Parmi les milliers de manifestants qui ont défilé hier à Paris entre Bastille et Denfert-Rochereau contre le projet de loi El Khomri, plusieurs centaines de jeunes. Nous avons demandé à ces lycéens et étudiants ce qu'ils attendent du travail et de l'entreprise. Dans leurs réponses, les valeurs éthiques et démocratiques sont en bonne place.
Après avoir largement donné la parole aux responsables syndicaux et aux élus du personnel opposés au projet de loi Travail (voir notre dernière vidéo) et à ceux qui y sont favorables, nous avons profité de la manifestation organisée hier à Paris pour aller à la rencontre des lycéens et étudiants présents dans le cortège qui a défilé de la Bastille à Denfert-Rochereau, avec ces questions simples : comment voient-ils leur avenir au travail ? Qu'attendent-ils de l'entreprise ?
Leurs réponses, à écouter dans notre vidéo ci-dessus, sont bien sûr à re-situer dans leur contexte : il s'agit de jeunes manifestant dans la rue, et elles ne reflètent donc pas ce qu'on pourrait appeler une opinion publique des jeunes sur le sujet. Il n'empêche : ces réactions spontanées montrent tout à la fois le peu de crédit que ces jeunes accordrnt aux politiques et au gouvernement, et une anxiété quant à leur avenir, non seulement pour trouver un travail, mais aussi pour l'exercer dans des conditions qu'ils jugeraient correctes. C'est un signe : pas un de ces jeunes interrogés, y compris ceux qui étudient les arts plastiques, n'a répondu "épanouissement" quand nous les avons interrogés sur ce qu'ils attendaient du travail.

Par manque de connaissance du monde professionnel, répondront certains. Peut-être, sauf que certains de ces étudiants ont déjà un pied en entreprise. En licence d'histoire à Panthéon-Sorbonne, Mélanie, 20 ans, travaille pour financer ses études. "Je fais des contrats d'une journée dans les supermarchés pour des animations", explique cette jeune fille qui tient à bout de bras une pancarte accusant le gouvernement "de prendre les salariés en otage". Son avenir professionnel ? "Je ne vois pas trop quel travail j'aimerais avoir. Mais je sais que je préférerais travailler pour une entreprise qui a des règles éthiques et qui respecte les salariés et l'environnement", répond l'étudiante. Elle n'est pas allée à la Nuit Debout, cette manifestation qui voit des personnes se rassembler place de la République à Paris le soir et la nuit et improviser une sorte de forum démocratique et utopique, "car j'habite aux Ulis, à 1h30 de Paris". Mais la jeune fille, qui juge les syndicats étudiants "trop politisés au point d'oublier qu'ils doivent d'abord défendre les étudiants", trouve l'initiative intéressante et originale.

Comme Pimprenelle, qui trouve que cette idée de rassemblement sur une place publique "change un peu des manifs classiques". En première scientifique, cette lycéenne de 16 ans est pourtant assez éloignée du monde professionnel. "L'avenir, c'est un peu flou pour moi, concède-t-elle. Mais je suis là par solidarité avec les salariés : si cette réforme passe, leurs conditions de travail vont se dégrader". Également sur la place de la Bastille, Yvon, en terminale littéraire, a lui une idée précise de son avenir professionnel. Il veut devenir journaliste, "pour ne pas rester tout le temps dans un bureau et discuter avec toutes sortes de personnes". Il n'a pas de grosses ambitions salariales, mais il souhaite que son travail lui laisse du temps "pour des activités sociales, pour aller au concert, draguer, et un jour fonder une famille". En attendant de promener son calepin, son micro ou sa caméra dans les manifs, le jeune homme a une faconde d'éditorialiste de l'Huma à propos du projet de loi El Khomri : "Travailler 60 heures par semaine, faciliter les licenciements des salariés inaptes, c'est une loi patronale qui va précariser le monde du travail".
Projet de loi Travail : le calendrier parlementaire |
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La commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale examine jusqu'à jeudi ou vendredi le projet de loi Travail, déjà amendé par la commission des affaires sociales sur le licenciement économique. Le texte modifié par la commission des affaires sociales viendra ensuite dans l'hémicycle à partir du 3 mai à l'Assemblée nationale. Les syndicats opposés au texte organisent une nouvelle journée de manifestation ce samedi 9 avril tandis que d'autres confédérations misent plutôt sur le débat parlementaire pour faire évoluer le texte. ►Pour en savoir plus, vous pouvez consulter :
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Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
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