Vidéo / 70 ans d'histoire des comités d'entreprise en images

Représentants du personnel

Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux.  Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.

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A notre époque où chèques-cadeaux et coffrets gourmands semblent régner en maître dans le champ social des comités d'entreprise, l'affiche laisse pantois : Yves Montand, Gérard Philippe, Jean Vilar, Bernard Blier sont annoncés au plais de Chaillot de Paris pour une "grande nuit de loisirs et culture" organisée par le comité d'entreprise de Renault. Cette image, qui nous rappelle un pan d'histoire sociale parfois oubliée, figure dans le livre très documenté et illustré que viennent de publier Patrick Gobert et Jean-Michel Leterrier aux Editions du 1er mai, et qui revient sur 70 ans d'histoire des comités d'entreprise, une institution créée par l'ordonnance de février 1945 et la loi d'avril 1946 (*).

L’enquête du CSE en cas de RPS

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Les deux hommes sont des bons connaisseurs du monde des comités d'entreprise (voir leurs explications dans notre vidéo ainsi que leurs analyses sur les menaces qui pèsent aujourd'hui sur les CE). Le premier dirige le magazine Social CE ainsi que le club d'élus CE franciliens Le Toit Citoyen. Il a aussi contribué au lancement des premiers salons consacrés aux comités d'entreprise. Le second, aujourd'hui retraité, est un ancien ouvrier de la métallurgie investi dans le syndicalisme, à la CGT, dont il fut le responsable de l'action culturelle. Il est devenu historien en soutenant avec succès une thèse de doctorat sur "Les comités d'entreprise et les arts plastiques, de l'aire de la médiation à l'ère du métissage".

Quand on lui demande d'où vient l'idée de sortir aujourd'hui un livre d'histoire sur les CE, Patrick Gobert répond naturellement par une anecdote : "Aux Editions du 1er mai, nous avions déjà sorti un livre en 2012 sur les 30 ans des lois Auroux. En voyant arriver 2015 et donc les 70 ans de la création du comité d'entreprise, je me demandais comment célébrer cet anniversaire. J'ai d'abord imaginé un livre composé de 70 portraits de personnalités ayant marqué le monde des comités d'entreprises : des élus, des syndicalistes, des anciens ministres du Travail, etc. C'est à ce moment-là que mon ami Jean-Michel Leterrier, avec qui j'ai animé de nombreux débats culturels autour des CE, m'a appelé : "Déjeunons ensemble, m'a-t-il dit, j'ai des choses à te montrer". Et en effet, il est arrivé avec un fonds iconographique extraordinaire, des origines du CE à nos jours. Trois jours plus tard, nous avions mis au point le plan du livre et nous avons commencé à travailler".

C'est effectivement l'un des atouts du livre, nourri des affiches des batailles syndicales et conflits sociaux (1er mai 1890, journée de 8 heures, premiers congés payés en 1936, mai 1968, etc.) et de nombreuses photos (les "comités patates" dans une France d'après-guerre qui a faim, la foule des ouvriers de Billancourt, Lip, etc.).

L'ouvrage a aussi le mérite de montrer l'origine de la singularité, en Europe, du modèle de CE à la française, qui est tout à la fois chargé de suivre la marche de l'entreprise, et donc donner le point de vue du personnel sur l'organisation du travail, et de gérer des oeuvres sociales et culturelles. "Cette particularité française s'explique par notre histoire. Dans notre pays, le syndicalisme s'est construit contre le patronat. Un patronat très paternaliste et qui a créé tout un réseau d'oeuvres sociales autour des grandes entreprises comme Michelin, Peugeot, etc.", nous explique Jean-Michel Leterrier. "Nous avions donc des situations où le patron de l'usine était aussi le maire; c'était donc lui qui régissait l'ensemble de la vie sociale d'un territoire, poursuit l'historien. Le syndicalisme français s'est donc battu en réaction à ces situations afin de revendiquer la gestion par les représentants du personnel pour celui-ci des questions de mutualité, de santé, d'éducation -nous disons aujourd'hui les oeuvres sociales et culturelles". 

Pour terminer, c'est peut-être la préface de Jean Auroux qu'il faut citer. L'ancien ministre du Travail souligne un certain paradoxe : alors que la France compte 35 000 CE "qui vivent grâce à l'engagement de 200 000 élus" et que cette institution représentative fait vivre l'un des objectifs des lois de 1946 et 1982, à savoir "introduire une part de démocratie dans la vie économique", le CE et le travail de ses élus demeurent mal connus et mal valorisés "par la grande opinion publique formatée par les médias". Même si l'on peut ne pas être totalement d'accord sur ce dernier point, force est en effet de constater que l'idée dominante, à l'oeuvre dernièrement dans la loi Rebsamen, consiste à vouloir simplifier et regrouper les instances représentatives, et non à renforcer les prérogatives des élus...

(*) Voyage au pays des CE, 1945-2015, 70 ans d'histoire des comités d'entreprise, par Patrick Gobert et Jean-Michel Leterrier, préface de Jean Auroux; Editions du 1er mai; 135 pages. Prix : 29€ (39€ avec les frais de port). Cet ouvrage est vendu en ce moment dans les salonsCE. Il peut être aussi commandé en librairie ou bien directement aux Editions du 1er mai, 31 rue des Bochoux, 92150 Suresnes. Le site internet est www.editionsdu1ermai.fr