L'Assemblée nationale vient d'adopter une proposition de loi qui revient à supprimer le seuil de 25 000 euros (pour l'année civile précédente) qui devait s'appliquer à compter du 1er mars 2025. C'est désormais au Sénat de se pencher sur le sujet.
02.10.2018
Gestion fiscale
Par Editions Législatives
La gestion fiscale en tant que branche essentielle de la gestion d’entreprise consiste à optimiser fiscalement les flux financiers de l’entreprise en optant, toutes choses égales par ailleurs, pour la solution la plus avantageuse. En outre, la gestion fiscale implique de répondre aux différentes obligations fiscales propres à l’entreprise (déclarations, liquidations, relations avec le SIE…).
Les entreprises sont soumises à de nombreux impôts :
Une bonne gestion fiscale impose de faire entrer dans les décisions stratégiques la fiscalité des opérations envisagées et trouver l’option la plus favorable. L’analyse s’avère encore plus complexe quand il s’agit d’envisager les conséquences patrimoniales pour les actionnaires et les dirigeants sociaux de l’entreprise.
La gestion fiscale nécessite donc une excellente connaissance du droit en général afin de rattacher les opérations aux bons concepts juridiques et à la fiscalité applicable. Ainsi, certains revenus de placements financiers peuvent déroger aux règles fiscales de droit commun.
Néanmoins, l’optimisation fiscale a ses limites. Là où choisir le régime le plus avantageux peut s’avérer légitime, la réalisation d’une opération dans le seul et unique but de réduire le montant des impôts à payer peut être constitutif d’un abus de droit, source notable des contentieux fiscaux. .
La gestion fiscale est indispensable pour assurer le bon fonctionnement d’une entreprise. En effet, l’entreprise est soumise à de nombreux impôts (IS, IR, CET, TVA ou taxe sur les salaires, cotisation foncière des entreprises...) et à de multiples obligations déclaratives, différentes selon son régime fiscal et social. En cas de contrôle fiscal, il convient d’éviter tout contentieux et/ou sanctions fiscales.
La gestion fiscale pour optimiser l’impôt sur les bénéfices générés par la société implique plusieurs approches :
Lors de la création d’une société commerciale, le plus souvent, l’administration fiscale propose un choix important aux fondateurs :
Remarque : l’option IR n’est possible que dans certaines sociétés commerciales (SAS, SARL, EURL, SASU…) et n’est valable que pour une durée de 5 ans sauf exceptions (cas des SARL familiales). Les bénéfices imposables des sociétés civiles sont par défaut soumis à l’IR mais, sur option, soumis à l’IS.
A priori ces deux régimes présentent, en matière de gestion fiscale, des avantages et inconvénients dépendant essentiellement de la situation des associés et des perspectives financières de la société. La gestion fiscale va consister à mettre en balance avec une approche prospective les coûts fiscaux estimés.
En effet, l’option IR (impôt sur le revenu) peut s’avérer intéressante si les associés de la société ont un revenu fiscal de référence relativement faible. A contrario, si les associés sont dans une situation où leur tranche marginale d’imposition implique un taux d’imposition supérieur à celui de l’IS, le choix de l’impôt des sociétés pourra être privilégié. Il faudra néanmoins prendre en compte que la distribution de dividendes implique un double niveau d’imposition :
Mais, cette analyse de gestion fiscale est incomplète puisqu’elle part du postulat que la société va réaliser des bénéfices dès son démarrage (ce qui rarement le cas dans la pratique). Or, les déficits dans une situation de transparence fiscale ne sont imputables que dans la catégorie d’imposition concernée :
Ainsi, si une société commerciale ayant opté pour la transparence fiscale (option IR) réalise un déficit de 1000 euros et que les associés n’ont pas d’autres sources de bénéfices industriels et commerciaux (BIC) alors, ces derniers ne pourront pas déduire le déficit de leur revenu imposable.
Or, pour les sociétés soumises à l’IS, l’administration fiscale autorise sous conditions, le report en avant ou en arrière (carry back) des déficits. A noter que l’imposition à l’IS permet de bénéficier des mécanismes d’intégration fiscale et du régime mère/fille et d’intégration fiscale.
Ainsi, l’IS peut être un excellent choix pour les sociétés qui s’orientent au démarrage sur des stratégies d’investissement conséquent et/ou dans des logiques de prise de participation.
Selon le chiffre d’affaires généré par une entreprise (société ou entreprise individuelle), cette dernière peut opter pour différents régimes :
Le choix du régime a une importance tant pour la gestion d’entreprise que pour la gestion fiscale notamment en matière de liquidation de TVA, de l’impôt sur les bénéfices et du bénéfice de certains allégements fiscaux.
Le régime de la micro-entreprise est un régime à part réservé aux entreprises individuelles (non dotées de la personnalité morale) dès lors qu’elles ne dépassent pas les seuils de chiffre d’affaires propres à chaque type d’activité (ex : 70 000 euros pour les activités de prestations de service). Contrairement au régime réel normal et réel simplifié, la base d’imposition des revenus générés en micro-entreprise est le chiffre d’affaires après application d’un abattement dont le pourcentage varie selon le type d’activité.
Ce mode d’imposition dispense l’entrepreneur d’établir une comptabilité d’engagement. Il est seulement tenu d’établir une comptabilité de caisse (entrées/sorties à l’instar d’un compte en banque) rendant la gestion de l’entreprise relativement simple.
Ainsi, si l’entreprise génère peu de charges et qu’elle remplit les conditions d’éligibilité au régime micro, une bonne gestion fiscale consisterait à privilégier ce choix.
Autre obligation qui peut être lourde le paiement de la tva. C’est pourquoi le régime de franchise de base en tva dispense l’entrepreneur des formalités de collecte et de paiement de la tva, sous conditions de respect d’un chiffre d’affaire inferieur à certains montants différents de ceux de micro entreprise.
Contrairement au régime de la micro-entreprise, le régime du bénéfice réel permet de déduire les charges et amortissements du chiffre d’affaires de l’entreprise. Ainsi, l’imposition porte sur le bénéfice comptable avec, en fonction des dérogations fiscales, quelques retraitements afin d’obtenir le bénéfice imposable (ex : limite d’amortissement pour les véhicules de tourisme). Dans une optique de gestion fiscale avertie, le choix du régime réel (normal ou simplifié) peut s’avérer intéressant lorsque l’entreprise génère beaucoup de charges (emploie du personnel, réalise des investissements onéreux…).
Le régime du bénéfice réel se distingue en deux sous catégories :
Le régime réel simplifié s’applique automatiquement aux entreprises dont le chiffre d’affaire ne dépassent pas certains seuils. 769 000 EUROS ht Pour la vente de marchandises et 238000 euros HT pour les prestations de services. Il peut être une option interessante pour les entreprises qui sont au regime micro et qui anticipe leur croissance. peut être une option fiscale intéressante pour les entreprises dont le chiffre d’affaires est :
Le régime réel simplifié réduit la lourdeur administrative des déclarations fiscales en dispensant l’entreprise du paiement d’acomptes de l’impôt sur les bénéfices et en allégeant les obligations comptables (compte de résultat, bilan et annexes) et déclaratives. A défaut, l’entreprise est au régime réel normal. La gestion fiscale est alors plus chronophage : des acomptes de l’impôt sur les sociétés doivent être payés trimestriellement, les obligations comptables sont renforcées...
Outre l’imposition sur le résultat fiscal de l’entreprise, le régime réel (simplifié et normal) lui permet de bénéficier :
La gestion fiscale et le régime mère-fille entre dans une approche adaptative où l’entreprise de par sa situation économique peut être amenée à faire des choix stratégiques en matière d’optimisation fiscale.
Le régime mère-fille est indispensable pour optimiser les flux capitalistes entre différentes sociétés. En effet, lorsqu’une société réalise des bénéfices, ils sont soumis à l’impôt puis, après approbation des actionnaires, peuvent être distribués sous la forme de dividendes (plus généralement, des produits de participation). Or, les produits de participation sont en principe, en tant que produit, intégré dans le bénéfice imposable de la société mère. Il y a donc un double niveau d’imposition.
Le régime mère fille consiste limiter les impacts fiscaux de sorte que les produits de participation sont exonérés d’impôt sur les sociétés au niveau de la mère. Autrement dit, ils n’entrent pas dans le bénéfice imposable de la société mère.
Néanmoins, la société mère doit s'acquitter d’une quote part pour frais et charges sur produits de participation de 5%.
Pour bénéficier du régime mère fille, la société mère doit répondre à plusieurs conditions cumulatives :
L’intégration fiscale consiste à centraliser l’ensemble des résultats fiscaux de plusieurs sociétés au sein d’une holding. Ainsi, cette dernière liquide l’impôt pour l’ensemble des sociétés la composant.
L’intégration fiscale peut présenter plusieurs avantages :
Néanmoins, l’option pour l’intégration fiscale n’est possible que sous certaines conditions. Les sociétés du groupe doivent :
Enfin, la société mère ne doit pas être détenue à plus de 95% par une autre société basée en France et soumise à l’IS.
Le fait d’avoir un droit n’autorise pas pour autant le bénéficiaire d’en faire un usage abusif.
De même, la gestion fiscale, en ce qu’elle concerne l’optimisation fiscale, ne doit pas confiner à l’abus. Source de nombreux contentieux fiscaux, l’abus droit a donné une jurisprudence fiscale foisonnante sur le sujet.
En matière fiscale, il existe deux types d’abus de droit :
Ce deuxième type consiste à n’avoir d’autres buts que d’éluder ou diminuer l’impôt grâce à une interprétation littérale des textes, non prévues par leur auteur et contraire à l’esprit recherché.
Ainsi, en cas de contrôle fiscal, l’administration fiscale peut intenter une procédure d’abus de droit visant à sanctionner ces pratiques. Une bonne gestion fiscale consiste donc à opter intelligemment sans pour autant produire artificiellement des faits ou des actes ayant pour but exclusif de se soustraire à la charge fiscale.
L'Assemblée nationale vient d'adopter une proposition de loi qui revient à supprimer le seuil de 25 000 euros (pour l'année civile précédente) qui devait s'appliquer à compter du 1er mars 2025. C'est désormais au Sénat de se pencher sur le sujet.