup plus récente (1967) et est à l'initiative des mutuelles. Elle a développé une diversité d'activités : aide à domicile, soins infirmiers, résidence autonomie et portage de repas. Grâce à ses 475 000 heures effectuées auprès de particuliers, Domisol emploie 600 salariés, ce qui représente la plus grande structure associative en Saône-et-Loire. "Depuis plusieurs mois, explique Sylvie Teixeira, directrice de Domisol, le conseil d'administration souhaitait adosser l'association à un acteur de l'économie sociale et solidaire. Il lui semblait important de mutualiser certains moyens pour résister en temps de crise." Pour autant, la structure ne connaissait pas de difficulté particulière. 

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Coup de foudre

La rencontre entre ces deux associations va se faire par l'entremise d'une troisième structure, Assad, basée à Mâcon, qui cherche un repreneur. Apa et Domisol sont sur les rangs, mais c'est la première qui emporte le morceau. Reste que cet épisode permet aux deux associations de faire connaissance et de constater qu'elles ont "la même démarche et la même préoccupation". En assemblée générale extraordinaire, le président de Domisol Jean-Pierre Emorine parle carrément d'un "coup de foudre et d'une opportunité pour tous." L'idée d'une fusion de Domisol et de Apalib (une association membre du réseau Apa) fait son chemin. Domisol pose ses conditions. "Nous avons demandé, relate Sylvie Teixeira, que nos activités soient reprises intégralement, que le personnel soit entièrement conservé et que la marque Domisol soit maintenue." 

Inquiétudes du personnel levées

La perspective d'une fusion interroge fortement le personnel. "Au départ, nous avons eu beaucoup d'inquiétudes, reconnaît Alexandra Falcon, déléguée CGT (le seul syndicat représenté à Domisol). Nous avons eu peur que cela entraîne des disparitions de postes, pas tellement pour le personnel de terrain, mais pour l'administration." La direction propose alors un déplacement à Mulhouse, au siège du réseau Apa. Trois représentants du personnel s'y rendent. Ils reçoivent des réponses satisfaisantes par rapport à leurs inquiétudes et décident ensuite de voter pour la fusion-absorption de leur association. La préoccupation désormais des délégués du personnel est la renégociation des accords d'entreprise dans les quinze mois. Ils souhaitent notamment que la prime accordée au personnel qui réalise un vrai travail d'accompagnement des personnes soit maintenue. Par-delà les différents points techniques, une donnée rassure le personnel. "Nous avons constaté que le réseau Apa partage les valeurs de l'économie sociale", poursuit Alexandra Falcon.

Alternative au modèle du lucratif

Alors justement, que compte faire le réseau Apa de cette croissance ? "Notre ambition, explique Mathieu Domas, est de mettre en place des plate-formes territoriales. En Saône-et-Loire, Domisol et Assad, l'association que nous avons reprise, vont pouvoir travailler ensemble, avoir de vraies complémentarités. Elles pourront avoir une présence sur l'ensemble du territoire et implanter des services qui n'existent pas partout, comme le portage des repas. Dans le département, nous allons également développer une offre de téléassistance." Cette opération bourguignonne ne sera sans doute pas la dernière pour le réseau Apa. "Nous nous positionnons comme une vraie alternative au modèle du lucratif, souligne le DG de Apa (membre de la fédération Una). Dans un réseau comme le nôtre, chaque structure peut garder son ADN".

Noël Bouttier
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